dimanche 9 avril 2023

08 avril 2023 - PESMES - Dimanche de Pâques - Vigile pascale - Année A

Gn 1,1-2,2 ; Ex 14,15-15,1a ; Is 55,1-11 ; Rm 6,3b-11 ; Mt 28,1-10
 
Chers frères et sœurs,
 
Pourquoi écoutons-nous de longues lectures dans le noir et puis allumons-nous les lumières au moment du Gloire à Dieu ? Pourquoi lisons-nous le Livre de la Genèse dans la nuit de la résurrection de Jésus ? Tout cela est remplis de significations. Je vais essayer de vous en donner quelques-unes.
 
Lorsque nous célébrons la nuit de Pâques, nous revivons l’histoire de toute l’humanité depuis le commencement du monde. C’est pourquoi nous commençons par le livre de la Genèse. Ensuite, nous découvrons, avec le peuple Hébreu, que Dieu intervient dans notre histoire : c’est la libération d’Égypte, la Pâque. Puis nous apprenons que Dieu ne cesse jamais, par ses prophètes, de nous parler, de nous annoncer la venue de Jésus. Ainsi nous avons entendu une parole dite par le prophète Isaïe : Jésus est la parole qui sort de la bouche de Dieu, et qui ne lui revient pas sans résultat – c’est-à-dire sans nous avoir sauvé par sa croix.
Mais jusque-là, nous sommes restés dans le noir, parce que Jésus n’est pas encore venu sur la terre. Il était déjà là, au commencement du monde – petite lumière allumée au cierge pascal – mais dès qu’il se fait homme, tout à coup, le monde en est illuminé. C’est pourquoi, au moment du chant du Gloire à Dieu, chant que chantent les anges à Noël, toutes les lumières sont allumées. Alors là seulement, nous lisons l’Évangile et le témoignage des apôtres, qui ont vu et entendu Jésus quand il était sur la terre. Et bien sûr, l’Évangile est proclamé solennellement, avec des bougies et de l’encens, car aujourd’hui Jésus est ressuscité d’entre les morts : il est Dieu vivant éternellement. Et c’est là, avec lui, dans sa communion, qu’il nous attend. Nous sommes appelés des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tristesse à la joie, de l’humanité à la divinité.
Si on réfléchit un peu, on s’aperçoit que ce cycle des lectures, de l’Ancien Testament, puis du Nouveau Testament, se fait à chaque messe. Chaque messe est comme un écho de la nuit de Pâques, tout au long de l’année. Car la Nuit de Pâque est la fête des fêtes, la plus grande fête des chrétiens.
 
Certains sont étonnés d’entendre ce soir le Livre de la Genèse, qui nous décrit l’origine et le commencement de l’univers, et l’apparition de l’homme et de la femme. Comme si nous ne savions pas, depuis Darwin, que l’homme descend du singe, et que le singe descend de l’arbre ?
Plus sérieusement, nous devrions être très prudent avec la compréhension scientifique que nous avons de l’origine de l’univers. Bien sûr, quand les scribes et les prêtres d’Israël ont écrit le Livre de la Genèse, quelque part entre le 8ème siècle et le 2ème siècle avant Jésus, ils ne disposaient pas des moyens scientifiques qui sont les nôtres aujourd’hui. Leur description est celle qui était la plus sérieuse à leur époque.
Aujourd’hui, les astrophysiciens ont d’autres hypothèses. Mais tous buttent sur un point zéro de l’univers – que certains ont appelé le « Big Bang » - et aucun ne sait ce qu’il y avait avant : est-ce qu’il y avait quelque chose ? Est-ce qu’il n’y avait rien ? Est-ce que l’univers provient d’une transformation, ou bien d’une création ex-nihilo ? En fait, quand on regarde de près, on s’aperçoit que les hypothèses des scientifiques actuels sont le miroir de leurs croyances religieuses. Un juif ou un catholique vont être portés à penser qu’il y a eu création, avec une loi dans l’univers ; certains athées au contraire vont penser qu’il y a eu transformation d’une matière préexistante (on ne sait pas d'ailleurs d’où elle vient…), et que le monde, y compris l’homme, n’est que le résultat du hasard.
Évidemment, selon qu’on voit le commencement d’une certaine façon, on voit aussi la fin du monde de manière semblable : le juif et le catholique vont penser qu’il y aura une fin du monde et une justice, avant d’entrer dans la vie de Dieu, tandis que certains athées pensent que le monde n’a aucun sens et que la vie - humaine ou pas - est vouée à d’éternelles transformations. On peut donc jouer avec, sans foi ni loi.
Ceci pour dire que, finalement, même le plus grand des scientifique aujourd’hui ne sait pas, de manière certaine, quelle est l’origine de l’univers. Il n’est pas plus avancé que les scribes et les prêtres d’Israël. Et ceux-ci le savaient très bien, puisque dans le livre de la Genèse, il n’y a pas un seul récit de création du monde, mais il y en a deux.

En réalité, ce qu’ont vraiment voulu nous dire les Anciens, c’est que le monde a été créé à partir de la Parole de Dieu, et que la Parole de Dieu agit avec ordre, selon une loi qui lui est propre. Cette Parole, nous pouvons donc l’écouter, la comprendre, et donc découvrir par notre intelligence qui est Dieu, son amour pour nous, le sens de l’univers, et plus encore : parce que nous avons été créés à son image et à sa ressemblance, nous lui sommes semblables, et nous sommes appelés à vivre en communion avec lui.
Malheureusement, à chaque fois qu’un homme tourne le dos à Dieu pour lui préférer des idoles, à chaque fois qu’il fait un péché contre Dieu ou contre son prochain, il perd sa ressemblance avec Dieu : il est défiguré. C’est comme une carrosserie : quand elle prend un coup, elle est déformée. Elle reste toujours une carrosserie, comme l’homme reste toujours à l’image de Dieu – même s’il déteste le péché, Dieu aime toujours le pécheur – simplement, vous comprenez bien : la voiture n’est pas belle. Il faut donc redresser la carrosserie. Or seule la presse qui l’a formée au commencement, peut la redresser à l’identique : il faut que la Parole par laquelle Dieu a créé l’homme, soit prononcée de nouveau. Et cette Parole c’est Jésus. Il se fait homme, et par sa mort et sa résurrection, redresse l’homme pécheur et lui rend la ressemblance qu’il avait dès l’origine avec Dieu.
Et plus encore, comme Dieu crée par sa Parole au commencement, il crée de nouveau par Jésus, à sa résurrection : l’homme était limité par la mort ? Dieu ouvre à l’homme l’éternité. L’homme avait un corps charnel, voué à la corruption ? Dieu le transforme en un corps spirituel, lumineux, capable de communion. L’homme était pécheur et malheureux ? Dieu l’ouvre à la sainteté bienheureuse.
 
Voilà pourquoi nous lisons la Genèse en cette nuit : parce que Dieu a tout créé à l’origine, il a toujours la puissance de créer du nouveau maintenant – on appelle cela des miracles – et il a toujours la puissance de transfigurer l’univers et de nous recréer plus que tout neuf demain. Et la preuve ? (Soyons scientifiques deux secondes…) C’est que Jésus est ressuscité… !

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