mardi 11 avril 2023

09 avril 2023 - VALAY - Dimanche de Pâques - Messe du Jour - Année A

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; 1Co 5,6b-8 ; Jn 20,1-9
 
Chers frères et sœurs,
 
La foi chrétienne est fondée sur la résurrection de Jésus. Si Jésus n’est pas ressuscité d’entre les morts, si Jésus n’est pas vivant aujourd’hui, alors notre foi est vaine, notre espérance est vaine, et notre propre résurrection très probablement illusoire. 
Pour quelqu’un comme saint Jean, qui a connu Jésus et est même témoin de sa résurrection, il est donc extrêmement important de nous en donner des preuves, et d’essayer au maximum de nous la faire comprendre. C’est pourquoi son Évangile se veut le plus fidèle possible à la réalité de la situation et des faits. Il nous donne ainsi une multitude de détails. Et il essaye de nous faire comprendre, par des références explicites aux livres de l’Ancien Testament, comment s’est manifestée cette résurrection et ce qu’elle signifie.
 
Parmi les détails réalistes, on peut en relever quelques-uns. Je vous en donne trois.

Le premier est que, d’après saint Jean, c’est une femme, Marie-Madeleine, qui vient annoncer à Pierre et au disciple bien-aimé de Jésus que celui-ci a disparu de son tombeau. C’est très embêtant, car dans la culture juive de l’époque le témoignage d’une femme n’a aucune valeur juridique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Pierre et le disciple se précipitent au tombeau : il faut deux témoins masculins pour établir un témoignage véridique. Mais saint Jean n’a pas voulu nous cacher la réalité : c’est bien une femme qui la première a trouvé le tombeau vide, même si cela heurte la culture de l’époque.
Le second détail est que le disciple – arrivé plus vite que Pierre parce qu’il est manifestement plus jeune – n’entre pourtant pas le premier dans le tombeau. Il n’y entrera que lorsque Pierre aura constaté l’absence du corps de Jésus. Pourquoi ? Parce que ce disciple est un prêtre de Jérusalem, ou au moins un lévite : selon la Loi de Moïse, il n’a pas le droit d’approcher un mort. Or nous savons que ce disciple était un proche du Grand prêtre, puisque c’est lui qui fera entrer Pierre dans sa maison, lors de l’arrestation de Jésus. Si ce disciple, qui est prêtre, entre dans le tombeau, c’est que vraiment Jésus n’y est plus et qu’il n’y a pas de trace de mort.
Enfin, troisième détail, saint Jean insiste beaucoup sur les linges qui sont « posés à plat ». Il le répète deux fois. Manifestement, ce qui intrigue Pierre et le disciple, c’est que ces linges ne sont pas en vrac, ni pliés correctement : ils sont « posés à plat ». Il faut comprendre qu’ils sont retombés à plat, comme si le corps de Jésus s’était dégonflé, évanouit. Pierre et le disciple constatent donc cette disposition du linge très étonnante : le corps de Jésus n’a pas été enlevé par quelqu’un – il ne s’est pas non plus levé lui-même – il s’est simplement évanouit. Et cela les trouble beaucoup, évidemment.
 
Alors saint Jean essaye de nous faire comprendre ce qu’il s’est passé, en référence aux Écritures, c’est-à-dire aux livre de l’Ancien testament.

Première allusion : il dit que Marie-Madeleine se rend au tombeau « le premier jour de la semaine ». En fait, en Araméen, cette phrase se dit « le jour un de la semaine », c’est-à-dire « le premier jour de la création », où Dieu sépara la lumière et les ténèbres. C’est la raison pour laquelle, Jean insiste sur le fait que Marie-Madeleine vient « de grand matin » alors que « c’était encore les ténèbres ». Le message est très clair : la résurrection de Jésus est un nouvel acte créateur de Dieu : nous sommes au premier jour de la nouvelle création, celle de la vie nouvelle des ressuscités.
Seconde allusion, saint Jean utilise beaucoup le verbe « s’aperçoit ». Marie-Madeleine « s’aperçoit » que la pierre a été enlevée du tombeau ; le disciple, puis Pierre juste après lui, « s’aperçoivent » que les linges sont posés à plat. En araméen, on dira plutôt qu’ils « observent » la pierre enlevée, ou les linges posés à plat. Or ce verbe est utilisé dans le Cantique des Cantiques pour exprimer le regard amoureux du bien-aimé et de la bien-aimée. C’est-à-dire que le regard de Marie-Madeleine, celui de Pierre et du disciple, n'est pas un simple regard comme ça en passant : c’est un regard contemplatif, car ce qui est à voir est très beau, très impressionnant, fascinant.
Et justement, pour terminer, Jean fait mention du « suaire » qui avait entouré la tête de Jésus. Or en araméen une fois encore, ce mot, traduit en français par « suaire », est le même qui désigne le voile qui couvrait le visage de Moïse devenu rayonnant après qu’il ait vu Dieu face à face. Comme si ce « suaire » conservait la trace du visage rayonnant de Jésus ressuscité. Et on comprend alors ce qui était fascinant et pourquoi ils étaient là à le contempler.
C’est pourquoi – dit saint Jean : « il vit et il crut. » Parce que ce qui était à voir n’était pas du vide, c’était ces linges « posés à plat » et ce « suaire » marqués par la résurrection de Jésus.
 
Maintenant chers frères et sœurs, chacun de nous est libre de croire (ou pas) le témoignage de saint Jean. Une chose est sûre : il a manifestement tout fait pour nous transmettre de la manière la plus claire possible que Jésus est vraiment ressuscité. Et c’est le fondement de notre foi.

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