Sg
18,6-9 ; Ps 32 ; He 11,1-2.8-19 ; Lc 12,32-48
Chers
frères et sœurs,
Les
lectures de ce dimanche sont riches d’enseignements, mais nous pouvons en
souligner quelques-uns en particulier.
Le
premier est cette différence entre la terre et le ciel, entre le monde dans
lequel nous vivons et nous mourrons, et la gloire de Dieu, qui est la communion
des saints, la communion d’amour éternelle. Du coup, il y a deux genres
d’hommes qui vivent dans le monde : ceux qui ont la foi et les autres.
Ceux
qui ont la foi savent que la vie véritable se trouve dans la gloire de Dieu.
Ils considèrent donc leur vie terrestre comme une vie passagère, durant
laquelle ils sont appelés à faire du bien. Car, lorsqu’ils font du bien sur la
terre, ils se font un trésor dans la gloire de Dieu.
Ceux
qui ont la foi savent aussi que l’héritage que Dieu leur a promis se trouve
dans la gloire et non pas sur la terre, et ils sont dans l’attente de ce don de
Dieu. Ainsi Abraham, qui vivait sous la tente, attendait la Jérusalem céleste,
la ville de Dieu, pour y habiter. Et Sara, qui n’avait pas d’enfants, attendait le don de
Dieu : une infinie descendance, dont nous faisons partie nous aussi, par
adoption.
Attendre
Jérusalem, attendre le don de Dieu, quand on est sur la terre, et qu’il nous
semble que rien n’arrive – et parfois au contraire que tout s’effondre – c’est
un véritable combat spirituel. Avoir la foi, c’est se battre avec les
tentations du découragement et de la peur.
C’est
la raison pour laquelle Jésus avertit ses disciples : « restez en
tenue de service, et gardez vos lampes allumées », c’est-à-dire mettez
en pratique l’amour de Dieu et l’amour du prochain ; et gardez-vous de
reporter avec violence sur votre prochain votre amertume d’avoir perdu la foi.
Comprenez bien : quand on vit de l’amour de Dieu, on est plus disposé à
exercer avec bonté l’amour du prochain, et on se fait un trésor au ciel. Mais
au contraire, si on est en conflit avec Dieu, alors le premier qui prend les
coups, c’est le prochain, et généralement c’est celui qui est le plus proche.
Et ça, ce n’est pas bon…
Maintenant
que nous avons compris que notre vie terrestre est un temps de veille et de
combat entre la foi et le découragement – la peur de croire pour rien ;
alors nous comprenons aussi, avec la première lecture, que ce combat n’est pas
contre des idées ou des sentiments, mais il est aussi et surtout contre des
adversaires réels : les puissances des ténèbres qui conduisent non pas à
la mort physique, mais à la mort spirituelle, au vide, au néant.
Or
c’est justement dans la nuit de ce combat que Dieu passe et donne le salut aux
justes, c’est-à-dire à ceux qui ont gardé la foi, et qu’il détruit les
adversaires : les puissances des ténèbres. C’est la Pâque.
Justement,
c’est dans cette nuit d’épreuve que les justes, en signe et en mémoire
perpétuelle de l’action de Dieu qui les libère, offrent le sacrifice de l’agneau :
le repas de Pâques.
Les
Hébreux l’ont fait de manière prophétique : ils ont célébré la Pâque pour
quitter l’Égypte pays de l’esclavage pour retrouver la liberté en Terre
promise, mais nous – grâce à Jésus – nous célébrons la Pâque pour quitter ce
monde – pays de l’épreuve spirituelle et de la mort – pour retrouver la vraie
liberté et la vie éternelle dans la gloire de Dieu.
C’est
la raison pour laquelle nous célébrons la messe, car il n’y a qu’en elle, dans
ce sacrifice d’action de grâce, où nous offrons l’Agneau de Dieu qui nous fait
participer à la Pâque de Jésus, que nous pouvons être vainqueurs des puissances
du mal qui nous attirent vers la mort spirituelle. C’est ce que disaient les
chrétiens persécutés à ceux qui voulaient leur interdire de célébrer la
messe : « Sans l’eucharistie, nous ne pouvons pas vivre ! »
Et
c’est aussi la raison pour laquelle nous sommes baptisés : le baptême
inscrit dans tout notre être la Pâque de Jésus. Être baptisé, c’est déjà être passé
dans la gloire de Dieu : un pied encore sur la terre et un pied déjà au
ciel. Pour tenir bon et pouvoir un jour ramener les deux pieds au ciel, pour
garder la foi et entrer complètement dans la gloire de Dieu, nous avons besoin ici-bas
de célébrer la Pâque de Jésus. Et c’est ce que nous allons faire.