vendredi 19 août 2022

15 août 2022 - CHARCENNE - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année C

 Ap 11,19a ; 12,1-6a.10ab ; Ps 44 ; 1Co 15,20-27a ; Lc 1,39-56
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous aimons cette rencontre entre sainte Elisabeth et sa cousine, la Bienheureuse Vierge Marie. Par-delà l’émotion légitime qui les prend toutes les deux au moment de se retrouver – elles qui sont enceintes de manière extraordinaire – par-delà cette émotion, il y a surtout le fait qu’elles savent toutes les deux au plus profond d’elles-mêmes, que Marie porte Jésus, le Sauveur d’Israël, celui que les saints prophètes avaient annoncé et que des générations et des générations avaient attendu avec tant d’espérance et tant de larmes. Et voilà que ce temps de grâce était enfin venu.
Nous aimons cette rencontre parce que nous attendons nous aussi ce temps de grâce, de tout notre être. Car nous savons parfaitement que la vie des hommes est difficile – vie qui connaît bien des joies, mais aussi bien des souffrances, bien des peines. Et nous ne sommes pas tous égaux devant elles. Et plus encore, nous savons bien que la vie des hommes dans ce monde, est parfois – ou souvent, dominée par le mal, et que, quoi qu’il arrive, elle passera par la mort. Ce serait nous faire illusion que de nous cacher cette réalité. Cela ne serait pas nous rendre service.
C’est justement en raison de cette réalité humaine difficile que sainte Elisabeth et la Bienheureuse Vierge Marie se réjouissent, et que nous nous réjouissons avec elles : parce que la venue de Jésus est le signal de la fin du mal et de la mort. La venue de Jésus, c’est enfin le règne de la paix et de la vie éternelle.
 
Pensez-vous, lorsqu’on annonce à un gangster que la police arrive, il va se laisser faire comme un premier communiant ? Pas du tout : il va se battre, éventuellement jusqu’au sang. Et quand il s’agit du mal absolu, du Satan, qui tout d’un coup se retrouve face à la lumière de notre Dieu, face à sa sainteté, pensez-vous qu’il va se laisser faire ? Pas du tout : il va se battre à mort.
Ceci explique la dureté de la vision de saint Jean dans l’Apocalypse. Il s’agit justement de ce combat entre Jésus notre Sauveur et le prince des ténèbres, ici présenté comme un dragon. La vision de saint Jean, n’en est pas vraiment une, en réalité : il s’agit tout simplement de l’Évangile, mais dont il veut nous faire comprendre le véritable enjeu.
En effet, la Femme, c’est la Bienheureuse Vierge Marie, couverte du manteau éblouissant du Saint-Esprit. Elle est sans péché – la lune est sous ses pieds – et couronnée des étoiles des douze tribus d’Israël. Or, c’est Noël : voilà qu’à Bethléem elle met au monde – comme toutes les femmes de ce monde – son petit enfant : Jésus, notre Sauveur.
Bien entendu, le roi Hérode, qui est l’esclave du démon, a voulu tuer l’enfant. Pour cela, il a fait tuer les saints innocents, balayant le tiers des étoiles du ciel. Le Dragon, le prince des ténèbres, de tous temps a voulu, et veut toujours aujourd’hui, prendre la vie des saints innocents. Parce qu’ils ressemblent tellement à Jésus. On voit bien ici, que tant que Jésus est sur terre, avant sa résurrection, le Dragon semble le plus fort.
Mais saint Jean ne raconte pas tout l’Évangile : il va directement au but, au moment de la seconde vraie rencontre entre Jésus et le Dragon : « L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert. » C’est l’Ascension, où pendant que Jésus ressuscité monte aux cieux, s’assoir à la droite du Père, il est acclamé par les anges, qui engagent alors le combat définitif contre le Satan et ses démons.
Il est quand même incroyable – et pour tout dire scandaleux – qu’on nous ait coupé dans notre lectionnaire le petit bout de texte que voici : « Alors, dit saint Jean, il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges, mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel. Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui. »
Et c’est alors que Jean entendit une voix forte qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! » C’est le cri de la victoire, la proclamation de notre entière délivrance. Déjà lorsque sainte Elisabeth et la Bienheureuse Vierge Marie s’étaient rencontrées, elles savaient à l’intérieur d’elles-mêmes qu’un jour Jésus avec Michel et ses anges remporterait cette victoire sur le Dragon, qu’il la remporterait pour elles et pour nous tous : victoire contre le mal et contre la mort. Pour que nous soyons en paix, et heureux. Bienheureux, tous ensemble pour l’éternité.
 
Or – et j’en termine par là – ce n’est pas pour rien que notre Dieu a choisi de passer par une femme pour mener ce combat, parce que ce sont elles qui en portent le plus la souffrance dans le monde, et en même temps – parce qu’elles donnent la vie – qu’elles en protègent le plus l’espoir de la victoire. Ainsi le Seigneur a-t-il choisi la Vierge Marie, son humble servante, pour la couronner à la fin de sa vie terrestre comme reine au-dessus des anges, elle par qui et grâce à qui, nous avons tous pu retrouver notre liberté et notre vie, notre joie pour l’éternité. Tous les âges la diront « bienheureuse ! »

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