dimanche 17 avril 2022

16 avril 2022 - VELLEXON - Vigile Pascale - Année C

 Gn 1,1-2,2 ; Ps 103 ; Ex 14,15-15-1a ; Ct Ex 15 ; Is 54,5-14 ; Ps 29 ; Rm 6,3b-11 ; Ps 117 ; Lc 24,1-12
 
Chers frères et sœurs,
 
Que faisons-nous ici, ce soir, dans cette église ? Nous célébrons en même temps la plus grande fête juive et la plus grande fête chrétienne : Pâques. Pâques, libération d’Égypte et constitution d’Israël ; Pâques, résurrection de Jésus d’entre les morts et naissance de l’Église.
Pâques est une création nouvelle dans l’univers. Création tellement éblouissante, tellement bouleversante, tellement intelligente, tellement bonne et tellement réelle, qu’on en reste aveuglés, sans voix, tremblants et même prosternés.
Et comme nous n’avons pas les mots pour dire cette création nouvelle, il ne nous reste que le chant, la poésie, les gestes, nos cinq sens : ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on sent, ce qu’on touche, et ce qu’on goûte. Dans le langage savant, tout cela s’appelle la liturgie : la célébration de Pâques, avec toujours le même rituel, les mêmes chants, les mêmes bougies, les mêmes fleurs, le même encens, les mêmes prières, les mêmes vêtements blancs, tout quoi. Tout cela pour dire avec des mots et sans mots cette création nouvelle de Dieu dans l’univers.
 
Sans le savoir, et même sans le faire exprès, simplement parce que nous sommes ici, nous conservons dans tout l’univers la mémoire de cette création de Dieu : la création du premier jour, la création du Peuple de Dieu à la sortie d’Égypte, la création de l’homme nouveau ressuscité des morts, au matin de Pâques, la création de l’Église qui est déjà la communion des saints, avec un pied sur la terre et un pied dans le ciel.
À partir de cette liturgie de Pâques, qui est la mémoire de l’action créatrice de Dieu dans l’univers, on peut réfléchir, faire de la théologie, écrire des sermons. Jamais notre intelligence n’arrivera à tout dire de ce que dit la liturgie, qui elle-même n’arrive pas à tout dire du grand mystère de la vie créatrice de Dieu.
Mais la connaissance de ce mystère nous fait nous réunir, nous qui le partageons comme un trésor précieux, et nous fait agir, nous qui pensons qu’il est un appel à une vie meilleure, une vie plus intense, une vie plus belle. Alors nous nous rassemblons en Église, que nous organisons pour vivre et transmettre aux enfants ce trésor précieux. Nous créons des diocèses, des paroisses, des équipes pastorales et des catéchistes.
Nous organisons aussi notre vie quotidienne par le calendrier liturgique : Pâques en premier, bien sûr, mais aussi le Carême et le Temps pascal, Noël et l’Avent. Et puis tous les dimanches, qui sont comme des petites Pâques, des petits cailloux sur le chemin, pour nous rappeler Pâques et nous préparer à Pâques. Oserai-je dire que les dimanches sont un peu comme des doses de rappel… !? Mais chaque messe, chaque office du matin, du midi, du soir, nos prières au lever et au coucher sont autant de petites lumières qui nous rappellent chaque jour, et presque à chaque heure, la grande lumière de Pâques, la grande lumière du mystère de Pâque, la grande lumière du grand mystère de la vie créatrice de Dieu.
 
Alors, évidemment, quand on pense l’univers, la société, sa famille, et sa propre vie – y compris sa vie quotidienne – à la lumière de ce grand mystère de la vie de Dieu, on pense différemment de ceux qui ne le connaissent pas. On n’est pas câblé pareil. Du coup, on agit différemment et on vit différemment. Déjà, ce soir nous ne sommes pas devant la télé, ni dans une boîte de nuit, ni en train de jouer à un jeu vidéo... Car nous sommes là pour nous remplir les yeux et le cœur, l’intelligence et la mémoire, du grand mystère de Pâques pour vivre mieux, pour vivre heureux, pour devenir des saints.
C’est dire que le grand mystère de la vie créatrice de Dieu, non seulement est à l’origine de l’univers, puis d’une transformation de cet univers, pour que notre vie humaine y soit rendue éternelle et sainte, mais aussi il est à l’origine du Peuple de Dieu, du Peuple d’Israël et de l’Église du ciel et de la terre, aujourd’hui civilisation particulière, et demain communion de vie. Tout cela est dans la liturgie de Pâques, où tout semble fait pour des enfants ! Mais en fait, c’est un germe, le germe de ce qui est beau, tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, de tout ce qui est réellement vivant, tout dans tout l’univers.
 
Si jamais un jour les Juifs s’arrêtaient de fêter Pâques, et plus encore si les Chrétiens s’arrêtaient de fêter Pâques, la lumière Dieu s’éteindrait pour tous les hommes dans tout l’univers : plus rien. On reviendrait à la Guerre du feu. Sans lumière pour les yeux et sans espérance pour le cœur.
Mais non, nous sommes ici, ensemble, autour de la lumière de Pâques ; et comme nos ancêtres, comme les premiers chrétiens, comme les Juifs avec eux et avant eux, nous célébrons Pâques.
Pâques, lumière du premier jour de la création et gloire du Dieu Vivant ; Pâques, colonne de feu dans la nuit pour guider le Peuple d’Israël et lumière du grand chandelier du Temple, marquant la présence toujours fidèle du Seigneur ; Pâques, pointe de l’Aurore de la Résurrection et premier Jour de la vie éternelle, Pâques, lumière éblouissante des anges et joie des chrétiens ; Pâques, lumière du cierge de notre baptême et de nos vêtements blancs ; Pâques, pierres précieuses de la Jérusalem céleste et couronne royale de la Bienheureuse Vierge Marie. 
Pâques, l’écrin de la Vie éternelle, que nous recevons dans nos mains du Bon Dieu. 
Bonne fête de Pâques !

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