dimanche 17 avril 2022

15 avril 2022 - VELLEXON - Vendredi Saint - Célébration de la Passion - Année C

 Is 52,13-53,12 ; Ps 30 ; Hb 4,14-46 ;5,7-9 ; Jn 18,1-19,42
 
Cher frères et sœurs,
 
Il n’est pas possible de tout dire sur la Passion de Jésus. Elle est comme un mystère éclatant qui impressionne notre regard, une source vitale qu’il est impossible d’épuiser. On ne peut donc qu’en parler par bribes, comme à tâtons. Cette année, j’ai été attiré par la trois sujets : le rapport à l’Écriture, le reniement de Pierre, et l’actualité perpétuelle de la Passion. Ce sera bref. Je ne fais qu’esquisser des pistes de méditation.
 
Il était important pour les premiers chrétiens de montrer que Jésus, même dans sa Passion, accomplissait les Écritures. Car beaucoup de gens pensaient que sa mort signifiait surtout son échec. Ou d’autres pensaient ce Jésus était un personnage insignifiant, et sa mort également. Au contraire, les Écritures – c’est-à-dire pour nous l’Ancien Testament – annonçaient déjà avec puissance qui était vraiment Jésus et ce qui lui arriverait.
Si nous voulons vraiment comprendre la Passion de Jésus, nous ne pouvons pas faire autrement que de nous plonger dans les Écritures. Et c’est d’ailleurs ce qu’a fait Jésus avec les disciples d’Emmaüs, qui étaient dépités en revenant de Jérusalem. Et c’est ce que nous avons fait quand nous avons lu le Livre d’Isaïe et le Psaume. Nous avons plongé dans les Écritures.
Les Écritures nous apprennent ou nous rappellent que Jésus est roi, fils de David, Messie sauveur et Seigneur, c’est-à-dire Dieu. Et que sa Passion n’est pas un échec, mais un office sacerdotal pour le rachat des péchés du monde par l’offrande de sa vie. D’ailleurs, lorsque, au moment de rendre le dernier souffle, Jésus dit « Tout est accompli », on peut le comprendre en araméen par « Tout est payé », « Tout est remboursé ».
En fin de compte, les Écritures nous conduisent à voir la Passion comme un négatif de pellicule photo. À première vue la Passion est le jugement de Jésus par les hommes : Dieu a été jugé et condamné à mort au tribunal des hommes. Mais en réalité, c’est l’inverse : par sa Passion Dieu a jugé l’humanité pécheresse, et il l’a acquittée : « Tout est payé. » Et pour preuve de cela, Jésus est ressuscité, a retrouvé sa place à la droite de son Père au ciel, et l’Esprit Saint a été répandu dans le monde. Finalement, lors de la Passion, qui juge qui ? Mais cela ne peut se comprendre que grâce aux Écritures.
 
Lorsque l’on observe la Passion, on est offusqués par l’attitude des Grands Prêtres, et nous leur faisons facilement porter le chapeau de la condamnation et de la mort de Jésus. Cela peut engendrer chez nous qui aimons Jésus une rancœur contre eux et les Juifs en général. Cela est arrivé, malheureusement, au cours de l’histoire, jusqu’au génocide. Nous le savons bien.
Mais lorsque l’observe Pierre, qui est – comme Caïphe l’était pour les Juifs – l’équivalent du Grand Prêtre pour les chrétiens, nous voyons que s’il ne condamne pas Jésus ouvertement, bien sûr, il y contribue malgré tout par la lâcheté de son reniement. Pierre s’écroule devant quelques grossiers personnages et même devant une petite servante. En réalité, nous aussi les chrétiens, nous avons contribué au jugement et à la condamnation de Jésus, au moins par omission. On a alors beau jeu de clouer au pilori les Grands Prêtres, pour nous exonérer de nos propres compromissions ! Malheureusement, cette attitude est tellement courante, et tellement répandue, et tellement d’actualité.
Mais Pierre a pleuré amèrement et Jésus ressuscité par trois fois lui a pardonné et l’a relevé. Nous voyons, ici aussi, combien le pardon des péchés obtenu par Jésus dans sa Passion a de l’effet sur un homme. Jésus ne l’a pas condamné, mais au contraire, dans son grand amour, il l’a sanctifié.
 
Nous arrivons à mon dernier point : l’actualité perpétuelle de la Passion. Les prophètes de l’Ancien Testament avaient annoncé la Passion de Jésus – certains l’ont même vécue par anticipation dans leur propre chair. Au temps de Jésus, durant la Passion elle-même, nous avons vu les comportements des uns et des autres : traitres, accusateurs, lâches, opportunistes, fidèles meurtris et discrets, hommes justes… et certains de leurs traits nous font penser à nous-mêmes, à tel ou tel moment de notre vie. Je veux dire par là que la Passion de Jésus n’est pas du passé : elle ne nous est pas étrangère.
Plus encore, si des hommes – les Prophètes – on vécu par anticipation certains aspects de la Passion, n'y-a-t-il pas aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes qui subissent dans leur histoire ou dans leur chair les mêmes tourments ? Combien d’innocents injustement condamnés, violentés et tués aujourd’hui, et demain certainement ? Combien d’accusateurs malhonnêtes, de juges compromis, de lâches abandonnant leurs amis ou leurs proches ? La Passion de Jésus d’hier est aussi d’aujourd’hui.
Mais hier, aujourd’hui et demain, Jésus, épuisé sur la croix, nous le dit et nous le rappelle : « Tout est accompli – Tout est payé ». Il nous a sauvé. Et les portes du ciel – pour les pauvres pécheurs que nous sommes – vont bientôt s’ouvrir pour notre plus grand bonheur.

Articles les plus consultés