mardi 29 mars 2022

27 mars 2022 - DAMPIERRE - 4ème dimanche de Carême - Année C

Jos 5,9a.10-12 ; Ps 33 ; 2Co 5,17-21 ; Lc 15,1-3.11-32
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous connaissons par cœur la parabole des deux fils. Et nous savons bien qu’elle signifie combien Dieu est prêt, non pas seulement à pardonner aux pécheurs qui se convertissent, mais aussi et surtout à les remplir des marques de son amour. Parce que les pécheurs, quoi qu’ils aient fait, demeurent toujours ses fils. Quant au fils aîné, nous voyons bien quels ravages peuvent faire dans les cœurs la jalousie et l’absence de miséricorde pour son prochain.
 
Mais si cet évangile a été choisi pour ce quatrième dimanche de carême, ce n’est pas seulement pour nous inviter, à l’approche des fêtes de Pâques, à faire comme le fils prodigue, c’est-à-dire à regretter nos errements et à nous convertir avec humilité, mais c’est pour nous apprendre que dans le pardon que le Seigneur nous propose, il y bien plus que ce que nous avons perdu par nos péchés.
 
Regardez le fils prodigue. Jésus nous dit qu’il est parti de chez son père avec la part de fortune qui lui revenait. Mais quand il revient, son père lui fait apporter le plus beau vêtement pour l’habiller, il lui fait passer une bague au doigt et des sandales aux pieds, et on tue le veau gras pour festoyer – veau gras que jamais le père n’avait sacrifié auparavant pour l’un de ses fils. Le Père donne donc le maximum de ce qu’il a : ce qu’il donne maintenant a bien plus de valeur que la part de fortune avec laquelle ce fils était parti, et bien plus que ce dont l’autre fils avait pu bénéficier jusqu’alors. On comprend au moins sa surprise. En tous cas, la joie du Père de revoir son fils pénitent déborde à l’infini et le fait déborder de générosité, à un point inimaginable.
 
C’est aussi ce qui s’est passé pour le peuple Hébreu que nous avons retrouvé à Guilgal. Il vient de franchir le Jourdain, avec Josué à sa tête, pour entrer en Terre promise. Là, le peuple a été circoncis pour retrouver sa qualité de fils de l’Alliance, de fils de Dieu. Là il festoie en mangeant des fruits de la Terre promise, pains sans levain et épis grillés, bien meilleurs que la manne insipide du désert ! Nous voyons ici l’infinie miséricorde de Dieu à l’égard de son peuple qui a vécu quarante ans au désert, a traversé humblement le Jourdain à la suite de Josué, et qui est maintenant comblé de bénédictions, comme le fils prodigue.
 
Or, vous le savez, Josué et Jésus, c’est le même prénom. Cela veut dire que celui qui se convertit humblement et traverse le Jourdain à la suite de Jésus, va entrer en Terre promise. Il va être reconnu comme fils de l’Alliance, comme fils de Dieu, une bague aux doigts et des sandales aux pieds. Et il va être revêtu du plus beau vêtement… « Le plus beau vêtement » – ah ! malheureuses traductions ! – En grec, c’est « la robe longue, la plus belle », c’est-à-dire le vêtement blanc des Bienheureux qui, dans l’Apocalypse, sont assemblés autour du trône de l’Agneau ; et en araméen, c’est la « première robe », c’est-à-dire celle du « Commencement », celle de l’état premier d’Adam, celle de l’état du Paradis retrouvé.
 
Mais nous pouvons aller plus loin encore. Nous lisons dans la bouche du père : « mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » - ce qu’il répétera ensuite au fils aîné. Mais l’araméen est plus subtil : « mon fils que voici était mort et il vit ; il était perdu et il est trouvé ». C’est-à-dire que le fils ne retrouve pas la même vie qu’il avait avant, mais qu’il reçoit une vie totalement nouvelle ; et il ne savait pas vraiment qui il était avant – jusqu’au point de se perdre totalement dans un pays étranger – mais maintenant il sait : il s’est trouvé. Il sait ce que signifie être le fils bien-aimé de son Père, et à quel point cette vie nouvelle et cette identité royale n’ont pas de prix.
 
Alors maintenant nous avons compris de quoi parle vraiment Jésus dans sa parabole : le fils prodigue, c’est nous, c’est l’humanité égarée, perdue dans un désert, déchue et mortelle, que Jésus vient chercher jusqu’au plus profond de sa conscience, pour la conduire à travers le baptême – à travers l’eau du Jourdain, à travers la confession de ses péchés – pour que son Père, dans son grand amour, la revête d’une vie nouvelle et éternelle – celle du Paradis, celle de l’Apocalypse où tous sont vêtus de blanc –, puis lui circoncise le cœur ou lui passe l’anneau au doigt confirmant ainsi sa dignité royale d’enfant de Dieu, pour finalement l’inviter au festin, à la communion au repas des noces de l’Agneau.
 
Baptême, confirmation et Eucharistie : voilà le chemin par lequel on entre en Terre promise, on revient à la maison de notre Père, on entre dans le royaume des cieux, dans la vie éternelle et la communion des Bienheureux.

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