jeudi 25 décembre 2025

25 décembre 2025 - BUCEY-lès-GY - Nativité du Seigneur - Messe du Jour

 Is 52, 7-10 ; Ps 97 ; He 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18
 
Chers frères et sœurs,
 
Le Prologue de l’évangile selon saint Jean est vraiment un texte extraordinaire, d’une densité spirituelle inégalée. Comment un pauvre prédicateur peut-il s’aventurer à le commenter ? Mais il le faut bien : c’est son métier ! Pourvu que ce soit avec une grande humilité !
 
La première chose à observer est que le texte nous décrit l’histoire du Salut : saint Jean expose d’abord Dieu, qui par son Verbe – par sa Parole de Vie et de Lumière – crée toutes choses. Parole de Lumière, c’est-à-dire qu’elle est intelligible, compréhensible : c’est une parole de Vie et de Sagesse. Saint Jean dit : « Le Verbe était la vrai lumière qui éclaire tout homme. » Cela veut dire que nous les hommes, nous avons été créés de manière à comprendre la Sagesse de Dieu. Nous avons la capacité d’être éclairés, illuminés, par la Sagesse de Dieu.
Malheureusement, « le monde ne l’a pas reconnu » : quelque chose a fait que nous n’avons pas été capables de reconnaître la Sagesse de Dieu dans ses œuvres, dans sa création. Plus encore, le Verbe de Dieu est venu dans le monde, mais « les siens ne l’ont pas reçu. » La Parole de Dieu s’est manifestée dans le monde par les prophètes, dont le plus grand est Moïse : la Parole de Dieu, qui est Sagesse, s’est donnée dans les Écritures, dans la Loi de Moïse. Mais « les siens ne l’ont pas reçu » : les prophètes ont été persécutés. La Sagesse de Dieu dérange trop les hommes déchus. Au fond, elle est trop éblouissante pour eux.
Pourtant à certains il a été « donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ». Ce sont les prophètes et les justes. Être « enfant de Dieu » est un cadeau : « Eux qui croient en son nom, ils ne sont pas né du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme, ils sont nés de Dieu. » Être « enfant de Dieu » est un cadeau de Dieu. Au cours de l’histoire, Dieu suscite donc chez les hommes certains qui sont capables de le reconnaître, de le recevoir, et même de le voir.
C’est alors que le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, vient prendre chair humaine dans sa propre création : il se rend humainement visible. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » Rendez-vous compte : qui a vu Jésus a vu le Verbe de Dieu !
Mais saint Jean, en disant que les « Enfants de Dieu », qui sont « nés de Dieu », ont vu la gloire du Verbe de Dieu, de Jésus qui est né, a enseigné, soigné et pardonné, a souffert, est mort et est ressuscité pour entrer dans sa gloire. Bien sûr, ces enfants, ce sont aussi les baptisés « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Ceux-là, comme les prophètes et les justes, ont accès au Royaume des cieux : « Tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce. » Il s’agit d’une ascension spirituelle jusqu’à la pleine connaissance de Dieu : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. »
Ce que saint Jean nous dit, c’est que le but ultime de l’homme, sa vocation, c’est de « connaître » Dieu, non pas intellectuellement seulement, mais par tout son être. On appelle cela la communion. Dieu nous a créés par sa Parole de Vie et de Lumière, sa Sagesse, pour que nous entrions dans sa communion. Et cela est rendu possible par le baptême qui fait de nous des enfants de Dieu.
 
Dans son exposé, saint Jean évoque à deux reprises saint Jean-Baptiste. Il apparaît d’abord comme témoin de la Lumière, puis comme témoin de Jésus, en précisant : « Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. » Jean est le plus grand des enfants des hommes – d’une certaine manière, il est aussi le plus grand des prophètes. Car il a connaissance de la Lumière de Dieu, de la Sagesse de Dieu, et c’est pourquoi, quand il voit Jésus de Nazareth au bord du Jourdain, il est capable de dire : « c’est lui la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Il pourrait s’enfler d’orgueil pour cette capacité, mais non, il s’efface : « Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était » ; « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » La grandeur de Jean est redoublée par son humilité. Il parle comme Marie s’est adressée à l’Ange Gabriel : « Je suis la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »  Le prophète est et n’est qu’un humble serviteur. Pourquoi insister ici sur Jean-Baptiste, sur sa connaissance de la Lumière, sur son témoignage pour désigner Jésus comme le Verbe de Dieu, sur son humilité ? Parce que c’est la vocation des enfants de Dieu dans le monde. Si ils connaissent Jésus par la communion, si ils ont la capacité de contempler sa gloire, alors ils ont aussi mission d’en témoigner, tout en s’effaçant dans l’humilité pour que les autres hommes puissent le connaître à leur tour en toute intimité.
 
A la fin de la messe, où nous allons contempler Jésus et communier à Lui, nous allons chanter : « Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux ». Souvenons-nous alors que les anges, c’est nous. Nous, qui aujourd’hui avons connu la Sagesse de Dieu, avons contemplé sa Lumière et communié à sa Vie, nous sommes les témoins et les serviteurs de Dieu, pour que le monde croie.  

Articles les plus consultés