mardi 24 décembre 2024

25 décembre 2024 - DAMPIERRE-SUR-SALON - Nativité du Seigneur - Messe de la nuit

 Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans notre tradition chrétienne, nous avons deux très grandes fêtes : Pâques, d’abord, et Noël, ensuite. Pâques est la fête de la résurrection de Jésus et Noël celle de sa naissance. Ces deux fêtes, vous l’aurez remarqué, sont célébrées de nuit. À Pâques, dans la nuit nous allumons un feu, puis le grand cierge pascal qui représente Jésus ressuscité et vivant, puis toutes nos petites lumières et enfin celles de l’église entière, au moment du « Gloire à Dieu ». La résurrection est contagieuse comme l’annonce de la joie de Noël ! À Noël, justement, nous sommes au plus profond de l’hiver, quand les nuits sont longues, et nous fêtons la naissance de Jésus, lumière d’espérance et de joie dans les ténèbres de vies humaines parfois très sombres ou très douloureuses. Elle annonce leur inconcevable renouveau : leur résurrection.
 
En effet, pour comprendre vraiment la nuit de Pâques, il faut penser à la nuit de Noël ; et pour comprendre la nuit de Noël, il faut penser à celle de Pâques.
Ainsi, à Pâques, il faut comprendre la résurrection de Jésus comme une nouvelle naissance. Jésus qui était Dieu s’est fait homme, et comme homme, il est mort sur la croix. Mais par sa résurrection, il a rendu possible que l’homme mortel puisse renaître comme Dieu, immortel. Et notre Dieu réalise cela par le don de l’Esprit Saint, l’Esprit de Pentecôte. Donc Pâques, c’est une naissance de l’homme de la terre, au ciel.
Et à Noël, c’est l’inverse : la naissance de Dieu sur la terre est une nouvelle étape de la création : la vie du ciel vient ensemencer la terre. Chose impensable pour le philosophe, mais réalité aussi extraordinaire que celle de la résurrection, par la même puissance créatrice de Dieu, par l’Esprit Saint qui a recouvert Marie de son ombre, comme il a recouvert les Apôtres de son feu, lors de la Pentecôte.
Noël et Pâques sont le côté pile et le côté face d’un même événement extraordinaire, qu’on appellera un miracle, mais qui est d’abord une nouvelle création. Pourquoi interdirait-on à Dieu de créer du neuf, s’il le veut ? Que Dieu se fasse homme pour que l’homme devienne Dieu : c’est ce qu’il a fait à Noël et à Pâques, par la puissance de son Esprit.
 
Maintenant, regardez bien comment saint Luc joue entre le mystère de Noël et le mystère de Pâques : dans les deux cas, la naissance ou la résurrection ont lieu dans une grotte, dans la nuit. Dans les deux cas, Jésus repose dans des langes ou dans des linges. Ici il vient de naître, et là, il ne reste plus que les linges, car il est ressuscité. Dans les deux cas, l’ange du Seigneur apparaît aux premiers témoins de la naissance ou de la résurrection. Ici, il dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle ! », et là il dit : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »
Dans, les deux cas, les bergers ou les femmes sont éblouis, saisis de crainte. Car la gloire de Dieu est éblouissante et ce que leurs yeux voient est en même temps très ordinaire et très extraordinaire, pour celui qui croit. Ici : un enfant dans une mangeoire, là des draps qui reposent à plat dans un tombeau vide – voilà pour l’ordinaire. Et ici Dieu qui s’est fait homme – Emmanuel – Dieu avec nous, et là l’homme-Dieu Jésus qui était mort et qui maintenant est ressuscité et vivant dans une vie nouvelle, éternelle – voilà pour l’extraordinaire.
À Bethléem, nous avons Marie et Joseph, la famille de Jésus, puis les bergers qui font paître les brebis ; à Jérusalem, nous avons Marie et les saintes femmes – qui sont de la famille de Jésus – puis les Apôtres, les bergers des brebis que nous sommes. Finalement, ce sont les mêmes. D’abord le petit cercle familial des intimes de Jésus – et notamment des femmes – puis le cercle des Apôtres et des disciples, et tout d’un coup « il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » Voilà que le Ciel s’est approché de la terre et qu’il chante la bonne nouvelle de Noël pour tous les hommes de toute la terre et de tous les temps, les hommes que Dieu a créés par amour et qu’il est venu sauver par amour.
Mais il s’est passé la même chose en miroir, lors de la résurrection de Jésus, lorsque la terre s’est approchée du ciel, dans l’ascension de Jésus au-dessus des anges, et que les Apôtres redescendaient à Jérusalem en grande joie, dans l’attente de la Pentecôte, signal de l’annonce de la bonne nouvelle de la résurrection et de la vie nouvelle à tous les hommes de toute la terre et de tous les temps, ces hommes que Dieu a créé par amour, a sauvé par amour et veut retrouver dans sa communion d’amour, pour toujours.
 
Voilà chers frères et sœurs le mystère de Noël. C’est le mystère de l’amour de Dieu pour nous. Sommes-nous dans les ténèbres ? Voilà la lumière qui brille. Elle annonce que bientôt nous allons nous aussi devenir lumière. Sommes-nous malades, épuisés, fatigués ? Voilà Dieu qui se fait homme, prenant notre chair mortelle, pour que celle-ci ressuscite avec la sienne, et que nous soyons transfigurés, plus vivants et plus jeunes que jamais. Sommes-nous seuls ? Voilà un enfant qui naît, entre sa mère et son père adoptif, bientôt entouré par des bergers, puis des mages étrangers, puis par tout le peuple d’Israël. Il annonce que si nous demeurons avec lui, bientôt, nous serons en communion avec tous les anges et tous les saints du monde entier et de tous les temps, immense communion d’amour qui, pour notre plus grand bonheur, ne finira jamais. Joyeux Noël !

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