dimanche 4 août 2024

03-04 août 2024 - MOTEY-sur-SAÔNE - MONTOT - 18ème dimanche TO - Année B

Ex 16, 2-4.12-15 ; Ps 77 ; Ep 4, 17.20-24 ; Jn 6, 24-35
 
Chers frères et sœurs,
 
Après la mort de Jean-Baptiste, assassiné par Hérode-Antipas, Jésus s’était retiré avec ses Apôtres près de Bethsaïde, à l’ermitage de Jean dans le désert, pour y partager le repas rituel de deuil composé de pain d’orge et de poissons. Il y fut aussitôt rejoint par une foule de gens qui attendaient de lui qu’il en profite pour officialiser sa mission de Messie. En effet, n’avait-il pas été désigné comme tel par Jean, baptisé par lui au Jourdain et confirmé par la descente de l’Esprit Saint ? Dieu n’a-t-il pas de nouveau confirmé la mission de Jésus par le miracle de la multiplication des pains et des poissons, un vrai banquet royal ? Les foules attendaient vraiment de lui qu’il prenne la tête de la libération politique d’Israël. Mais, laissant là les foules, et même les Apôtres, Jésus était parti seul dans la montagne, pour prier. À une aventure politique, Jésus a dit non.
 
Et nous retrouvons l’Évangile de ce dimanche. Les foules n’ont probablement pas compris pourquoi Jésus était parti, mais les Apôtres, eux, ont dû être extrêmement déçus du refus de Jésus et de son départ. C’est l’incompréhension totale : d’un côté Jésus part seul dans la montagne, et de l’autre les Apôtres partent en barque pour revenir vers Capharnaüm, vers leur vie de tous les jours. Rien ne dit à ce moment-là qu’ils devaient se revoir ! Il se passe exactement comme au moment de la mort de Jésus : Jésus seul d’un côté, descend aux enfers, tandis que les Apôtres réunis au cénacle, se retrouvent comme sans avenir. C’est pareil.
Le parallélisme des situations continue lorsque, surprise, ils se retrouvent : Jésus leur apparaît de façon impossible : ici il marche sur la mer – sur la mort – et là, il apparaît ressuscité. Ils réagissent de la même manière : ils sont saisis de peur, croyant voir un fantôme. Ici il leur dit : « C’est moi, n’ayez plus peur ! », et là : « La paix soit avec vous ! » C’est bien lui. Alors, ils retrouvent la terre ferme : l’orage est passé… et l’histoire reprend, totalement différente.
 
Les foules et les Apôtres, témoins de ce nouveau signe de Jésus dominant la mort, sont en attente d’explications. Jésus reprend l’affaire au moment où ils se sont quittés : « Vous me cherchez… parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés », c’est-à-dire : « Vous attendez de moi que je vous procure un bonheur terrestre. » « Et voici le motif de mon refus : Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle… celle que je vous donnerai, moi qui suis bien le Messie. » … Messie venu donner un bonheur bien supérieur à celui qu’ils attendent, qui s’étend à la vie éternelle.
Les gens se montrent intéressés, et sont même prêts à collaborer à ce nouveau programme : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Là encore, incompréhension : ils parlent « des œuvres » de Dieu, comme s’ils devaient accomplir les douze travaux d’Hercule ou mettre en œuvre les 613 commandements de la Loi. Mais Jésus leur répond : « L’œuvre de Dieu – au singulier – c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » En gros, ils n’ont rien d’autre à faire que de placer leur foi en Jésus. Et le reste, c’est lui qui s’en occupe.
 
Les gens ont bien compris que Jésus leur demande de lui faire un chèque en blanc. Car donner sa foi à quelqu’un, c’est lui donner tout : absolument tout. Les gens demandent alors un signe. Pensez à l’Annonciation : quand l’Ange annonce à Marie quelque chose d’« impossible », qu’elle sera la Mère du Sauveur, elle ne lui demande pas de signe ; elle répond : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. » Au contraire, Zacharie lors de l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste, Thomas à l’annonce de la résurrection de Jésus, et les gens de Capharnaüm, demandent un signe, parce que tous, ils doutent : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? »
Comme saint Thomas voulait toucher les plaies de Jésus, ici les foules lui proposent d’égaler ou de dépasser le miracle le plus impressionnant obtenu par Moïse : celui du don de la manne au désert. Ce qui est fou, c’est que Jésus l’a déjà fait lors de la multiplication des pains, mais en réalité tout le monde sait qu’au-delà de la nourriture terrestre, il s’agit en réalité de vie – vie des personnes, vie du peuple en tant que tel, du bonheur terrestre et éternel de tous – qu’il est vraiment question : « Seigneur donne-nous toujours de ce pain-là. » C’est le cri d’Adam, qui du fond des enfers, mendie la vie éternelle, le retour au Paradis.
 
Et Jésus de répondre : « Moi, je suis le pain de la vie. » Il fallait oser, et il n’y a que le Bon Dieu pour oser faire une réponse pareille ! À l’attente matérielle, politique et vitale des hommes, Jésus répond qu’il est lui-même le germe de cette vie, de toute vie, y compris sociale et matérielle.
Et nous, nous savons que cette vie nous est déjà donnée dans le Pain eucharistique. De fait, il n’y a pas de Pain eucharistique sans Église, sans communauté, sans amour mutuel et pardon, sans partage ou échange des ressources, sans paix pour prendre le temps de recevoir le Corps et le Sang de Jésus, sans espace béni pour se réunir en communion. Voyez comme de ce « simple petit bout de Pain » (si je puis dire) se développe une vie nouvelle immense, la vie du Règne de Dieu. Règne dont Jésus est le Messie, Règne de communion, qui est déjà ici-bas vie éternelle.

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