Ac
9, 26-31 ; Ps 21 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8
Chers
frères et sœurs,
Lorsque
nous entendons ces paroles de Jésus, nous ne devons pas oublier à quel moment ni
en quel lieu il les a dites. C’était après le repas de la Cène, au moment de
partir vers Gethsémani. En chemin, Jésus et ses disciples ont dû passer dans
des vignes. Jésus sait que Judas va le livrer et que les autres disciples vont
s’enfuir et se disperser.
Ainsi
nous comprenons que le sarment qui ne demeure pas en Jésus, qui est sec, qui va
être jeté dehors et bientôt brûlé au feu, c’est Judas. Et les sarments qui
demeurent en Jésus, qui portent déjà du fruit mais vont être purifiés par
l’épreuve de la Passion de Jésus, et qui porteront bientôt davantage de fruit
encore, ce sont les disciples.
Être
disciple, c’est donc être un sarment uni à la vigne véritable, Jésus Christ. En
dehors de lui, il n’y a ni chemin, ni vérité, ni vie. Par cette union à la
vigne véritable, c’est-à-dire par la communion avec Jésus – « celui
qui demeure en moi, et moi en vous » dit Jésus – par cette communion à
la vigne véritable, le sarment peut porter du fruit.
Or
c’est vraiment ce qu’attend le Père : comme dans la parabole du Vigneron,
le Maître attend la récolte, le fruit de la vigne, … pour en faire du vin !
Car c’est en buvant le vin qu’on entre dans la joie. Et cette joie est
inséparable de la gloire de Dieu, de l’Esprit Saint. Nous avons un Dieu qui
aime la joie et qui veut nous faire communier à sa joie.
Cependant,
pour qu’un sarment donne plus de fruit – donc plus de vin et plus de joie, il
est taillé, « purifié ». Or Jésus explique qu’il a déjà purifié ses
disciples par la parole qu’il leur a dite. Cette parole, c’est l’Évangile, c’est
Jésus lui-même, son enseignement et ses actes. Ainsi donc est purifié celui qui
reçoit l’Évangile, qui reçoit Jésus, qui croit en Jésus, qui a foi en Jésus. Il
est alors en communion avec lui, et par cette communion, recevant la vie de la
Vigne véritable, il porte beaucoup de fruit.
Mais
pourquoi lisons-nous cet épisode de l’Évangile pendant le temps des apparitions
alors que, chronologiquement, il a eu lieu au début de la Passion ? Pour
deux raisons.
La
première est que lors de ses apparitions, Jésus a rappelé à ses disciples ce
qu’il leur avait enseigné auparavant, en lien avec les Écritures. C’est ce
qu’il dit lors de son apparition le soir de Pâques au Cénacle : « Voici
les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que
s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les
Prophètes et les Psaumes. » En quelque sorte, Jésus et les disciples
font une relecture de la vie de Jésus, de sa naissance à sa résurrection. Mais
alors, pourquoi lire aujourd’hui plus particulièrement l’enseignement donné par
Jésus au moment de la Cène et après ?
Parce
que les apparitions ne durent que quarante jours. Elles vont se terminer à
l’Ascension, où Jésus va vraiment quitter ses disciples pour monter s’asseoir à
la droite du Père. Jésus est donc sur le départ, comme au moment de la Cène, il
était sur le départ de sa vie humaine. Dans les deux cas, Jésus livre en
quelque sorte son testament, l’essentiel de son enseignement, et ce que les
disciples devront dire et faire à l’avenir, en son absence, mais cette fois-ci
avec le secours de l’Esprit Saint.
Pour
nous aujourd’hui, les paroles de Jésus demeurent d’actualité, et c’est la
seconde raison de la lecture de cet enseignement. Car c’est bien pour que nous
soyons purifiés à notre tour que les Apôtres et les Évangélistes nous ont
transmis l’Évangile. Parce que c’est toujours le même Jésus qui, dans ses
paroles et dans ses actes, continue de purifier ses sarments, pour qu’ils
puissent porter toujours plus de fruit pour la plus grande gloire et la plus
grande joie de son Père et de notre Père. Dans ses paroles, en écoutant et
recevant en nous l’Évangile, et dans ses actes, en recevant ses sacrements,
particulièrement celui de l’Eucharistie, où nous sommes en communion avec lui.
Par
l’Esprit Saint, Jésus nous est proche et il continue chaque jour et à toute
heure, à purifier les cœurs, pour que monte vers le ciel la louange de Dieu et
que l’Évangile continue à se propager dans le monde.