Sg
3,1-6.9 ; Ps 26 ; 1Co 15,51-57 ; Mt 25,31-46
Chers
frères et sœurs,
Vous
vous souvenez – il y a quelques dimanches – de la parabole des Vignerons
homicides, qui ont tué les envoyés du Maître, et même son Fils, alors que celui-ci
attendait que les vignerons lui donnent le fruit de sa vigne, qui sont les
bonnes œuvres de la Loi, bien comprise et mise en pratique. De même vous vous
souvenez de la parabole des invités au repas des noces, où le Père fait appeler
les invités – qui refusent, puis fait venir tout le monde, pour finalement
chasser de la salle un importun qui ne portait pas le vêtement des noces. Ce
vêtement, comme le fruit de la vigne, est le signe d’une vie sainte, une vie
selon la Loi de Moïse ou des Béatitudes, toute faite de l’amour de Dieu et du
prochain. Ce vêtement, pour saint Irénée de Lyon, n’est autre que l’Esprit
Saint.
L’évangile
de ce jour se comprend à la lumière des précédents. En définitive, ceux qui
sont les bénis du Père, sont ceux qui sont comparable à une vigne qui porte du
fruit, ou à des invités qui sont habillés du vêtement des noces. Leur vie est
fécondée, colorée, par l’Esprit Saint, et les gestes dont parle Jésus
aujourd’hui leur sont familiers : « J’avais faim, et vous m’avez
donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un
étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais
malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à
moi ! »
En
revanche, ceux qui ne portent pas de fruit, ni le vêtement des noces, sont des
gens stériles : ils ne sont pas habités, mus intérieurement par l’Esprit
Saint. Et dans ce cas, le Maître les retranche ou les renvoie.
Les
actes que propose Jésus – nourrir, accueillir, habiller, visiter ou
réconforter – sont profondément humains. On peut se dire qu’il n’y a pas besoin
d’être chrétien pour faire cela. Et tant mieux, car ces actions, faite avec un
esprit droit pourront certainement sauver ceux qui les auront faites qu’ils
soient chrétiens ou non. Mais pour nous les chrétiens, ils revêtent une
profondeur et une signification très particulières qui nous y obligent d’une
certaine façon. En effet, ce sont des gestes que Dieu a fait à notre égard, à
nous qui sommes des fils d’Adam. Adam et Eve, bannis du Paradis, étaient
enseveli dans les profondeurs des enfers comme dans une prison. Le samedi Saint
Jésus y est descendu pour y chercher nos vieux parents et il les a libérés par
sa résurrection. Malades de leur péché, il les a guéri par le sang de sa croix,
en leur appliquant le baume de sa miséricorde, de son pardon. Nus ils étaient.
Jésus les as revêtus du manteau de sa divinité : il les a revêtus de
l’Esprit Saint, de sortent qu’ils puissent entrer au Ciel, dans la salle des
noces. Et c’est là qu’il les a nourris de lait et de miel, de tous les mets du
banquet de l’Agneau, dans la joie du Paradis retrouvé. Vous comprenez frères et
sœurs, que lorsque nous visitons, habillons, nourrissons, quelqu’un, nous
faisons à notre mesure les gestes qu’a fait le Seigneur à notre égard, pour
nous sauver et nous ramener à la vie. Et c’est pourquoi, reconnaissant en nous
les gestes que lui-même a fait pour nous, il en fait la louange.
Allons
plus loin, et remarquons que par le baptême, nous sommes plongés dans la mort
et nous ressuscitons avec le Christ. Nous quittons les ténèbres de la mort pour
entrer dans la vie. Nous sortons de notre prison. Par le baptême et la
confirmation, nous sommes guéris de notre inclination foncière au péché, cette
maladie mortelle de tout homme. Au baptême, nous avons été revêtus du vêtement
blanc, le vêtement des noces, celui de l'innocence des saints. Par le baptême
enfin nous avons accès à la communion eucharistique, au Corps et au Sang de
Jésus, pain et vin de la vie éternelle. Les sacrements du baptême, de la
confirmation et de l’eucharistie libèrent, guérissent, habillent et
nourrissent. Ainsi donc, quand nous célébrons ces sacrements, nous faisons aussi
ce que le Seigneur attend de nous, car nous faisons ici aussi comme il a fait
pour Adam et Eve, pour toute l’humanité.
Alors,
ayant considéré tout cela, pourquoi aurions-nous peur du jugement de Dieu, si
en beaucoup ou peu de choses nous avons libéré, visité, habillé et nourri celui
qui est dans le besoin, si nous avons fait comme Jésus – que ce soit en pleine conscience
de la signification de ces gestes, ou dans une parfaite ignorance mais avec un
cœur droit, par amour du prochain ? Le Seigneur connaît nos cœurs, il
connaît le cœur de nos défunts pour lesquels nous prions aujourd’hui. Nul doute
qu’il y trouvera ce qu’il faut pour les faire entrer dans sa vie éternelle et
sa joie.