Jr
20,10-13 ; Ps 68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33
Chers
frères et sœurs
Ceux
qui portent dans leur cœur la Parole de Dieu sont souvent confrontés à des
persécutions, qu’elles soient morales, verbales ou physiques, pouvant aller
parfois jusqu’au martyre. C’est ainsi qu’ont été persécutés les prophètes. De
même en va-t-il pour les frères et sœurs de Jésus.
En
réalité chacun d’entre eux subit quelque chose de la Passion de leur maître, le
Seigneur Jésus lui-même. Et le motif de la persécution est aussi le même que
celui de sa condamnation : tout simplement, que le monde refuse la
présence et l’amour gratuit de Dieu, parce qu’il le perturbe. Le monde présent
préfère rester dans son auto-suffisance pour tâcher de devenir lui-même comme
un dieu.
Prenons
une image. Lorsqu’on habite une maison qui n’est pas rangée, tant que l’on n’y allume
pas la lumière, on ne voit rien et on s’accoutume au désordre ou à la saleté.
Mais quand quelqu’un allume la lumière, alors quelle catastrophe ! Il y a
deux solutions : soit on retrousse ses manches et on se met à ranger
humblement, soit on éteint la lumière… et on reste dans son désordre !
C’est
tout le problème de la Parole de Dieu, qui est la lumière du monde. Tant
qu’elle n’y est pas proclamée, il peut y avoir du péché qui conduit jusqu’à la
mort : tout le monde en souffre mais finalement on s’en accommode. Cependant,
le jour où un prophète annonce la Parole de Dieu, où la Loi de Moïse est
proclamée, où Jésus qui est lui-même la Parole de Dieu vient physiquement dans
le monde, puis est proclamé par l’Evangile, alors rien ne va plus : soit
il faut passer des ténèbres à la lumière – se convertir –, soit éteindre celui
qui représente ou qui est lui-même la lumière. Et c’est ainsi que naissent les
persécutions.
Jésus,
toutefois, ne laisse pas ses frères et sœurs, ni les prophètes, sans réconfort.
Si le monde présent est celui où les réalités sont voilées, cachées dans les
ténèbres, où la parole de vie ne peut être dite que dans le secret, tellement
le danger de la persécution est grand, jusqu’à mettre en danger sa vie humaine,
il n’en demeure pas moins que les porteurs de la Parole de Dieu appartiennent
déjà aussi au monde nouveau, celui où tout sera dévoilé, révélé en pleine
lumière, où il sera possible d’en crier partout l’action de grâce, et cela
éternellement.
On
voit bien ici pourquoi les premiers chrétiens – et les chrétiens de tous les
temps – n’ont jamais cessé de célébrer la messe, y compris dans les plus
grandes persécutions : car la messe, c’est la manifestation toujours
actuelle de ce monde nouveau. Elle est le rayon de lumière – le pain de chaque
jour – dont nous avons besoin pour être fidèles en ce monde, dans l’attente de
la manifestation définitive de la gloire de Dieu.
La
fin de l’enseignement de Jésus est difficile à entendre : « Celui
qui me reniera devant les hommes, moi aussi, je le renierai devant mon Père qui
est aux cieux. » Jésus souligne ici notre entière liberté devant
l’amour de Dieu qui nous est proposé. Nous avons vraiment le choix :
accueillir la lumière dans nos vie et devenir nous-mêmes lumière, ou bien
refuser celle-ci pour demeurer ensevelis dans nos ténèbres.
Cependant
ce choix n’est pas si facile : il y a des choses en nous qui sont déjà
lumière – par exemple du simple fait de notre baptême, et il y en a d’autres
qui sont ténèbres, dont nous n’arrivons pas à nous débarrasser, et qui nous
pèsent comme une croix. Et puis, nous savons que nous partageons une communion
d’amour avec d’autres – et c’est lumière – tout en étant en conflit avec
d’autres – et c’est ténèbres. Le bon grain pousse avec l’ivraie, et nous ne
savons pas les départager. C’est le travail de l’Esprit Saint.
Aussi,
frères et sœurs, tant que nous sommes dans le monde, qui parfois nous attire ou
nous retient dans ses ténèbres, demeurons fidèles, avec joie, à la lumière du
Seigneur notre Dieu, y communiant autant que nous pouvons à chaque messe ;
prions-le sans cesse de nous délivrer du mal, et de venir illuminer le monde
par sa gloire, dès que possible, pour notre plus grand bonheur.