lundi 19 juin 2023

18 juin 2023 - GRAY - 11ème dimanche TO - Année A

Ex 19,2-6a ; Ps 99 ; Rm 5,6-11 ; Mt 9,36-10,8
 
Chers frères et sœurs,
 
Il y a, dans l’appel des Douze apôtres et leur envoi en mission un rappel de celui que Dieu fit à Moïse au Mont Sinaï et son envoi en mission.
 
En effet, par la libération de l’Égypte et l’alliance qu’il lui a offerte, Dieu a élu le peuple hébreu comme un peuple particulier parmi tous les peuples de la terre : peuple fidèle à la Loi, peuple de prêtres, peuple saint, dont Moïse est le grand prêtre par excellence, intercédant auprès de Dieu et guidant le peuple dans ses voies, c’est-à-dire jusqu’en Terre promise.
 
Il en va de même pour les Apôtres, dans une dimension différente toutefois. Par le pardon des péchés et le baptême qu’il lui a offert, Dieu a élu l’Église comme une assemblée particulière parmi toute l’humanité : Église fidèle à l’Évangile, Église de prêtres, Église sainte dont Jésus est le grand prêtre par excellence, intercédant auprès de son Père et guidant ce qui est son Corps jusqu’à la communion des saints. Et dans cette mission de régénération de toute l’humanité, les Apôtres sont vicaires de Jésus : ils agissent comme lui, en son nom. Ou plutôt c’est Jésus lui-même qui agit à travers eux.
 
À lire les textes attentivement, cependant, il ne semble pas que la mission de Moïse et celle des Apôtres soit comparable. En effet, pour Moïse, il s’agit d’écouter la voix du Seigneur, de garder son alliance – c’est-à-dire sa Loi, d’être un royaume de prêtres, une nation sainte – c’est très sacerdotal. Tandis que pour les Apôtres, il est question d’expulser les esprits impurs, de guérir les maladies et les infirmités, de ressusciter les morts… Les Apôtres semblent être envoyés plus en direction des hommes que de Dieu, pour exercer parmi eux une activité de type caritative ou humanitaire. Moïse serait-il l’homme du Temple, tandis que Jésus serait celui d’une ONG… ?
 
Malheureusement, une telle lecture impliquerait que Dieu a changé d’avis ou qu’il tient un double discours à l’égard des hommes. Disons-le immédiatement : ce n’est pas possible.  Au contraire, la volonté de Dieu est unique et il n’a d’autre but que de rassembler dans son amour, dans sa communion, toute l’humanité.
 
Le peuple hébreu, le peuple élu, est précurseur de cette communion. Car être fidèle à la voix du Seigneur, garder son alliance, sa Loi, en se donnant à Dieu dans un acte personnel d’offrande sacerdotale, c’est déjà exercer la sainteté qui n’est autre que la perfection de l’amour.
Mais Dieu voit bien qu’en réponse à cet appel extraordinaire, même le peuple élu peine et s’égare. Victime de son infidélité, de ses trop nombreuses idoles, il se retrouve infesté d’esprits impurs, malade de toutes sortes de maladies spirituelles et corporelles, et d’infirmités pour ne pas dire perversités. Car quand un ange abandonne l’adoration de Dieu, il se transforme en démon. Voilà donc vers qui Jésus envoie les Apôtres, les brebis perdues de la maison d’Israël, pour qu’elles reviennent à leur vocation sainte, et se réconcilient avec Dieu.
 
Il n’y a donc aucune différence entre l’objectif de Dieu, de Moïse, de Jésus ou des Apôtres : il s’agit toujours que les hommes entrent dans la communion d’amour de Dieu. Le Seigneur Jésus l’a dit : « pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise », car la Loi est toujours la boussole qui conduit à l’amour de Dieu. Mais à ceux qui se sont égarés, il montre qu’un nouveau chemin est toujours possible, pour atteindre le même but. Et non pas seulement une terre promise en ce monde, même merveilleuse comme une sorte de fraternité universelle, mais la seule Terre promise véritable, qui n’est autre que la communion des saints.
 
Pour finir, on s’aperçoit que Dieu est toujours à l’initiative à l’égard de l’homme : d’abord par l’alliance d’amour offerte au peuple hébreu par l’intermédiaire de Moïse, et ensuite par la réconciliation offerte à toute l’humanité en Jésus-Christ. Comme le dit saint Paul : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. » En effet, Dieu n’attend pas que nous soyons dignes de son grand amour. Il espère seulement qu’on désirera y répondre favorablement du mieux qu’on peut, en l’aimant lui, et pour lui, également notre prochain.
 
C’est bien pourquoi, tandis que le Corps et le Sang de Jésus – la sainte communion – nous est présentée, nous disons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. »

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