lundi 12 juin 2023

10-11 juin 2023 - COURCUIRE - VANNE - Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang de Jésus - Année A

Dt 8,2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1co 10,16-17 ; Jn 6,51-58
 
Chers frères et sœurs,
 
Le Seigneur notre Dieu sait très bien que nos vies ne sont pas un long fleuve tranquille, mais qu’il nous faut de temps en temps, et parfois sur de longues périodes, passer par des déserts arides, où nous sommes éprouvés, que ce soit intérieurement ou physiquement.
 
Le Seigneur notre Dieu sait aussi que sans son aide, son soutien, parfois nous ne pouvons pas tenir debout, ou nous relever, tellement la croix est lourde. C’est ainsi qu’il n’a pas abandonné les hébreux au désert, mais que durant quarante ans, il les a soutenus par le don de la manne. Ce n’était pas un pain qui provenait des hommes – car dans l’épreuve les distractions, les artifices et même les drogues ne suffisent pas à nous soutenir – mais un pain qui venait de Dieu lui-même : car il n’y a que lui qui soit en mesure de nous donner l’amour et la vie dont nous avons faim et soif pour être consolés et heureux.
 
Le Seigneur a rappelé cela aux Hébreux en leur disant : « N’oublie pas le Seigneur ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage… c’est lui qui, pour toi, a fait jaillir de l’eau de la roche la plus dure, c’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne, cette nourriture inconnue de tes pères. »
 
Pourquoi les Hébreux ne devaient-ils pas oublier ce don de Dieu ? Tout d’abord par simple politesse, n’est-ce pas ? Quand on nous fait un cadeau, le minimum est de remercier ! Mais il ne s’agit pas ici simplement de gratitude. C’est une prophétie.
Ce geste de la manne, pour soutenir physiquement le Peuple au désert, préfigure un geste immensément plus important, celui du don de Jésus-Christ lui-même pour que le Peuple de Dieu puisse vivre déjà maintenant de la vie éternelle.
 
En effet, Jésus explique à ses auditeurs qu’il est lui-même le « pain vivant, qui est descendu du ciel », et « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ». Ainsi, recevoir Jésus, c’est non seulement recevoir de quoi vivre pour aujourd’hui, dans le cours parfois aride de nos vies terrestres, mais c’est aussi déjà recevoir ce qui constitue notre avenir : la vie éternelle.
 
Ce qui choque les auditeurs de Jésus, c’est qu’il dise : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair. » En effet, le Seigneur notre Dieu ne se moque pas de nous. Quand il se donne, il se donne totalement, et non pas de manière symbolique, superficielle.
En Jésus Dieu s’est réellement fait chair humaine, ce pourquoi il a réellement souffert sa Passion, il est réellement mort sur la croix et il est réellement ressuscité dans cette même chair transfigurée. Cela veut dire que nous, humains, qui sommes chair, parfois lourdement en raison de nos faiblesses ou de nos péchés, nous pouvons être sauvés et nourris de vie éternelle par Jésus.
Si Jésus ne s’est pas fait chair, si nous ne communions pas à sa chair, alors nous qui sommes charnels, nous ne pouvons pas être réellement sauvés.
 
C’est un point qui nous distingue radicalement des philosophies religieuses et du protestantisme, qui en restent au niveau des idées et des symboles : la foi chrétienne catholique et orthodoxe au contraire descend jusque dans le réel de la chair. C’est pourquoi par exemple nous communion réellement au Corps et au Sang de Jésus à la messe, et non pas à des symboles mémoriels ; et qu’un prêtre qui représente Jésus à la messe est nécessairement un homme et non pas une femme. Parce qu’en Jésus Dieu s’est fait chair pour nous sauver réellement jusqu’au plus profond de ce qui est charnel en nous.
 
Chers frères et Sœurs, on dit parfois que le christianisme est trop intellectuel, inadapté au concret de la vie des gens d’aujourd’hui et de demain, qu’il est déconnecté. Mais en l’espèce, le fait que le Verbe se soit fait chair, dit exactement l’inverse. Il n’y a pas plus réaliste que le christianisme. Et si cela n’est pas compris, c’est probablement que les gens sont aveuglés par trop d’idoles et d’illusions.
C’est pourquoi le Christianisme est fait pour les pauvres et les pécheurs, qui sont empêtrés dans leur chair, parce qu’il est un chemin de libération et de vie, par le Corps et le Sang de Jésus.

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