mardi 10 janvier 2023

08 janvier 2023 - AUTREY-lès-GRAY - Epiphanie du Seigneur - Année A

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous nous réjouissons toujours de la fête de l’Épiphanie, la fête des rois mages, qu’on a appelés un jour Melchior, Gaspard et Balthasar, et qui sont venus par le désert à dos de chameau, avec leurs trésors d’or, d’encens et de myrrhe, jusqu’à la crèche de Bethléem. Savez-vous qu’ils sont même passés en Franche-Comté… lorsque leurs reliques ont été transférées de Milan à Cologne, en 1164 ? Ce fut à l’époque un événement considérable, dont beaucoup de lieux chez nous ont conservé la mémoire.
Mais ils sont nombreux – y compris des prêtres – à croire que cette histoire des rois mages n’a jamais existé, que c’est seulement une belle histoire inventée par saint Matthieu pour nous faire comprendre que Jésus, qui vient de naître, est la lumière et le sauveur de tous les hommes.
 
Sauf que saint Matthieu n’a rien inventé et que ce qu’il raconte est tout à fait réaliste. Concernant les mages, nous savons que la religion de la Perse – l’Iran actuel – était le Mazdéisme, dont Zoroastre était le fondateur. Or celui-ci avait prophétisé qu’un astre indiquerait la naissance du grand roi qui régnerait dans le monde. 
Les prêtres du Mazdéisme, les mobads – que nous appelons les mages – scrutaient donc avec attention les astres. Or, il se trouve qu’à l’époque de la naissance de Jésus il y a eu par trois fois conjonction de Saturne et de Jupiter de sorte à former une étoile éclatante. Cette particularité a été calculée par Kepler au XVIIe siècle et confirmée par des astronomes réputés en 1981 et 1994. 
Enfin, on sait qu’en 66 après Jésus-Christ, un dénommé Tiridate, lui-même mage zoroastrien et fils bâtard du roi des Parthes Vononès, s’est déplacé jusqu’à Rome pour offrir des présents à Néron, récemment divinisé par le Sénat romain, dans le but d’être élevé et couronnée par lui roi d’Arménie.
Bref, il n’y a rien de choquant historiquement que des mages zoroastriens, ayant vu la conjonction extraordinaire de Sature et de Jupiter, se soient déplacés jusqu’à Jérusalem pour demander où se trouvait exactement le grand roi qui venait de naître. Et de vouloir lui offrir des présents en hommage, éventuellement pour obtenir de lui une petite gratification. Nous pouvons donc prendre au sérieux cette affaire.
 
C’est ainsi que nos mages débarquent un beau matin chez le roi Hérode pour lui demander où se trouve Jésus. Or Hérode était un usurpateur sanguinaire, qui avait tellement peur qu’on le renverse de son trône, qu’il était allé jusqu’à faire assassiner sa femme et ses fils. Évidemment, l’annonce de la naissance d’un grand roi n’était pas faite pour le réjouir. On comprend donc pourquoi, agissant en secret par méfiance envers son entourage et en faisant un gros mensonge, il cherche à savoir exactement où vont aller les mages, et qu’à la fin – faute d’avoir eu les informations précises – il fera massacrer tous les enfants de moins de deux ans, les saints innocents. C’est la raison pour laquelle Joseph a très rapidement emmené Marie et Jésus en Égypte.
 
Cependant ayant été éclairés par l’enseignement des prêtres et des scribes d’Israël, qui ont retrouvé dans le Livre du prophète Michée et dans le Psaume 75 les informations nécessaires, nos mages ont fini par arriver à Jésus. Voilà qu’ils ont passée toute une vie d’études, qu’ils ont fait un long voyage pour s’assurer des résultats de leur science astrologique, et qu’ils aboutissent enfin à l’enfant tant attendu et tant recherché. On comprend leur immense joie !
Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que l’étoile et leur propre venue étaient elles aussi prophétisées dans les Écritures : dans le Livre des Nombres, au Psaume 71 et dans le Livre d’Isaïe. Et c’est le psaume 71 qui fait d’eux des rois, comme nous l’avons entendu tout à l’heure. C’est pourquoi nous les appelons les « rois-mages ».
Nous voyons donc que le cosmos, la science des mages et les Écritures d’Israël, s’accordent parfaitement pour conduire à Jésus. Et là, devant ce petit enfant, les mages se prosternent et lui offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or le désigne comme Roi dont le règne n’aura pas de fin, l’encens comme Dieu éternel et tout puissant, et la myrrhe comme homme qui va donner sa vie sur la croix et ressusciter, pour que nous qui sommes mortels, nous puissions recevoir par grâce la vie de Dieu. C’est la carte d’identité de Jésus. Dans cette offrande de l’or, de l’encens et de la myrrhe, tout est déjà dit de notre foi.
 
Chers frères et sœurs, nous pouvons tirer deux leçons de cet évangile. La première est qu’il faut prendre au sérieux les évangélistes quand ils nous disent quelque chose. Si ils les ont écrit, c’est pour que nous croyions en Jésus-Christ. La seconde est que, comme les mages, nous pouvons et même nous devons étudier scientifiquement l’univers pour le comprendre. Cependant, pour en trouver le véritable sens, nous avons besoins d’autre chose, qui se trouve à Jérusalem : les Écritures prophétiques. Sans elles, on ne peut pas trouver le véritable sens de l’univers, le sens de notre vie humaine. Et ce sens de l’univers, à la fin, on découvre que c’est Jésus lui-même, celui qu’on appelle justement Lumen Gentium, la Lumière des nations. 


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