lundi 23 janvier 2023

21-22 janvier 2023 - VELLEXON - PESMES - 3ème dimanche TO - Année A

Is 8,23b-9,3 ; Ps 26 ; 1Co 1,10-13.17 ; Mt 4,12-23
 
Chers frères et sœurs,
 
Il est intéressant de voir comment se répand la vie de Dieu. Il y a d’abord une première phase, celle de la naissance et de la jeunesse de Jésus jusqu’à son baptême par Jean et les tentations au désert. En effet, ce n’est qu’après avoir triomphé personnellement du Satan que Jésus est humainement prêt. Tout ce temps, peut-on dire, reste caché aux yeux du monde. Mais arrive le moment de l’arrestation et de la mort prochaine de Jean. C’est alors que Jésus quitte Nazareth pour s’installer à Capharnaüm.
 
Saint Matthieu attire notre attention sur le fait que Jésus s’installe dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. Il cite, comme pour le souligner, un extrait du prophète Isaïe, que nous avons entendu en première lecture. Zabulon et Nephtali sont deux des douze tribus d’Israël, annexées par l’Assyrie au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Depuis, elles ont été investies et dominées par des populations païennes, au point qu’on disait de ces israélites qu’ils habitaient dans les ténèbres, dans le pays et l’ombre de la mort. En effet, la Loi de Moïse – qui pour les Juifs est lumière et vie de Dieu dans le monde, n’y avait plus force de loi, elle n’était plus appliquée sinon sous forme de résistance passive par quelques familles, dans quelques lieux isolés.
Plus encore, saint Matthieu n’a pas repris exactement la formule du texte hébreu d’Isaïe, ni sa traduction grecque, mais il l’a modifiée : « le peuple était assis dans les ténèbres ; les israélites étaient assis dans le pays de l’ombre de la mort ». Il veut dire que même les Israélites descendants de Zabulon et de Nephtali avaient en quelque sorte baissé les bras. Ils ne luttaient plus. Ils étaient découragés dans les ténèbres. En fait, ils étaient spirituellement morts.
Mais voilà qu’une grande lumière s’est levée. Jésus s’est installé à Capharnaüm et il commence à proclamer l’Évangile. On voit ici l’opposition soulignée par saint Matthieu entre les israélites qui sont assis et la lumière de Jésus qui s’est levée. Jésus est la Parole de Dieu, le principe de la Loi qui illumine et donne vie à tout ceux qui l’écoutent et la mettent en pratique. Il y a déjà là une annonce de la résurrection.
 
C’est tellement vrai que, dès son installation à Capharnaüm, Jésus reprend la prédication de Jean Baptiste annonçant la venue du royaume des cieux, c’est-à-dire la manifestation de la gloire de Dieu. Pensons aux saintes femmes et aux disciples d’Emmaüs, qui étaient complètement perdus et découragés, et qui tout d’un coup sont éblouis par l’annonce de la résurrection et la présence de Jésus ressuscité.
Saint Matthieu n’en dit pas plus : il passe directement à la constitution de l’Église. C’est d’abord l’appel de Simon et André, puis celui de Jacques et Jean. C’est exactement ce que fera Jésus à sa résurrection : il rend visite aux Apôtres, pour les préparer définitivement à leur mission, dans l’attente du don de l’Esprit Saint.
 
Et enfin, Jésus fait ce que les Apôtres et l’Église fait après lui et avec lui : il enseigne, il proclame la bonne nouvelle du Royaume et il guérit les maladies et les infirmités. Nous retrouvons ici les trois missions principales de l’Église.
D’abord enseigner, par la transmission des Écritures et de l’Évangile et la catéchèse qui les accompagne, à la lumière de la tradition des Pères de l’Église, et ce qu’on appelle le Magistère de l’Église. On peut remarquer ici que cet enseignement suppose en premier lieu l’apprentissage de la lecture et de l’écriture… ce que l’Église et le judaïsme ont toujours considéré comme un point fondamental, et qu’il ne s’agit pas d’abord d’une question de dogme ou de morale, mais d’un trait essentiel de civilisation.
Ensuite proclamer la bonne nouvelle, par un témoignage personnel et collectif auprès des non-chrétiens, et une annonce explicite de l’Évangile quand cela est possible ; mais aussi proclamer la bonne nouvelle par une louange permanente dans l’Église elle-même, comme nous le faisons aujourd’hui, dans la liturgie. Elle permet d’entretenir notre mémoire et de la nourrir aussi pour pouvoir en témoigner à l’extérieur. En fait, pour qui comprend bien, louer Dieu en célébrant son culte et annoncer l’Évangile aux non chrétiens, c’est comme les deux faces d’une même pièce, celle de la proclamation de la bonne nouvelle.
Enfin, soigner les maladies et les infirmités rappelle que la lumière de Dieu est en même temps lumière de vie. Tous ceux qui en sont imprégnés, par l’Esprit Saint, en rayonnent. Ils exercent autour d’eux la bonté de Dieu, en son nom. Il ne s’agit pas seulement de soigner des maux physiques mais aussi des maux spirituels. Car ils sont malades et désespérés ceux qui en absence de foi, errent dans les ténèbres. Mais heureux sont-ils ceux qui, illuminés par la foi, vivent dans l’espérance et la joie.
 
Voilà donc comment se répand la vie de Dieu, depuis Jésus lui-même, qui est lumière et vie, jusqu’à la mission de l’Église dont nous sommes aujourd’hui les héritiers et les acteurs, par la grâce de Dieu.

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