dimanche 15 janvier 2023

14-15 janvier 2023 - MEMBREY - FRASNE-LE-CHÂTEAU - 2ème dimanche TO - Année A

Is 49,3.5-6 ; Ps 39 ; 1Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34
 
Chers frères et sœurs,
 
Si nous voulons vraiment comprendre l’évangile d’aujourd’hui, il faut commencer par relire le début du livre de la Genèse où Dieu a créé toutes choses. Vous vous souvenez qu’au premier jour, Dieu a créé la lumière et l’a séparée des ténèbres. Le lendemain – deuxième jour – Dieu a séparé les eaux primordiales en deux : les eaux qui sont par-dessus le firmament, par-dessus le ciel, et les eaux qui sont en dessous, à partir desquelles il va façonner notre univers. Au troisième jour, il rassemble ces eaux qui sont en dessous pour faire apparaître la terre ferme ; au quatrième, il crée les arbres et toutes les plantes naturelles, etc. Et à la fin, au septième jour, qui deviendra le jour du Sabbat, Dieu se repose.
Or, lorsque saint Jean a rédigé le début de son évangile, il a repris le même rythme que celui de la création. C’est pourquoi, par exemple dans l’extrait que nous avons entendu aujourd’hui, Jean précise : non pas « En ce temps-là », comme on le lit dans la traduction liturgique, mais : Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui… Et ce « lendemain », ce jour-là, c’est le deuxième jour. Si l’on suit le rythme de l’évangile, à chaque fois que Jean précise les jours, à la fin on arrive aux noces de Cana, au septième jour, le jour du repos et de la fête.
 
Le deuxième jour est donc celui où sont séparées les eaux qui sont par-dessus le ciel – c’est-à-dire la gloire de Dieu, et celles qui sont en-dessous, c’est-à-dire notre univers. L’homme et Dieu sont donc séparés dès le deuxième jour. Si Dieu a bien créé l’homme bon, nous savons malheureusement qu’il ne l’est pas resté très longtemps, parce qu’il a mal exercé sa liberté que Dieu lui avait donnée. Dès lors, la volonté de Dieu est non seulement de restaurer l’homme dans son intégrité, son innocence, sa bonté initiale, mais aussi de le rendre capables de franchir le firmament, le ciel qui sépare son univers de celui de la gloire de Dieu, pour qu’il soit en communion avec lui. Il faut donc qu’il y ait quelqu’un qui restaure l’homme et qui le fasse entrer dans les eaux glorieuses qui sont par-dessus le ciel. Or ce quelqu’un, c’est Jésus.
 
C’est exactement ce que dit Jean-Baptiste : Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. L’agneau de Dieu est en même temps celui de la Pâque, par le sang duquel Dieu rachète et sauve son peuple Israël de l’esclavage de l’Égypte, et celui du serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe, qui prend sur lui tous les péchés d’Israël en vue du pardon de Dieu. Cet agneau, offert à Dieu en sacrifice pour le pardon, enlève donc – dit Jean-Baptiste – le péché du monde. On doit comprendre qu’il « porte » le péché du monde, comme Jésus portait sa croix. Mais, pour un hébreu « porter le péché de quelqu’un » signifie très exactement « pardonner son péché ». Relevons ici le jeu de mot extraordinaire qui existe en hébreu entre Jésus de Nazareth « Ieschoua ha-nôtzeri » et celui qui porte « nôtzer » les péchés, qui les pardonne. On pourrait donc appeler Jésus de Nazareth : « Jésus le porteur », « Jésus le pardonneur ».
 
Or, dit saint Jean-Baptiste, ce Jésus, qui est l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde, va baptiser non pas dans l’eau, mais dans l’Esprit Saint. Ici, il faut bien comprendre deux choses. La première est qu’un baptême est un rite qui permet de franchir une séparation qui sépare deux univers : par exemple celui des pécheurs et celui des saints, ou celui des hommes et celui de la gloire de Dieu. Un baptême fait passer d’un univers à l’autre. Et donc, la seconde chose à comprendre, c’est que si le baptême de Jean faisait passer les Israélites de l’état de pécheur à celui d’innocent, car c’était un baptême de conversion pour le pardon des péchés ; en revanche celui de Jésus dans l’Esprit Saint fait passer de notre univers à celui de Dieu, nous fait entrer dans la gloire de Dieu, dans sa communion d’amour.
Voilà ce que nous dit saint Jean : le baptême de Jésus permet aux hommes de pouvoir franchir le ciel, le firmament du deuxième jour de la création, pour entrer dans la gloire de Dieu. Vous comprenez bien que le baptême dans l’Esprit Saint est une transformation complète de ce que nous sommes, de la même importance que la consécration, lorsque du pain et du vin naturels deviennent le Corps et le Sang de Jésus vivant. C’est du même ordre.
 
Pour finir, nous nous rendons bien compte à quel point nous ne sommes pas conscients de la grâce infinie que Dieu nous a faite par notre baptême. Un baptisé est non seulement restauré dans sa beauté et sa dignité de créature faite à l’image et à la ressemblance de Dieu par le sacrifice de Jésus, Agneau de Dieu ; mais plus encore, par le don de l’Esprit de sainteté, il est fait participant de la gloire de Dieu, de la communion d’amour de Dieu. Voilà ce que Jean-Baptiste a vu, et que saint Jean nous a transmis par son évangile. Et c’est pourquoi, nous qui sommes baptisés dans l’eau et l’Esprit saint, nous avons été rendus dignes d’entrer dans l’église, qui est l’univers de Dieu, pour y recevoir sa communion.

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