Ac
7,55-60 ; Ps 96 ; Ap 22,12-14.16-17.20 ; Jn 20,26
Chers
frères et sœurs,
Pour
mieux comprendre le choix des lectures qui a été fait et surtout pour en
comprendre le sens, il faut expliquer d’abord la première lecture, puis
l’évangile et enfin la deuxième lecture.
Nous
assistons, dans la première lecture, au martyre d’Etienne. Etienne est
martyrisé pour avoir déclaré : « Voici que je contemple les cieux
ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » En fait, il
annonce que la prophétie de Daniel a été réalisée par Jésus-Christ,
c’est-à-dire que Jésus est le Fils de l’homme et que – selon Daniel – il est
aussi le Fils de Dieu : il est égal à Dieu, dans sa gloire. Évidemment,
pour ceux qui ne croient pas en Jésus, c’est un blasphème, d’où la lapidation
immédiate d’Etienne.
Ce
qui est important pour nous, est, d’une part, que Jésus, dans son Ascension,
rejoint Dieu son Père et vient s’asseoir à sa droite, et d’autre part, qu’il le
fait en tant que Fils de l’homme. C’est-à-dire qu’en Jésus c’est notre humanité
qui monte aux cieux et entre dans la gloire du Père. Jésus n’est pas seulement
le premier-né d’entre les morts, il est aussi la tête de l’Église :
l’immense assemblée des saints du ciel et de la terre, qui sont entrés ou qui
entrent petit à petit dans la communion de Dieu.
Or
– et c’est l’enseignement de la prière de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui –
cette glorification ne se fait pas automatiquement, en claquant dans les
doigts. Elle est aussi une grâce, le fruit d’une prière. Ici nous avons la
prière de Jésus, qui a les yeux levés au ciel, entièrement tourné vers le Père,
et qui lui demande la grâce de l’unité, la grâce de la communion dans l’amour
pour nous tous qui avons foi en lui et dans le Père. Cette grâce, c’est le don
de l’Esprit Saint, répandu à la Pentecôte, et c’est aussi pour nous aujourd’hui
la communion sacramentelle.
Arrêtons-nous
un instant sur cet extrait de l’évangile selon saint Jean. Il s’agit d’un
passage du chapitre 17. Or, chronologiquement, Jésus dit ces paroles au moment
où il célèbre la Cène, avant sa Passion. Et voilà que nous lisons ce texte pour
illustrer la prière de Jésus entre l’Ascension et la Pentecôte ! Observons que
les paroles dites par Jésus, mais aussi celles des chapitres 15 et 16 de saint
Jean, étaient difficilement compréhensibles par les apôtres au moment où ils les a dites. En
revanche, elles deviennent très claires quand on les applique au temps de
l’Ascension. Ce phénomène, Jésus l’avait annoncé : « Je vous ai
dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles
arriveront, vous croirez. » Ou encore : « J’ai encore
beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les
porter. » La tradition de l’Église explique que Jésus a redonné le
même enseignement, avec plus de clarté, durant le temps des quarante jours de
ses apparitions, entre Pâques et Pentecôte, de sorte que saint Jean a pu les
noter en détail. Et c’est la raison pour laquelle nous lisons cet évangile
durant le temps pascal. Ainsi, pour bien comprendre le sens de l’Ascension, je
vous recommande de relire tout ce discours de Jésus. Vous verrez, c’est impressionnant.
Et vous comprendrez qu’entre la célébration d’une messe, mémorial du repas
pascal, et l’Ascension, il y a un lien intérieur plus que lumineux :
éblouissant.
Nous
arrivons maintenant à la deuxième lecture, celle du livre de l’Apocalypse. Saint
Jean a une vision et il entend une voix qui lui parle – qui n’est autre que la
voix de Jésus, alors que sa prière est accomplie: il est assis sur le trône à
la droite de son Père et son Père a agréé sa prière. Jésus annonce qu’il
dispose donc de l’Esprit Saint – l’eau de la vie – pour la donner à celui qui a
soif, qui a lavé ses vêtements, et qui est entré dans la ville de Dieu.
Remarquons qu’il s’agit là très exactement d’une liturgie. En effet, il est
question d’un « ange qui apporte un témoignage au sujet des
Églises » - c’est un apôtre, ou un évêque, un prêtre, un missionnaire,
ou un catéchiste, qui annoncent l’Évangile. Celui qui reçoit ce témoignage et
lave son vêtement – c’est-à-dire qui reçoit le baptême et le vêtement blanc qui
va avec – peut accéder à l’arbre de la vie, qui est dans la ville, c’est-à-dire
qu’il peut accéder au repas eucharistique dans l’église, qui rend présente
ici-bas la Jérusalem céleste. L’Esprit et l’Épouse disent « Viens ! »,
c’est-à-dire que l’Esprit Saint – qui est la vie intérieure de l’Église – et
l’Église elle-même appellent le Seigneur Jésus à venir : c’est la prière
permanente de tous les Chrétiens : que le Règne de Dieu vienne ; et
c’est aussi la prière eucharistique : que ce pain et ce vin deviennent le Corps
et le Sang de Jésus. Alors celui qui a faim et qui a soif, qu’il vienne
communier. Et la prière de Jésus – que tous soient un – se réalise enfin, y
compris sur la terre.
Voilà
donc, chers frères et sœurs, les enseignements des lectures d’aujourd’hui. Tout
se tient : depuis la prophétie de Daniel, le martyre d’Etienne, la prière
de Jésus avant sa Passion et son enseignement après, ce qu’il se passe durant
son Ascension et jusqu’au jour de la Pentecôte, notre assemblée de baptisés dans
cette église et notre prière eucharistique, jusqu’à notre communion dans
l’unité de l’amour, en Dieu avec tous les saints du ciel. Amen.