dimanche 31 mai 2020

30-31 mai 2020 - VELESMES-VALAY - Solennité de la Pentecôte - Année A


Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23

Chers frères et sœurs,

Il n’est pas possible de prêcher pour la Pentecôte comme si rien ne s’était passé depuis deux mois. Et il est difficile de mettre des mots sur une situation pénible, comme sur une blessure toujours douloureuse et, pour tout dire, humiliante. Et qui sait vraiment voir la réalité et en parler de manière juste, comme savaient le faire les prophètes du Seigneur, Jésus lui-même bien sûr, et ses Apôtres animés par son Esprit ? Je veux donc être modeste aujourd’hui, et vous partager ceci :

Il n’est pas besoin d’être chrétien pour comprendre que l’expérience de confinement que nous venons de vivre est en même temps un révélateur de la réalité et un accélérateur de l’histoire.

Révélateur de la réalité car, très rapidement, se sont manifestés les esprits de chacun, des familles, associations et communautés que nous formons, et jusqu’à l’État lui-même, à travers nos prises de paroles et nos actions concrètes. Repli sur soi ou générosité, dissimulation et mensonge ou bien action et vérité… 
Au IIIème siècle les évêques Cyprien de Carthage et Denys d’Alexandrie avaient été confrontés à la même difficulté que nous. Et pour eux, le partage des eaux était le même : soit on avait peur de la mort et, dans ce cas, on était porté à se comporter de manière inhumaine, soit on avait foi en la résurrection de Jésus et, dans ce cas, la peur ayant disparu, il n’y avait pas de limite à la générosité dans le service du prochain, quitte à mourir en martyr de la charité, à l’image de Jésus.
Le confinement que nous avons vécu est donc d’abord une épreuve de vérité pour notre foi.

Ensuite, cette expérience inédite, est un accélérateur de l’histoire. Certains ont été tentés de voir dans ces jours des prémices de l’Apocalypse. En effet, nous avons le sentiment que beaucoup de repères se sont écroulés – et parfois la hiérarchie ecclésiastique elle-même. Nous sentons que l’avenir est incertain. Et, pour ceux qui ont quelques connaissances de l’Ancien Testament, nous savons que les épreuves ne vont jamais seules : après la maladie, viennent souvent la famine et puis la guerre. Que le Seigneur nous en préserve !
Mais les évêques Cyprien et Denys ne pensaient pas que l’épidémie de leur temps était la fin du monde, mais seulement une épreuve. Il en va de même pour nous, car de la fin du monde, nous ne savons ni le jour ni l’heure. Cependant, nous ne devons pas nous leurrer : car si ce n’est pas la fin du monde, c’est au moins la fin d’un monde.
Cette épidémie va accélérer l’histoire et aggraver les fractures. Pour ce qui nous concerne, si la société s’éloignait de l’Église, elle s’en est éloignée encore plus ; si l’Église était un petit troupeau : elle l’est devenue encore plus. L’esprit du monde nous demandait déjà d’être forts dans le témoignage chrétien : il exige de nous encore bien plus, dès maintenant.
L’épreuve que nous avons vécue jusqu’à présent et dans laquelle nous sommes encore, a un effet accélérateur et aggravant. Mais heureusement, pas seulement pour le mal, mais aussi pour le bien ! Car c’est dans les grandes épreuves qu’on voit aussi à l’œuvre les plus grands saints !

Justement, jusqu’à présent il n’était pas besoin d’être chrétien pour faire toutes ces observations. Or chrétiens nous sommes. On peut dire que les Apôtres, entre la mort et la résurrection de Jésus, et la Pentecôte, ont vécu quelque chose de semblable : ils avaient peur ; ils ne savaient pas où aller ; ils étaient enfermés. Parfois Jésus venait les visiter, comme nous, nous avons sans doute ouvert notre poste de télévision, pour l’accueillir, pour suivre la messe du dimanche, sans mettre notre doigt à travers l’écran pour vérifier si c’était bien du direct… Mais voilà qu’au jour de la Pentecôte, les Apôtres de Jésus reçoivent l’Esprit Saint. Et là, tout change.

D’abord, par le don de son Esprit, Jésus prouve qu’il est vivant et qu’il est vivant éternellement. Aujourd’hui nous sommes de nouveau réunis pour l’eucharistie et recevoir la communion : il en sera toujours ainsi, quoiqu’il arrive, jusqu’au retour de Jésus, parce qu’il est toujours vivant.
Ensuite, l’Esprit Saint qui est répandu sur les Apôtres les purifie et les rend plus fort. On parle des sept dons de l’Esprit Saint : sagesse, intelligence, science, force, conseil, piété et crainte du Seigneur. Cette vie de Dieu nous est aussi donnée en ce temps d’épreuve, pour faire de nous des chrétiens solides, vivants et joyeux.
Et enfin, chose étonnante, les Apôtres qui vivaient dans la peur se sont mis à parler de Jésus au grand jour. Le don de l’Esprit Saint, c’est passer de la peur à la foi. Et c’est vrai pour nous aussi.

Aujourd’hui, chers frères et sœurs, par le fait même que vous soyez là, comme tous ces gens venus en pèlerinage à Jérusalem, vous montrez que votre cœur cherche l’Esprit du Seigneur, et même qu’il est prêt à le recevoir. Or c’est cet Esprit qui vous sera donné dans la communion, car Jésus est vivant, il est toujours présent, et il vous aime. Alléluia !

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