dimanche 10 mai 2020

10 mai 2020 - 5ème dimanche de Pâques - Année A - Commentaire


Ac 6,1-7 ; Ps 32, 1-2, 4-5, 18-19 ; 1P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

Chers frères et sœurs,

Les textes de ce dimanche sont remplis d’enseignements pour l’Église, quelles que soient les époques et les situations.

Jésus prépare ses disciples à son départ. Leur cœur (c’est-à-dire leur attachement à Jésus mais aussi leur intelligence), ne comprend pas ce départ et le vit douloureusement. Jésus les rassure en expliquant qu’il va leur préparer une place.
La suite est déroutante et on comprend que les Apôtres aient du mal à saisir les propos de Jésus. Il leur explique, en effet, qu’il est lui-même le chemin par lequel il faut passer pour aller à la maison du Père. Et déjà, le connaissant par ses paroles et par ses œuvres, ils connaissent aussi qui est le Père.

Ces propos ne se comprennent que par le don de l’Esprit Saint qui seul peut ouvrir les cœurs. C’est par l’Esprit, en effet, que l’on peut « connaître » Jésus et donc aussi son Père. « Connaître » est une expression très spéciale de saint Jean qui doit se comprendre autant comme une illumination de l’intelligence que comme une communion spirituelle qui atteint jusqu’à nos sens physiques, comme ce fut le cas pour Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration.

Ainsi donc, Jésus est toujours le même, qu’il soit au ciel ou sur la terre, où ses paroles et ses gestes nous le rendent visible et compréhensible. Aux aveugles qui ne reconnaissent pas Jésus à travers ces signes, l’Esprit Saint donne la vue pour le « connaître » et trouver ainsi leur place dans le ciel, dans la maison du Père et en sa présence. Il n’y a donc rien de plus important – disait saint Séraphim de Sarov – que d’acquérir l’Esprit Saint. Ce don se demande tout simplement dans la prière.

Nous comprenons donc mieux les textes qui précèdent l’évangile. Je m’arrête ici à la première lecture.

En effet, les Apôtres ont trois occupations essentielles, dont deux sont fondamentales, qui sont aussi celles de l’Église en général et de tout chrétien en particulier. Écoutons les Douze : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. […] En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole. »

La première occupation essentielle des Apôtres est d’être « assidus à la prière ». Nous savons par ailleurs, que les Apôtres continuaient de fréquenter le Temple de Jérusalem pour les prières quotidiennes. Ainsi, ce que nous appelons la Liturgie des Heures (laudes, vêpres…) ou plus communément les prières du matin et du soir, sont les premières occupations, les premiers devoirs, des chrétiens. Cette prière est louange de Dieu, prière d’action de grâce et de demande. Rien ne doit détourner les chrétiens de cette activité fondamentale. Et l’on en comprend l’enjeu puisque par cette prière nous demandons à Dieu son Esprit Saint pour nous-mêmes et pour le monde : « Donne-nous notre pain de ce jour » !

La seconde occupation essentielle est le « service de la parole ». La Parole, c’est Jésus, dont les Apôtres furent les témoins oculaires et les serviteurs. La Parole se dit, elle s’enseigne et elle se met en pratique : il s’agit de connaître Jésus, ses paroles et ses œuvres. Elle est féconde : il y a en elle un principe de vie. Ainsi, est-il essentiel à l’Église et à nous-mêmes, de transmettre et faire connaître la Parole, c’est-à-dire Jésus dans ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Les traces écrites de cet enseignement sont les évangiles. Mais les sacrements en sont aussi les traces, exprimées par la parole et par le geste.

Ainsi donc prière assidue pour demander l’Esprit Saint et enseignement de la Parole, c’est-à-dire exposition du visage, des paroles et des actions de Jésus, sont les deux activités essentielles et nécessaires de l’Église (et de nous-mêmes) pour que les hommes puissent « connaître » Jésus et entrer dans la maison du Père. Les deux forment ensemble ce que l’on appelle la Tradition de l’Église.

La troisième occupation essentielle des Apôtres est le « service des tables », mais elle peut être déléguée par ordination. Il s’agit toujours d’une activité essentielle de l’Église qui demeure de la responsabilité des successeurs des Apôtres, mais sa mise en œuvre peut en être partagée. La charité, qui est la communion des cœurs et des biens, découle des deux occupations précédentes. C’est par le don de l’Esprit et la connaissance de Jésus que l’on trouve la capacité d’exercer librement et en vérité la charité. La charité, en retour, est comme le sceau qui vérifie l’authenticité de la prière et de la connaissance de la Parole, c’est-à-dire de Jésus.

Il s’agit alors d’en tirer la conclusion pour l’Église : quelles que soient les époques et les situations, il est essentiel qu’elle prie, qu’elle enseigne et qu’elle exerce la charité. C’est ainsi que, chaque jour, par l’Esprit Saint, Jésus est présent vivant au milieu de nous et que nous sommes en communion avec lui.

Articles les plus consultés