Ac 6,1-7 ; Ps 32,
1-2, 4-5, 18-19 ; 1P 2,4-9 ; Jn 14,1-12
Chers
frères et sœurs,
Les
textes de ce dimanche sont remplis d’enseignements pour l’Église, quelles que
soient les époques et les situations.
Jésus
prépare ses disciples à son départ. Leur cœur (c’est-à-dire leur attachement à
Jésus mais aussi leur intelligence), ne comprend pas ce départ et le vit
douloureusement. Jésus les rassure en expliquant qu’il va leur préparer une
place.
La
suite est déroutante et on comprend que les Apôtres aient du mal à saisir les
propos de Jésus. Il leur explique, en effet, qu’il est lui-même le chemin par
lequel il faut passer pour aller à la maison du Père. Et déjà, le connaissant
par ses paroles et par ses œuvres, ils connaissent aussi qui est le Père.
Ces
propos ne se comprennent que par le don de l’Esprit Saint qui seul peut ouvrir
les cœurs. C’est par l’Esprit, en effet, que l’on peut « connaître »
Jésus et donc aussi son Père. « Connaître » est une expression très
spéciale de saint Jean qui doit se comprendre autant comme une illumination de
l’intelligence que comme une communion spirituelle qui atteint jusqu’à nos sens
physiques, comme ce fut le cas pour Pierre, Jacques et Jean lors de la
Transfiguration.
Ainsi
donc, Jésus est toujours le même, qu’il soit au ciel ou sur la terre, où ses
paroles et ses gestes nous le rendent visible et compréhensible. Aux aveugles
qui ne reconnaissent pas Jésus à travers ces signes, l’Esprit Saint donne la
vue pour le « connaître » et trouver ainsi leur place dans le ciel,
dans la maison du Père et en sa présence. Il n’y a donc rien de plus important
– disait saint Séraphim de Sarov – que d’acquérir l’Esprit Saint. Ce don se
demande tout simplement dans la prière.
Nous
comprenons donc mieux les textes qui précèdent l’évangile. Je m’arrête ici à la
première lecture.
En
effet, les Apôtres ont trois occupations essentielles, dont deux sont fondamentales,
qui sont aussi celles de l’Église en général et de tout chrétien en
particulier. Écoutons les Douze : « Il n’est pas bon que nous
délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. […] En ce qui nous
concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole. »
La
première occupation essentielle des Apôtres est d’être « assidus à la
prière ». Nous savons par ailleurs, que les Apôtres continuaient de
fréquenter le Temple de Jérusalem pour les prières quotidiennes. Ainsi, ce que
nous appelons la Liturgie des Heures (laudes, vêpres…) ou plus communément les
prières du matin et du soir, sont les premières occupations, les premiers
devoirs, des chrétiens. Cette prière est louange de Dieu, prière d’action de
grâce et de demande. Rien ne doit détourner les chrétiens de cette activité fondamentale.
Et l’on en comprend l’enjeu puisque par cette prière nous demandons à Dieu son
Esprit Saint pour nous-mêmes et pour le monde : « Donne-nous notre
pain de ce jour » !
La
seconde occupation essentielle est le « service de la parole ». La
Parole, c’est Jésus, dont les Apôtres furent les témoins oculaires et les
serviteurs. La Parole se dit, elle s’enseigne et elle se met en pratique :
il s’agit de connaître Jésus, ses paroles et ses œuvres. Elle est
féconde : il y a en elle un principe de vie. Ainsi, est-il essentiel à
l’Église et à nous-mêmes, de transmettre et faire connaître la Parole,
c’est-à-dire Jésus dans ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Les traces écrites
de cet enseignement sont les évangiles. Mais les sacrements en sont aussi les
traces, exprimées par la parole et par le geste.
Ainsi
donc prière assidue pour demander l’Esprit Saint et enseignement de la Parole,
c’est-à-dire exposition du visage, des paroles et des actions de Jésus, sont
les deux activités essentielles et nécessaires de l’Église (et de nous-mêmes)
pour que les hommes puissent « connaître » Jésus et entrer dans la
maison du Père. Les deux forment ensemble ce que l’on appelle la Tradition de
l’Église.
La
troisième occupation essentielle des Apôtres est le « service des
tables », mais elle peut être déléguée par ordination. Il s’agit toujours
d’une activité essentielle de l’Église qui demeure de la responsabilité des
successeurs des Apôtres, mais sa mise en œuvre peut en être partagée. La
charité, qui est la communion des cœurs et des biens, découle des deux
occupations précédentes. C’est par le don de l’Esprit et la connaissance de
Jésus que l’on trouve la capacité d’exercer librement et en vérité la charité.
La charité, en retour, est comme le sceau qui vérifie l’authenticité de la
prière et de la connaissance de la Parole, c’est-à-dire de Jésus.
Il
s’agit alors d’en tirer la conclusion pour l’Église : quelles que soient
les époques et les situations, il est essentiel qu’elle prie, qu’elle enseigne
et qu’elle exerce la charité. C’est ainsi que, chaque jour, par l’Esprit Saint,
Jésus est présent vivant au milieu de nous et que nous sommes en communion avec
lui.