Is
66,10-14c ; Ps 65 ; Ga 6,14-18 ; Lc 10,1-12.17-20
Chers
frères et sœurs,
Jérusalem, la création nouvelle, le Règne de
Dieu… c’est la même réalité : c’est le lieu de notre vie future, et déjà de
notre vie présente, si nous nous laissons habiter par l’Esprit Saint.
Nous devons être bien conscients, nous
chrétiens, que le Seigneur Jésus nous a choisis au jour de notre baptême pour
être ses témoins dans le monde. Pour commencer il a fait de nous des habitants
de la Jérusalem nouvelle dont parle le prophète Isaïe. C’est-à-dire que nous
sommes des sujets du Règne de Dieu, des créatures renouvelées dans l’Esprit
Saint. En quelque sorte, nous sommes des hommes nouveaux, qui avons reçu une sorte
de « quatrième dimension », un complément spirituel, que ceux qui
n’ont pas été baptisés n’ont pas. Cette dimension fait que nous appartenons à
Dieu. Nous sommes ainsi habilités à le prier et à être ses prophètes ou ses
témoins dans le monde.
De la même manière que l’Esprit Saint est
insaisissable, la « quatrième dimension » qui fait de nous des
chrétiens, est invisible, insensible et silencieuse. Mais ses effets eux sont
bien visibles, sensibles ou audibles. Jésus était invisiblement Dieu, aux yeux
des hommes, mais ses paroles et ses actes montraient qu’il était réellement
Dieu. Il en va de même pour les chrétiens qui sont habités par l’Esprit Saint. Semblables
aux autres hommes – et donc invisibles à leurs yeux –, par la sainteté
qu’ils reçoivent de Dieu, par leurs paroles et leurs actes, ils agissent cependant
réellement dans le monde et le transforment comme du levain dans la pâte.
Ainsi donc, comme les 72 disciples envoyés
par Jésus là où il allait se rendre, en vertu de notre baptême, nous sommes
envoyés par lui comme témoins dans notre monde… là où lui Jésus va se rendre.
Comprenez bien : là où nous passons, Jésus nous suit. Nous ne pensons pas
assez souvent à cela : Jésus nous suit là où nous allons. Nous sommes ses
ambassadeurs, ses précurseurs et lui est toujours avec nous.
Souvent, nous autres chrétiens nous pensons
que notre mission est de rendre notre monde plus humain, plus juste, plus
fraternel. Cela est vrai mais ce n’est là qu’un effet secondaire de notre
mission première. Notre mission première est d’abord de témoigner du Règne de
Dieu, c’est-à-dire de Jésus Christ ressuscité, de la Jérusalem nouvelle à
laquelle nous appartenons déjà par l’Esprit Saint. Nous annonçons cela, que
cela plaise ou non... Et ensuite, avec ceux qui entendent notre parole, qui
rencontrent Jésus et se laissent gagner par l’Esprit Saint, nous faisons
grandir le règne de Dieu dans le monde. C’est ainsi que ce monde devient plus
humain, parce qu’il devient d’abord plus divin, plus saint. Comme du pain
devient le Corps du Christ et le vin le Sang du Christ : à la demande de
Jésus et en mémoire de lui, nous transformons le monde par son Esprit.
Je voudrais terminer en attirant votre
attention à nouveau sur la prophétie d’Isaïe. Qui est cette femme qui nourrit
son enfant, le porte sur la hanche, qui le choie sur ses genoux, et qu’Isaïe
assimile à Jérusalem ? Et qui est cet enfant ? Un chrétien ne devrait
pas hésiter à reconnaître dans la femme la Vierge Marie et dans l’enfant, son
fils Jésus. Des représentations de Jésus porté sur la hanche de la Vierge
Marie, il y en a des millions.
Et nous, nous sommes le corps du Christ, de
Jésus, dont la Vierge Marie s’occupe, dont elle prend soin. Marie est notre
mère, comme elle est la mère de Jésus. Elle est cette Jérusalem de laquelle
nous sommes fils, à laquelle nous appartenons. Non, nous ne sommes pas seuls dans
la mission ni sans affection dans ce monde : la sainte Vierge Marie veille
sans cesse sur nous, toujours, et nous encourage à aller de l’avant. Amen.