Gn
18,1-10a ; Ps 14 ; Col 1,24-28 ; Lc 10,38-42
Chers
frères et sœurs,
Sans le Seigneur, notre vie tombe en ruine.
Je ne pense pas seulement à notre vie personnelle, mais aussi à nos familles,
notre société, jusqu’à l’ensemble de l’univers. Sans la présence du Seigneur
tout s’épuise et disparaît.
C’est le message que Jésus a voulu
transmettre à Marthe. Marthe s’agitait dans tous les sens pour le service.
Saint Luc nous dit qu’elle était « accaparée
», c’est-à-dire qu’elle ne pensait plus ni à Jésus, ni à elle-même : elle se
dispersait dans ses activités. Au fond, elle ne portait plus attention au
Seigneur. Et d’ailleurs Marthe constate son échec : elle se plaint parce que sa
sœur ne l’aide pas et que la charge de travail est trop importante. Sa suractivité
et ses récriminations sont les deux signes que Marthe n’était plus vraiment attachée
au Seigneur. Marthe est bien à ce moment la figure du monde sans Dieu. Il
déborde d’activités et il se met en colère contre Dieu et ceux qui l’aiment,
parce qu’il a l’impression d’être en esclavage. Mais c’est lui-même qui se crée
son propre esclavage en ayant évacué Dieu de son agenda !
Au contraire, Jésus explique que Marie a
choisi la meilleure part. « Assise aux
pieds du Seigneur, elle écoutait sa Parole » nous dit saint Luc. La mention
des « pieds du Seigneur »
est le signe d’une grande intimité : Marie ouvre tout grand son cœur à
Jésus. Elle a choisi ce qui est le plus important : Jésus dit : « ce qui est nécessaire ». En choisissant
celui qui donne la vie, Marie reçoit aussi, en plus, ce qui est le meilleur. Marthe
croyait qu’en donnant à manger à Jésus, c’est elle qui allait lui donner de la
vie. Mais Jésus lui répond que c’est lui la vraie vie, qui se donne, et dont
Marie se nourrit. Il faut mettre les réalités dans le bon ordre.
Ainsi, ce n’est pas nous, avec nos familles,
nos sociétés, nos activités, qui donnons de la vie à Dieu en lui sacrifiant du temps,
de l’énergie ou des moyens. Ça, c’est le paganisme qui donne des trucs à manger
à des statues de pierre.
Au contraire, c’est Dieu lui-même qui, à travers
le cœur que nous lui présentons, nous donne la vraie vie que nous ne
connaissons pas, dont nous avons faim et soif, dont tout le monde a faim et
soif. Et ensuite, nous lui offrons des choses, du temps, ou nous-mêmes, en
action de grâce.
Car le vrai Dieu est bien plus que celui qui nous
donne quelque chose à manger, mais il est celui qui se donne lui-même en
nourriture. Il nous apprend ainsi à nous donner nous-mêmes en retour, à lui et
à notre prochain.
Comment donc faire pour être plus « Marie »
que « Marthe » ? C’est tellement difficile d’arrêter nos activités pour prendre
un temps de prière. C’est tellement difficile de mettre Dieu à la première
place dans nos vies. Comment faire ?
Première piste : nous arrêter juste un petit
moment pour écouter Jésus. Ecouter Jésus, écouter la Parole de Dieu, c’est deux
choses en même temps. D’une part c’est connaître le mieux possible Jésus et sa
vie, telle qu’elle nous est rapportée dans la Bible. Et d’autre part, c’est
ouvrir entièrement son cœur à ce Jésus, qui est là avec nous quand nous le
prions dans le silence et le secret. On écoute la Parole de Dieu quand on
confronte son cœur à celui de Jésus. Or quand on a pris goût à ces moments
d’intimité avec lui, Jésus lui-même nous donne l’envie d’y revenir. Et non
seulement on trouve du temps pour lui, mais aussi même du temps pour les autres
et pour bien faire son travail.
La seconde piste pour nous aider à mettre Dieu
à la première place dans nos vies, c’est l’offrande d’action de grâce.
Dieu avait visité Abraham. En action de
grâce, celui-ci lui avait offert sa meilleure hospitalité. C’était pourtant peu
de chose et, à son tour, Dieu l’avait comblé par la naissance d’un fils : Isaac.
Plus tard, Abraham a voulu offrir Isaac lui-même à Dieu, mais Dieu l’en a
empêché et l’a comblé d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles. On
voit que l’offrande pour dire merci à Dieu génère encore plus de générosité de sa
part. Et c’est toujours plus grand !
Quant à Paul, il va plus loin si je puis
dire : en action de grâce pour l’illumination, la conversion, dont il avait
bénéficié sur le chemin de Damas, il s’est donné lui-même, personnellement, de
tout son cœur au Seigneur, dans l’évangélisation. Ainsi, pour Paul, en se
donnant ici totalement aux Colossiens, en souffrant pour eux pour leur apporter l’Evangile, il se
donne totalement à Dieu. C’est ainsi que Paul est devenu une colonne de l’Eglise
et un des plus grands serviteurs de Dieu.
Nous-même aujourd’hui, à travers le pain et
le vin que nous offrons à Dieu, c’est toute notre vie que nous lui présentons
en action de grâce. Cette vie, il la prend pour lui insuffler la sienne et nous
la rendre enrichie au centuple. Et c’est ainsi, à travers nous comme à travers
tous les cœurs qui lui sont offerts, que Dieu donne vie au monde et à tout
l’univers. Jusqu’à ce qu’il revienne. Amen.