Dt 30,10-14 ; Ps 68 ou 18b ;
Col 1,15-20 ; Lc 10,25-37
Chers frères et sœurs,
Jésus
utilise une histoire simple pour nous faire comprendre quelque chose, non pas
de compliqué, mais d’un peu subtil.
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho »,
dit Jésus. Il s’agit d’Adam, qui du Paradis chute sur la terre. Cet homme,
c’est tout homme, c’est nous.
Et
voilà qu’un prêtre puis un lévite passent par ce chemin. Jésus attaque ici les
prêtres et les lévites de son temps, qui placent l’amour du culte avant le
culte de l’amour, et l’amour de la loi avant la loi de l’amour. Ils passent
leur chemin. Ceux qui auraient pu ou dû s’arrêter pour soigner et sauver
l’homme, en pleine connaissance de cause, ne s’arrêtent pas. En quelque sorte,
ils trahissent leur vocation, leur mission.
En
effet, quand on relit ce que disait Moïse de la Loi, il ne s’agissait pas
d’obéir à la Loi pour elle-même, dans sa lettre, mais d’entendre la voix de
Dieu qui s’exprime à travers elle. C’est cela qui est subtil. La voix de Dieu
est aux prescriptions de la Loi ce que la sève est à l’écorce. Or, dit Moïse,
la voix de Dieu, elle est dans ta bouche, elle est dans ton cœur, pour que tu
la mettes en pratique. Le lieu de la voix de Dieu, c’est le cœur de l’homme.
Mais les prêtres, les lévites, ont échoué. Ils ont fait passer la lettre des
prescriptions avant l’amour qui les anime.
Il
faut donc un troisième homme, le Samaritain, c’est-à-dire à quelqu’un qui n’est
pas dans la ligne du « politiquement correct ». Le Samaritain vit l’homme
et fut saisi de compassion. C’est la compassion, l’amour, qui est le moteur de
son action. En réalité, ce Samaritain, c’est Jésus lui-même, l’amour qui vient
dans le monde pour guérir et sauver l’homme. Jésus est lui-même l’amour qui
anime la Loi, la voix de Dieu qui s’exprime dans la Loi. C’est pourquoi il en
est le maître et l’accomplissement.
Le
Samaritain commence par soigner l’homme avec de l’huile et du vin, comme on
emploie de l’huile pour le baptême et du vin pour l’eucharistie. Les sacrements
sont des remèdes pour les blessures des hommes. Puis le Samaritain, ou Jésus,
confie l’homme convalescent à l’aubergiste, c’est-à-dire à l’évêque, qui va en
prendre soin en son nom, jusqu’à ce qu’il revienne. L’auberge, c’est l’Eglise.
Jésus
a montré, à travers sa parabole, que la Loi de Dieu n’a pas à définir ce qui
est pur ou impur à ses yeux. Cela reviendrait à se demander : « qui
est mon prochain ». Il y aurait ceux qui seraient le prochain… et « les
autres ». Non. Jésus nous explique que c’est la compassion, l’amour, qui
fait de nous le prochain de ceux qui souffrent, quels qu’ils soient et qui que
nous soyons ; peu importe ce que nous sommes les uns pour les autres.
Jésus n’a fait acception de personne : il a guéri et réconcilié tout le
monde, y compris des païens. Il nous demande de nous laisser guider par ce qui
fait la sève de la Loi, c’est-à-dire l’amour, c’est-à-dire lui-même.
Nous
savons que c’est difficile en ce monde, car nous vivons dans un monde organisé,
dans lequel il y a des tensions. Aussi, nous sommes tentés de réagir comme les
prêtres ou les lévites qui passent sur le chemin de Jéricho et de faire des
choix de raison. Tandis que Jésus nous parle du Royaume des cieux où le cœur,
la compassion, a la priorité. Nous sommes les disciples de Jésus, et plus
encore nous sommes ses instruments pour notre temps : il est prioritaire
de laisser parler notre cœur.
Mais
n’oublions pas que Jésus aime en vérité et qu’il aime tout le monde.
L’assistance offerte aux uns ne peut pas se faire au détriment du bien que l’on
doit assurer aux autres. Seule une raison éclairée par l’Esprit Saint peut
commander un agir saint dans ce monde. La Sagesse… voilà la vertu que nous
devons demander sans cesse au Seigneur dans notre prière. Il ne nous la
refusera certainement pas. Amen.