mardi 12 juillet 2016

10 juillet 2016 - SOING - 15ème dimanche TO - Année C

Dt 30,10-14 ; Ps 68 ou 18b ; Col 1,15-20 ; Lc 10,25-37

Chers frères et sœurs,

Jésus utilise une histoire simple pour nous faire comprendre quelque chose, non pas de compliqué, mais d’un peu subtil.

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho », dit Jésus. Il s’agit d’Adam, qui du Paradis chute sur la terre. Cet homme, c’est tout homme, c’est nous.
Et voilà qu’un prêtre puis un lévite passent par ce chemin. Jésus attaque ici les prêtres et les lévites de son temps, qui placent l’amour du culte avant le culte de l’amour, et l’amour de la loi avant la loi de l’amour. Ils passent leur chemin. Ceux qui auraient pu ou dû s’arrêter pour soigner et sauver l’homme, en pleine connaissance de cause, ne s’arrêtent pas. En quelque sorte, ils trahissent leur vocation, leur mission.
En effet, quand on relit ce que disait Moïse de la Loi, il ne s’agissait pas d’obéir à la Loi pour elle-même, dans sa lettre, mais d’entendre la voix de Dieu qui s’exprime à travers elle. C’est cela qui est subtil. La voix de Dieu est aux prescriptions de la Loi ce que la sève est à l’écorce. Or, dit Moïse, la voix de Dieu, elle est dans ta bouche, elle est dans ton cœur, pour que tu la mettes en pratique. Le lieu de la voix de Dieu, c’est le cœur de l’homme. Mais les prêtres, les lévites, ont échoué. Ils ont fait passer la lettre des prescriptions avant l’amour qui les anime.

Il faut donc un troisième homme, le Samaritain, c’est-à-dire à quelqu’un qui n’est pas dans la ligne du « politiquement correct ». Le Samaritain vit l’homme et fut saisi de compassion. C’est la compassion, l’amour, qui est le moteur de son action. En réalité, ce Samaritain, c’est Jésus lui-même, l’amour qui vient dans le monde pour guérir et sauver l’homme. Jésus est lui-même l’amour qui anime la Loi, la voix de Dieu qui s’exprime dans la Loi. C’est pourquoi il en est le maître et l’accomplissement.
Le Samaritain commence par soigner l’homme avec de l’huile et du vin, comme on emploie de l’huile pour le baptême et du vin pour l’eucharistie. Les sacrements sont des remèdes pour les blessures des hommes. Puis le Samaritain, ou Jésus, confie l’homme convalescent à l’aubergiste, c’est-à-dire à l’évêque, qui va en prendre soin en son nom, jusqu’à ce qu’il revienne. L’auberge, c’est l’Eglise.

Jésus a montré, à travers sa parabole, que la Loi de Dieu n’a pas à définir ce qui est pur ou impur à ses yeux. Cela reviendrait à se demander : « qui est mon prochain ». Il y aurait ceux qui seraient le prochain… et « les autres ». Non. Jésus nous explique que c’est la compassion, l’amour, qui fait de nous le prochain de ceux qui souffrent, quels qu’ils soient et qui que nous soyons ; peu importe ce que nous sommes les uns pour les autres. Jésus n’a fait acception de personne : il a guéri et réconcilié tout le monde, y compris des païens. Il nous demande de nous laisser guider par ce qui fait la sève de la Loi, c’est-à-dire l’amour, c’est-à-dire lui-même.

Nous savons que c’est difficile en ce monde, car nous vivons dans un monde organisé, dans lequel il y a des tensions. Aussi, nous sommes tentés de réagir comme les prêtres ou les lévites qui passent sur le chemin de Jéricho et de faire des choix de raison. Tandis que Jésus nous parle du Royaume des cieux où le cœur, la compassion, a la priorité. Nous sommes les disciples de Jésus, et plus encore nous sommes ses instruments pour notre temps : il est prioritaire de laisser parler notre cœur.

Mais n’oublions pas que Jésus aime en vérité et qu’il aime tout le monde. L’assistance offerte aux uns ne peut pas se faire au détriment du bien que l’on doit assurer aux autres. Seule une raison éclairée par l’Esprit Saint peut commander un agir saint dans ce monde. La Sagesse… voilà la vertu que nous devons demander sans cesse au Seigneur dans notre prière. Il ne nous la refusera certainement pas. Amen.

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