Is
6,1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1Co 15,1-11 ; Lc 5,1-11
Chers frères et sœurs,
Le
Dieu qui se manifeste à Isaïe, qui multiplie les poissons pour Pierre, Jacques
et Jean, qui apparaît à Pierre, aux Douze, à cinq-cents frères, à Jacques et à
tous les Apôtres, et à Paul, c’est le même : c’est Jésus qui est Dieu, qui
parle et qui agit au nom de son Père, dans la puissance de l’Esprit Saint. Et
c’est pour cela que c’est impressionnant.
Est-ce
que c’est crédible ? Observons d’abord que, pour tous, les manifestations
du Seigneur sont précisément repérées dans l’histoire.
Isaïe
date sa vision dans le Temple précisément de l’année de la mort du Roi Ozias. Luc rapporte
l’événement survenu à Pierre, Jacques et Jean au bord du lac de Génésareth,
selon l’objectif qu’il s’est donné en commençant son évangile : « J'ai décidé, moi aussi, après m'être
informé exactement de tout depuis les origines, d'en écrire pour toi l'exposé
suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des
enseignements que tu as reçus ». Quand à saint Paul, il écrit sa
première lettre aux Corinthiens environs 20 ans après la résurrection de Jésus.
C’est dire que tous ceux qui lisent sa lettre peuvent le dénoncer comme un
imposteur ou bien confirmer exactement ce qu’il rapporte. D'ailleurs certains sont encore vivants.
A
moins d’être particulièrement retors, nous ne pouvons pas faire autrement que
prendre leurs témoignages comme des récits d’événements authentiques. D’ailleurs,
nous allons le voir, le Seigneur agit toujours de la même manière, et il
provoque des effets comparables chez ceux à qui il se manifeste, et ce, encore aujourd'hui. On peut
considérer qu’il y a trois étapes.
Premièrement,
lorsque le Seigneur déchire le ciel pour se manifester, c’est très
impressionnant. On ne peut pas l’inventer : Dieu nous « tombe
dessus » et on est pratiquement obligés de se mettre à genoux.
Chez
Isaïe, les séraphins chantent la gloire de Dieu, les portes se mettent à
trembler, le Temple se remplit de fumée. Isaïe voit le Seigneur sur un trône
très élevé et les pans de son manteau qui remplissent le Temple. La présence du
Seigneur est éclatante : il est le Dieu de l’univers, le Dieu vivant, là,
présent. Isaïe est bouleversé.
Pour
Pierre, Jacques et Jean, c’est l’impossibilité de prendre autant de poissons en
si peu de temps qui les bouleverse complètement. Le Seigneur vient de les payer
au centuple pour l’usage des barques. C’est trop. C’est beaucoup trop, pour
être vrai. Et pourtant les poissons sont bien là.
Quand
à saint Paul, il raconte les apparitions de Jésus ressuscité. Souvenez-vous,
Thomas n’y croyait pas. On peut penser que Jacques, le cousin de Jésus, non
plus n’y croyait pas, comme le reste de sa famille. Et saint Paul, grand
persécuteur de chrétiens, encore moins. Et pourtant, le Seigneur s’est présenté
vivant devant eux. Ils n’ont pas eu le choix.
Deuxième
étape : tous ont la même réaction devant le Seigneur qui se
manifeste : ils sont remplis de crainte, car ils ne sont que des hommes,
des hommes pécheurs.
Isaïe
le dit : « Malheur à moi !
Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un
peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de
l’univers ! ». Saint Pierre dit pareil : « Eloigne-toi de moi Seigneur, car je suis un
homme pécheur ! ». Lors des apparitions de Jésus, confondu devant
le Ressuscité, Thomas s’est exclamé : « Mon Seigneur et mon Dieu ! », et saint Paul avait dit,
après être tombé à terre devant la lumière venue du ciel : « Qui es-tu Seigneur ? ». Tous
sont effrayés. L’intrusion de Dieu dans la vie et l’histoire des hommes ne
s’invente pas : elle se constate, et les hommes en sont profondément
bouleversés.
Mais,
troisième étape, dans tous les cas, le Seigneur relève celui à qui il vient
d’apparaître, et il lui confie une mission. Relevé, il devient un envoyé du
Seigneur.
Isaïe
voit un séraphin prendre un charbon brûlant sur l’autel et lui purifier les
lèvres : « Ta faute est
enlevée, ton péché est pardonné » et ensuite, le Seigneur demande qui
sera son messager. Isaïe a bien compris. Il répond : « Me voici, envoie-moi ».
Jésus
dit à Pierre : « Sois sans
crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Et aussitôt, avec
Jacques et Jean, il abandonne tout pour suivre Jésus.
Et
saint Paul, qui évoque les apparitions, sait qu’à chaque fois que Jésus s’est
présenté, il disait : « La paix
soit avec vous », comme dans l’Ancien Testament l’Ange du Seigneur
disait : « Ne crains pas,
relève-toi ». C’est d’ailleurs exactement ce que Jésus a dit à Paul avant
de l’envoyer, aveugle, à Ananie. Tous ceux qui ont vu Jésus ressuscité sont
devenus des Apôtres, souvent jusqu’au témoignage du martyre. Même Jacques, le
cousin de Jésus, qui était réticent à la bonne nouvelle, est devenu le premier
évêque de Jérusalem. Il est mort lapidé pour le nom de Jésus.
Tous,
Isaïe, Pierre, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, Paul, Thomas, Jacques le
cousin de Jésus, tous, à qui le Seigneur a manifesté sa gloire, bien que
pécheurs, sont devenus des prophètes ou des Apôtres. Si leur témoignage n’était
pas crédible, nous n’en aurions même pas entendu parler 2.000 ans après.
Si
nous voulons que dans 2.000 ans, on en parle encore, il faut qu’à notre tour
aujourd’hui nous en parlions. Ces événements ont réellement eu lieu dans notre histoire.
Il n’y a pas de Juifs ni de Chrétiens autrement.
Maintenant,
célébrons l’Eucharistie comme Jésus nous a demandé de le faire. Avec Isaïe,
chantons la présence, sur l’autel, du Seigneur Trois-fois-Saint. Avec les
Apôtres confessons notre foi et notre crainte devant sa réelle présence :
« Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une
parole et je serai guéris », et lui nous relèvera, non plus par une parole,
mais par le don de son plus grand amour : lui-même, le Seigneur, en
communion. Il se donne à nous et nous envoie en mission en son nom :
« Allez dans la paix du Christ ».
A
chaque Eucharistie, chers frères et sœurs, le Seigneur Jésus est présent.