dimanche 26 mai 2024

26 mai 2024 - CHOYE - Sainte Trinité - Année B

Dt 4, 32-34.39-40 ;  Ps 32 ; Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20
 
Chers frères et sœurs,
 
L’extrait de l’Évangile que nous venons d’entendre est la finale de l’Évangile de saint Matthieu. Il exprime, en quelques lignes un message très dense : presque chaque mot compte. Mais nous pouvons souligner quelques points essentiels.
 
Lors de son apparition aux saintes femmes venues au tombeau le matin de la résurrection, Jésus leur demande d’annoncer aux Apôtres qu’ils doivent se rendre – ou plutôt se rassembler – en Galilée. Et c’est là qu’ils verront Jésus ressuscité. C’est donc ce qu’ils font : ils se rassemblent, mais non pas en Galilée : au Cénacle, où leur apparaît Jésus. La « Galilée » fonctionne ici comme un nom de code, de la même manière que « Dalmanoutha » ou « Gérasa ». D’ailleurs, en Galilée, il n’y a pas de montagne, mais des collines. Or la « Montagne », dans l’Évangile et notamment celui de Matthieu, c’est le lieu de la révélation de la Parole de Dieu : c’est l’Horeb, ou le Mont Sinaï.
Donc, la Montagne où il faut se rassembler pour y voir la Parole de Dieu vivant, c’est le Cénacle. Et c’est bien là que ceux qui virent Jésus ressuscité se prosternèrent pendant que d’autres – et nous savons que c’est saint Thomas – eurent des doutes : « Mets ta main dans mon côté, et sois croyant » devra lui dire Jésus. Ce n’est pas pour rien que Matthieu précise ensuite que « Jésus s’approcha d’eux » pour leur adresser la parole : le corps joue toujours un grand rôle dans les apparitions. Observons aussi que les Apôtres qui se sont rendus au point de rassemblement, agissent comme les Rois mages ou les bergers qui se sont rendus à Bethléem, et ils se prosternent devant Jésus, aujourd’hui premier-né d’entre les morts. Dans certains manuscrits, il est écrit : « ils l’adorèrent ». Mais « se prosterner » et « adorer », c’est la même chose. Ainsi, comme les Mages, les Apôtres reconnaissent Jésus en tant que Dieu.
 
Je m’arrête ici une seconde pour vous faire remarquer qu’à la messe c’est pareil. Nous sommes convoqués par Jésus « en Galilée », c’est-à-dire à l’Église, en Église rassemblés. Là, nous sommes sur la « Montagne », pour y écouter la Parole de Dieu. Et même voir le corps de Jésus ressuscité, et l’adorer, dans l’Eucharistie, et même y communier physiquement. Nous sommes les Rois mages ou les bergers, nous sommes les Apôtres, et Jésus, le Verbe de Dieu, est toujours vivant et présent devant nous dans son corps ressuscité.
 
Ici Jésus dit deux choses à ses Apôtres.
La première est que « tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ». Il s’agit ici de l’annonce de la réalisation de la prophétie de Daniel, où le Fils de l’Homme est monté au ciel, s’asseoir à la droite de Dieu et recevoir de lui la Royauté sur le ciel et la terre. Cela veut dire que l’offrande que Jésus fait de lui-même pour le salut du monde, est agréée par le Père. Si donc cette offrande est agréée, alors l’Esprit Saint peut être répandu sur le monde. C’est le pouvoir dont parle Jésus. Voyez ici l’œuvre du Dieu-Trinité : le Fils s’offre à son Père, qui répand l’Esprit sur le monde. Mais Père, Fils et Esprit sont inséparables : ils sont un seul Dieu. D’ailleurs, nous allons le voir et les voir à l’œuvre.
C’est la seconde chose que Jésus dit à ses Apôtres : « Faites des disciples, baptisez-les, apprenez-leur à observer ce que je vous ai commandé. » Il y a ici trois ordres, très différents, mais inséparables. « Faites des disciples », c’est une action prophétique d’annonce de la Parole, de l’Évangile ; « Baptisez-les », c’est une action liturgique, sacerdotale, une action de Dieu par le moyen des sacrements, et « Apprenez-leur à observer ce que je vous ai commandé », c’est une action morale, une manière de vivre de manière juste, sainte, une action royale. Vous avez reconnu les traits de tous les baptisés au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qui sont consacrés à Dieu comme prêtre, prophètes et roi par l’onction du Saint-Chrême. Et les actes d’annoncer, célébrer et gouverner sont les actes propres des Évêques, successeurs des Apôtres.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que l’action de l’Esprit Saint répandu dans le monde se manifeste, se rend presque visible et même palpable, par les actions des Évêques et de tous les baptisés, par l’action de l’Église qui évangélise, qui célèbre la liturgie et les sacrements et qui enseigne à vivre en ce monde une vie droite, une vie sainte. Et c’est bien pour cela que Jésus dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », car là où est l’Église, – là est l’eucharistie où l’on annonce la Parole, où l’on adore Dieu présent, dans une vie sainte et pour mener une vie sainte, – là est le Christ Jésus vivant.
 
Chers frères et sœurs, c’est là, qu’on s’aperçoit que notre Dieu n’est pas un Dieu qui nous soit étranger, extérieur. Jésus nous a appris qu’il y avait en lui un mouvement, une vie, entre trois personnes : le Père qui engendre son Fils dans l’Esprit ; le Fils qui offre sa vie (l’Esprit qu’il a reçu) à son Père ; pour que nous nous puissions recevoir du Père ce même Esprit qui fait de nous des fils… et nous retrouver ainsi nous-mêmes comme en communion dans cette vie divine, dont nous témoignons dans le monde par l’Évangile que nous annonçons, les sacrements que nous célébrons et la vie sainte que nous menons, selon notre baptême au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

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