Jl
2, 12-18 ; Ps 50 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6,1-6.16-18
Chers
frères et sœurs,
Vous
connaissez le commandement du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit – et ton
prochain comme toi-même. » Le temps du carême nous est donné, comme un
exercice annuel, pour nous conformer à ce commandement avec plus
d’intensité : montrer plus d’amour pour notre Dieu, et plus de charité
envers notre prochain, les deux se vérifiant l’un l’autre, mutuellement.
Ainsi,
Jésus nous propose de poser des actes de pénitence – à l’égard du prochain –
qui sont en même temps des actes d’amour pour Dieu, des actes de culte. En
effet, l’aumône doit être faite dans le secret et non sur les places, la prière
doit se faire dans l’endroit le plus retiré de sa maison, et le jeûne doit être
caché par un parfum. Il s’agit ni plus ni moins qu’un décalque des prières du
Temple de Jérusalem. On commence par entrer dans le Temple, zone sacrée,
séparée de l’espace public : on entre dans l’espace secret réservé à
Dieu. C’est l’espace de l’aumône, des
gestes extérieurs. Ensuite, on entre dans le Temple lui-même, où seuls les
prêtres peuvent aller. Et c’est le lieu de la prière, où se trouvent le grand
candélabre à sept branches et l’autel des offrandes. Enfin, nous entrons dans
le Saint-des-Saint, là où se trouve la Présence de Dieu, où seul le Grand
Prêtre peut rentrer une fois par an pour la célébration du Grand Pardon. Et là
se trouve la nuée, la gloire lumineuse de Dieu, le parfum de sa présence. C’est
le lieu du jeûne, d’une part parce que là on n’offre plus des choses
extérieures comme au début, ni même des prières, mais on s’offre soi-même tout
entier. Et d’autre part, on n’a pas besoin d’être nourri d’une nourriture
terrestre, parce que c’est Dieu lui-même qui se fait notre nourriture, une
nourriture céleste. Dans le Saint-des-Saints, en présence de Dieu, on est entré
en réalité dans sa communion.
Qu’est-ce
que cela veut dire pour nous ? Nous pouvons faire trois observations.
La
première est que faire des actes d’aumône, de prière et de jeûne, sont des
actes de prêtres. Et nous pouvons tous les réaliser en vertu de notre baptême,
qui nous a fait prêtres, prophètes et rois. Nous avons vu aussi que ces actes
tracent un chemin, une progression, qui va toujours plus profondément dans le
secret du Temple, jusqu’à la Présence de Dieu lui-même.
La
seconde observation est que ces actes de culte envers Dieu sont en même temps
des actes d’amour à son égard et de charité à l’égard du prochain,
inséparablement. Cela veut dire que plus l’on progresse dans le Temple, plus on
va au cœur de l’amour et de la charité. Et la communion de Dieu, sa Gloire, sa
Présence n’est autre que l’Amour dans sa plus grande intensité.
La
troisième observation est peut-être la moins évidente, elle n’est pourtant pas
moins importante. Ce chemin de culte de Dieu et de charité à l’égard du
prochain nous révèlent à nous-mêmes et nous construisent intérieurement en
sainteté. En effet, plus nous approchons de Dieu, plus nous avons de charité
envers le prochain, plus nous sommes purifiés du vieil homme et plus nous
sommes habités par la grâce de Dieu. Dieu, par l’Esprit Saint, nous conforme de
plus en plus au véritable Grand Prêtre, Jésus-Christ, qui par sa Croix et par
amour pour nous, est entré dans le vrai Saint-des-Saints du Ciel, pour nous
obtenir le pardon de nos péchés et la vie éternelle.
Ainsi,
le carême a pour spécificité de nous purifier de nos péchés et de nous
rapprocher de Jésus, pour devenir vraiment des fils et des filles bien-aimés de
Dieu.
En
définitive, on devrait avoir envie d’être tout le temps en carême ! Mais
bien sûr : le carême nous conduit à Pâques, où nous offrant nous-mêmes
avec Jésus sur la Croix, nous participons aussi à sa Résurrection et à son
entrée dans la Gloire de l’amour du Père et de la communion des saints. C’est
le but de la vie chrétienne.
Je
nous souhaite un bon pèlerinage de carême, une bonne route vers la joie
Pâques !