Lv
13, 1-2.45-46 ; Ps 31 ; 1 Co 10, 31 – 11, 1 ; Mc 1, 40-45
Chers
frères et sœurs,
Nous
poursuivons notre lecture du premier chapitre de l’Évangile selon saint Marc.
Il va de soi que ce chapitre forme un ensemble cohérent et qu’il faut lire
l’extrait de ce dimanche en lien avec ce qui le précède.
Souvenez-vous :
Jésus après avoir appelé ses disciples est allé prêcher à la synagogue de
Capharnaüm, où il a parlé avec autorité et chassé un esprit impur. Il s’est
ensuite rendu chez Pierre dont il a guéri la belle-mère. Puis le soir venu, car
c’était un jour de sabbat, les habitants de la ville se sont pressés pour se
faire guérir ou exorciser par Jésus. Après la nuit, au lever du Jour –
c’est-à-dire le dimanche matin, Jésus était absent, parti dans le désert pour
prier. Pierre et les autres disciples le cherchaient. Et quand ils l’ont
retrouvé, Jésus leur annonce qu’ils quittent Capharnaüm pour aller dans les
villages voisins de la Galilée.
Nous
avons là un résumé de la mission de Jésus : il commence par vouloir
annoncer l’Évangile aux Juifs – à la Synagogue. Il leur parle avec autorité et
renvoie les hypocrites. Ensuite, il guérit la vieille femme, la mémoire
d’Israël, et bientôt tous les habitants de la ville – l’image de Jérusalem, ou
d’Israël dans son ensemble. On passe ensuite par la Passion de la nuit du
samedi au dimanche – jour de la résurrection. Ce n’est pas pour rien, en effet,
que Pierre et les autres disciples cherchent Jésus au petit matin. Et là, Jésus
leur annonce qu’ensemble, ils vont annoncer l’Évangile dans d’autres villes,
c’est-à-dire jusqu’au bout du monde. Et
c’est alors qu’ils rencontrent le lépreux.
Le
lépreux n’est donc probablement pas un juif. C’est un homme païen. C’est tout
homme. Celui-ci fait entendre son cri déchirant : « Si tu le veux,
tu peux me purifier ! » Jésus est bouleversé jusqu’aux
entrailles, car dans cette rencontre en réalité, c’est Dieu qui vient de
retrouver Adam. Il vient de retrouver sa brebis perdue : l’homme créé à
son image, mais défiguré par le péché, ayant perdu la ressemblance des fils de
Dieu. « Si tu le veux, tu peux me purifier ! » Ce cri est
celui du malade qui demande à être guéri, du pécheur qui demande à être libéré,
du mort qui demande à être ressuscité, le cri d’Adam qui veut revenir au
Paradis.
Selon
la Loi de Moïse, en tant qu’homme et juif pieux, Jésus n’a pas le droit de le
toucher. Mais il peut le faire en tant que Dieu. Car le Législateur est maître
de la Loi et le Dieu Créateur peut régénérer sa créature. La guérison du
lépreux ne dépend donc que de son bon vouloir. Or telle est la volonté du
Père : « Je ne prends plaisir à la mort de personne, – oracle du
Seigneur Dieu – : convertissez-vous, et vous vivrez. », parole que
saint Pierre redira à la Pentecôte : « Convertissez-vous, et que
chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés
; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. » Vous recevrez la Vie.
Comment,
devant cet homme tombé à genoux à ses pieds – confessant ainsi sa pauvreté et
sa détresse, Jésus ne peut-il pas vouloir ce que veut son Père ? Il le
touche et le guérit : il lui rend la vie.
Aussitôt
Jésus lui parle « avec fermeté » et le « renvoie ».
La traduction est plutôt faible... Le texte dit : il
« l’engueule » et le « jette dehors ». Comme si Jésus était
furieux d’avoir été pris au piège de sa propre miséricorde ! Peut-être que
les choses vont trop vite, comme à Cana : son Heure n’est pas encore
venue. Cependant il demande à l’homme deux choses : d’aller se montrer au
prêtre, et de faire l’offrande prévue par la Loi de Moïse en cas de guérison.
C’est
très intéressant. Jésus demande à tout homme de faire constater sa guérison, sa
conversion, sa résurrection, par l’autorité religieuse – ici le prêtre de
Jérusalem – et de faire une offrande d’action de grâce. Cela revient à ce que
disait saint Pierre : « convertissez-vous, soyez baptisés pour le
pardon de vos péchés, et vous recevrez l’Esprit Saint », c’est-à-dire vous
recevrez la communion au Corps et au Sang de Jésus, le fruit de l’offrande
d’action de grâce par excellence. « Et ce sera pour les gens un
témoignage. »
Malheureusement,
c’est ce que l’homme ne fait pas. Il a reçu la miséricorde de Dieu et il
n’obéit pas au commandement de Jésus. Ce qui a pour conséquence que Jésus doit
faire retraite et se cacher : il ne peut plus revenir dans les villes
d’Israël. La désobéissance de ce lépreux a eu pour conséquence que les juifs
ont rejeté les chrétiens, et que le peuple de Dieu s’est divisé. Mais le monde
entier a appris et a voulu recevoir à son tour la miséricorde de Dieu pour le
pardon de ses péchés, et la vie éternelle. C’est que, malgré tout, la volonté
de Dieu se fait : devant lui seul nous devons et nous pouvons nous
prosterner car, comme le dit saint Pierre aux Grands Prêtres : « En
nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est
donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »