dimanche 4 février 2024

04 février 2024 - PESMES - 5ème dimanche TO - Année B

Jb 7, 1-4.6-7 ; Ps 146 ; 1 Co 9, 16-19.22-23 ; Mc 1, 29-39
 
Chers frères et sœurs,
 
Après avoir appelé ses premiers disciples Pierre et André, Jacques et Jean, Jésus s’est rendu à la synagogue de Capharnaüm où il s’est fait remarquer par sa parole d’autorité, supérieure à celle des scribes, capable même d’en imposer aux esprits impurs. C’était le jour du sabbat, donc un samedi.
Sortant de la synagogue, Jésus s’est rendu à la maison de Pierre et André où il guérit la belle-mère de Pierre. Ce n’est qu’après le coucher du soleil, quand le temps du sabbat fut terminé, que les gens vinrent à Jésus pour se faire guérir. En effet, pour un juif pieux, soigner des malades est une activité humaine qu’on ne pratique pas durant le temps du sabbat. Puis est arrivée la nuit à la fin de laquelle Jésus s’est retiré dans un endroit désert pour prier. Le dimanche matin, les disciples l’ont cherché, et quand ils l’eurent retrouvé, Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins afin que là aussi je proclame l’Évangile. » 
Voilà donc ce qu’il s’est passé. Il y a deux observations à faire.
 
La première est que le récit s’articule autour du passage du samedi au dimanche, du jour du sabbat au jour de la résurrection. Et de fait, on peut et on doit lire ce récit en ayant à l’esprit ce qu’il se passe durant la passion, la mort et la résurrection de Jésus.
Le plus explicite est ce qu’il se passe le dimanche matin : Jésus a disparu et les disciples – à commencer par Pierre – le recherchent, tout comme ils vont chercher Jésus au tombeau vide le dimanche de la résurrection. « Tout le monde te cherche », dit Pierre : en effet ! Mais quand ils ont retrouvé Jésus, c’est comme à la Pentecôte : pour aller dans les villages voisins, pour aller jusqu’au bout du monde.
 
La seconde observation que l’on peut faire du récit de saint Marc, est qu’il y a une progression qui part de la Synagogue de Capharnaüm, puis à la maison de Pierre, avec un temps d’intimité, avant d’y accueillir la ville entière. Et puis, après la nuit du samedi au dimanche, on quitte Capharnaüm pour parcourir la Galilée.
Cette progression annonce parfaitement la mission de Jésus adressée d’abord aux hommes pieux d’Israël, Grand prêtres, scribes et pharisiens – les hommes du Temple ou de la Synagogue.
Ensuite, Jésus s’adresse au peuple d’Israël, dans l’intimité de sa maison ou de son cœur. Il est remarquable ici qu’il va y guérir une vieille femme – l’âme de la maison, de la famille, sa mémoire. La belle-mère de Pierre est comme la vieille prophétesse Anne qui était nuit et jour à prier dans le Temple. Elle est aussi Marie qui priait : « Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais. »
Et il est normal qu’ayant guéri le cœur, le reste du corps vienne aussitôt demander lui aussi sa guérison. Ainsi tous les habitants de Capharnaüm, de la ville – c’est-à-dire l’image de Jérusalem, de l’ensemble d’Israël – viennent à Jésus pour trouver auprès de lui le réconfort. Ce faisant, Jésus chasse aussi les démons – et on se souvient de ses controverses avec certains scribes et pharisiens qui ne comprennent pas ou qui s’opposent à sa mission. Il les renvoie, leur ferme la bouche. Nous le savons, la confrontation est si violente qu’elle conduit Jésus à sa Passion : vient la nuit et Jésus se retire dans le désert, comme après sa mort il descend aux enfers.
Arrive alors la dernière étape, celle de la résurrection et, avec les Apôtres, la proclamation de l’Évangile à toute la Galilée, c’est-à-dire au-delà de la Synagogue, au-delà de la famille d’Israël et de Jérusalem, en direction de toutes les nations.
 
Ainsi donc, la première prédication de Jésus à Capharnaüm puis en Galilée fonctionne soit comme une prophétie de la grande mission de Jésus pour toute l’humanité, d’abord pour le Peuple d’Israël puis ensuite à toutes les nations, mais aussi comme une forme de répétition générale, où l’on commence d’abord par faire en petit ce qu’on va ensuite faire en grand.
 
Il y a là un enseignement pour nous. Nous autres baptisés, nous avons vocation à annoncer l’Évangile au monde entier. C’est la mission que nous avons reçue de Jésus depuis la Pentecôte. Évidemment, nous ne sommes pas tous ni saint Ferreol et saint Ferjeux, ni saint Colomban, ni saint François-Xavier… mais nous pouvons faire en petit, à notre mesure, ce que eux ont fait en grand. Ce sont les deux piécettes déposées par la vieille femme dans le tronc du Temple de Jérusalem. Elles avaient plus de valeur que les fortunes laissées en oboles par des gens bien plus riches qu’elle. Si donc nous annonçons l’Évangile de grand cœur, servant le Seigneur comme la belle-mère de Pierre, jour et nuit comme  la prophétesse Anne, et faisant du bien à notre prochain, à le guérir et à chasser ses démons, alors ce que nous faisons en petit aura autant de valeur, si ce n’est plus avec l’aide de l’Esprit Saint, que ce que peuvent faire les plus grands apôtres. 

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