lundi 9 octobre 2023

07-08 octobre 2023 - COURCUIRE - VELLEXON - 27ème dimanche TO - Année A

Is 5,1-7 ; Ps 79 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43
 
Chers frères et sœurs,
 
La signification de la parabole de Jésus est claire. Le Maître de la vigne, c’est Dieu le Père ; sa vigne c’est son peuple Israël, mais qu’avec Jésus on peut étendre à l’humanité ou à la création tout entière, qui a vocation à devenir le Royaume des cieux. D’après saint Irénée de Lyon et saint Éphrem, la clôture, c’est la Loi de Moïse, le pressoir c’est le Temple, et la tour de garde, c’est Jérusalem. Les vignerons sont les prêtres et les anciens du peuple. Et le Maître, c’est-à-dire Dieu le Père, attend le produit de sa vigne c’est-à-dire la récolte.
En Israël, la fête de la récolte c’est Soukkot : la fête des Tentes. C’est la Fête par excellence qui anticipe le jour où tout Israël, mais aussi toutes les nations, convergeront vers Jérusalem pour y adorer le Seigneur dans son Temple et être favorisé par lui de ses bénédictions. Soukkot est une ascension vers Dieu, dans sa gloire, pour recevoir de lui son Esprit Saint.
En définitive, le problème ici est que les prêtres et les anciens semblent refuser de remettre les fruits de la vigne au Maître, c’est-à-dire les louanges qui reviennent légitimement à Dieu et qui sont portées à lui par ses serviteurs, c’est-à-dire les anges. Prêtres et anciens refusent à Dieu l’adoration qui lui est due.
 
De ce fait, Dieu le Père envoie auprès de ces vignerons des serviteurs successifs. J’ai évoqué les anges, mais dans l’esprit de Jésus, ce sont aussi les prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Amos… et aussi Jean-Baptiste. Tous ont été persécutés ou tués. Le Père envoie alors son Fils Jésus, dont il espère qu’ils le recevront avec égard.
Nous voyons ici dans l’enseignement de Jésus qu’il n’est pas question de renverser la clôture, détruire le pressoir ou la tour de garde, ni même de renvoyer les vignerons, mais seulement de recevoir les fruits de la vigne. Dieu attend et espère toujours que, par Jésus, les grands prêtres et les anciens se convertiront pour que Israël et le monde, et la toute la création, produisent leurs fruits d’adoration et de louange – pour la grande fête !
Mais ceux-ci se saisissent du fils, le jettent hors de la vigne et le tuent. Jeté hors de la vigne : c’est-à-dire condamné par la Loi, exclu du Temple et expulsé de Jérusalem. Ainsi Jésus a-t-il été condamné par le Sanhédrin, banni d’Israël, crucifié et enterré à l’extérieur des murs de la ville. Ici Jésus prophétise ce qui va lui arriver bientôt.
 
Le plus étonnant est que les grands prêtres et les anciens énoncent eux-mêmes leur propre condamnation : « Ces misérables, le Maître les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons qui lui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus cite alors dans les Écritures le psaume 117 où il est question de sa résurrection : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » et il annonce l’Église : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » À l’Église est confiée la mission des vignerons : à elle d’entretenir la vigne et d’en présenter les fruits pour le jour de la fête du Seigneur.
 
Nous pouvons noter ici trois points utiles pour nous.
 
Le premier a trait aux Écritures. Jésus dit aux prêtres et aux anciens : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures » Pour les Juifs, pour Jésus, pour les Apôtres et les évangélistes, les Écritures, ce sont les livres de la Torah – Genèse, Exode, Lévitique, Nombre et Deutéronome –, les livres des Prophètes, et les Psaumes. C’est ce que nous appelons maladroitement l’Ancien Testament. Il n’y a pas d’autres Écritures. Ce que nous appelons le Nouveau Testament, c’est l’Évangile de Jésus Christ, c’est-à-dire sa vie et son enseignement, en quatre récits complémentaires, puis l’histoire des Actes des Apôtres, le livre de l'Apocalypse et des lettres. Les Écritures prophétisent l’Évangile et l’Évangile est la réalisation des Écritures. Les deux vont ensemble et ne peuvent se lire et se comprendre qu’ensemble. D’ailleurs le Maître de la vigne est le même maître de tous : des premiers vignerons, des serviteurs, de son fils et des nouveaux vignerons. La vigne est toujours au même endroit : elle est entourée d’un mur, équipée d’un pressoir et gardée par une tour.
 
Justement, et c’est mon deuxième point, l’Église a été comparée par les premiers chrétiens à une construction, à un pressoir et à une tour. Baptisés, nous sommes les pierres de la construction ; la croix est un pressoir d’où sort le sang de Jésus – comprendre que le sacrifice de Jésus sur la Croix est la source de la grâce du pardon et de la vie nouvelle – le vin nouveau. C’est justement ce sacrifice que l’Église renouvelle sans cesse par la célébration de l’eucharistie. Et l’Église est une tour vigilante, une ville nouvelle, qui défend  contre les dangers du mauvais et protège la paix de ce qui est bon. Je parle ici de l’Église véritable qui est celle des Apôtres et des saints.
 
Ainsi – troisième et dernier point – mesurons le fait que chacun de nous, en vertu de son baptême, est un vigneron du Royaume. Il nous revient, par notre prière et notre travail, de bonifier la vigne là où nous sommes, et d’en présenter les fruits à notre Dieu, le jour prochain où il viendra, c’est-à-dire maintenant.

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