jeudi 17 août 2023

15 août 2023 - CHARCENNE - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année A

 Ap 11,19a ; 12, 1-6a.10ab ; Ps 44 ;1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56
 
Chers frères et sœurs,
 
Comme chaque année, les lectures et l’évangile que nous écoutons nous impressionnent, quelquefois nous irritent, tellement les réalités qu’ils décrivent nous paraissent lointaines. Et pourtant... Nous devrions savoir que, dans les Écritures et dans les évangiles, la Bienheureuse Vierge Marie est la figure de l’Église par excellence. Nous pouvons à bon droit la chanter comme la « première en chemin », car nous sommes tous en elle comme ses enfants, et elle nous précède là où nous avons vocation d’être, c’est-à-dire au ciel.
 
Ainsi, nous voyons dans le livre de l’Apocalypse Marie qui enfante. Elle enfante évidement Jésus et le dragon rouge feu n’est autre que le roi Hérode, qui veut mettre à mort l’innocent. Nous savons que Jésus lui échappe. Et c’est bien lui, Jésus, qui, finalement, lors de son Ascension, détruisant toutes les puissances de mort, vient s’asseoir à la droite de Dieu son Père.
Cependant, par le baptême, Marie-Église nous enfante nous aussi, tous les baptisés, qui sommes frères et sœurs de Jésus, et ce depuis la Pentecôte jusqu’à la fin des temps. Et il est un autre dragon rouge feu qui veut aussi nous détruire. Car comme Jésus dérangeait les puissances de son temps, nous sommes aussi des signes de contradiction pour les idéologies de notre temps. Nier ou oublier qu’il existe de par le monde et en tous temps des puissances nuisibles à fuir ou à combattre, est faire preuve, sinon d’un angélisme irresponsable et coupable, en tous cas d’un assez sérieux manque de discernement.
 
Dans le psaume, nous retrouvons la jeune fille, parée de ses bijoux, qui vient se présenter devant le roi : c’est une jolie mariée attendue par son époux, qui entre dans son palais en procession. Mais bien sûr, c’est Marie qui en son Assomption fait son entrée dans le ciel, accompagnée de toutes les saintes femmes comme elle, qui lui font cortège. Et les anges. « Le roi sera séduit par ta beauté », et comment : Marie est l’Immaculée conception. Il n’y a en elle aucun péché : elle est toute sainte. Elle est resplendissante.
Bien évidemment, ce psaume chante aussi l’entrée dans les cieux de Marie-Église : cette joie dans le ciel éclate quand la foule des saints et des saintes de Dieu fait son entrée au fil des temps. N’oublions pas que nous sommes – chacun de nous – saints et saintes depuis notre baptême : nous avons été sanctifiés par le saint-chrême, nous avons reçu la lumière, nous avons revêtu le vêtement blanc de l’innocence. Certes, nous sommes parfois un peu ébréchés, mais Dieu ne retire jamais les dons qu’ils a faits. Saints nous le sommes et nous le seront toujours aux yeux de Dieu, même s’il faut faire un peu de confessionnal ou de purgatoire avant d’entrer à notre tour dans le palais du roi.
 
C’est là, dans leur maison, qu’en présence d’Elisabeth sa cousine et de Zacharie, que Marie chante le Magnificat. Elle exulte parmi les patriarches et les prophètes, représentés par Zacharie, et parmi toutes les saintes femmes d’Israël : Sara, Rachel, Léa, Déborah, Esther, mais aussi Marie-Madeleine, Anne, et Jeanne, et j’en oublie, représentées par Elisabeth. La maison de Zacharie est une figure du Temple de Jérusalem : elle est une figure du ciel.
Et il en va de même pour Marie-Église, qui exulte de joie dans les cieux, en présence de tous les saints et saintes de Dieu, et tous les anges et les archanges, et toutes les puissances des cieux. C’est ainsi que lorsque nous entrons en procession dans l’Église à la messe, que nous sommes réunis nombreux, que nous chantons de tout notre cœur des hymnes de joie et des psaumes, nous représentons l’Église du ciel : Marie-Église qui exulte de joie, c’est nous, à chaque messe.
 
Et le Magnificat dit qui nous sommes. Nous sommes les humbles serviteurs du Seigneur, parce qu’il a fait pour nous des merveilles. Devant la grandeur de son Nom, c’est-à-dire l’impressionnante puissance de sa divinité, nous sommes si petits, parfois si misérables. Mais c’est alors qu’il nous fait miséricorde : il prend soin de chacun de nous comme son bien le plus précieux, la perle de grand prix. Ainsi, si nous sommes méprisés, il nous grandit ; si nous avons faim, il nous rassasie ; si nous tombons, il nous relève, car, comme Marie est la Bien-aimée du Cantique des Cantiques, de même le Seigneur notre Dieu nous a aimé, nous aime et nous aimera toujours. Voilà l’Évangile.

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