dimanche 27 août 2023

26-27 août 2023 - APREMONT - GRAY - 21ème dimanche TO - Année A

Is 22,19-23 ; Ps 137 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Comme nous le savons, après la mort de Jean-Baptiste, les foules ont voulu faire de Jésus leur roi en Israël. Et de fait, il est le descendant légitime du roi David. Mais Jésus a voulu les détromper : il n’a pas d’avenir politique sur la terre. Au contraire, s’il est roi, c’est plutôt du Royaume des Cieux, en tant que Fils de Dieu, son Père.
 
Du coup, les gens sont un peu perturbés : ils ne savent pas vraiment qui est Jésus. Jean-Baptiste, Elie, Jérémie, l’un des prophètes… ils identifient bien qu’il est un homme de Dieu – un homme de Dieu important même – mais cela reste confus. C’est un peu comme si on faisait un sondage sur Jésus aujourd’hui : on aura des Jésus révolutionnaires, socio-démocrates, un peu écolo et LGBT, voire même ayant quelques ressemblances avec Bouddha… Bref un Jésus qui ressemble à tout ce qui existe sur la terre d’un peu à la mode, mais qui n’est pas vraiment lui-même, qui nous reste mystérieux, comme il restait mystérieux pour les foules de Galilée, à l’époque.
 
Simon-Pierre prend la parole et répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Ici, ce n’est pas tant le fait qu’il donne la bonne réponse qui est important, mais ce qu’en dit Jésus : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » Première observation : connaître Jésus, savoir qui il est, est une Béatitude : « Heureux es-tu ! » s’exclame Jésus. C’est une grâce. Seconde observation : la connaissance de Jésus n’est pas une connaissance purement rationnelle, scientifique, mais elle est une connaissance par illumination, révélation. C’est d’ailleurs ce qu’explique Jésus : « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » Voilà donc quel est le mode de la vraie connaissance de Jésus : c’est une révélation qui vient du Père. Toutes les autres formes de connaissance sont au pire des projections fausses, des idoles, au mieux des connaissances partielles.
 
Jésus, ayant reconnu en Pierre cette illumination qui lui a donné une vraie connaissance de son identité, lui annonce que sur lui, Pierre, il bâtira son Église. L’Église est bâtie sur la foi de Pierre en tant qu’elle est illuminée par Dieu lui-même. L’Église n’est pas une construction qui a des fondations humaines, mais des fondations révélées. Ils se trompent donc, ceux qui conçoivent l’Église comme une assemblée générale, un parti politique, une association militante ou même une confrérie religieuse adaptable à toutes sortes de religions. L’Église véritable est au contraire une construction qui vient de Dieu lui-même, qui est une anticipation sur terre du Royaume des Cieux. Elle ne ressemble à rien de ce que nous connaissons humainement sur la terre : elle est un sacrement.
 
On arrive ici à une difficulté, qui nous embarrasse : c’est que l’Église elle-même rencontre donc nécessairement les mêmes incompréhensions et est confrontée aux mêmes épreuves que celle rencontrées par Jésus lui-même au cours de sa vie terrestre. Et si ce n’est pas le cas, si l’Église se fait caméléon selon les revendications à la mode, pour éviter les contradictions, alors elle n’est plus « de Dieu », mais elle devient « des hommes » : dès lors, elle n’est plus l’Église du Christ, mais une imitation dévoyée, qu’un disciple du Christ doit dénoncer sans état d’âme.
 
Au bout du compte, qu’est-ce qui est important ?
D’abord prier sans cesse pour demander à Dieu, notre Père, qu’il nous donne « notre pain de ce jour », c’est-à-dire sa révélation, son illumination, pour que jamais son Église ne s’égare ou ne se dénature ici-bas, mais qu’elle demeure toujours l’Église vivante de Jésus-Christ.
Et ensuite, justement, s’attacher viscéralement à ce « pain de ce jour » : l’Eucharistie qui fait l’Église et que l’Église fait en célébrant la messe, en n’oubliant jamais que la messe, dans l’Église, est toujours et d’abord celle célébrée par l’Évêque successeur des Apôtres, dont la foi est illuminée par Dieu comme l’a été celle de Pierre.
Tout se tient.
 
Ainsi Credo, Évêque, Eucharistie et Église ne doivent jamais aller séparément. Il n’y a que dans une telle Église, révélation et sacrement reçus de Dieu, Église souvent incomprise par les hommes, que nous sommes certains de pouvoir accéder à la vraie connaissance de Jésus, et par lui, d’accéder à la Béatitude du Royaume des cieux.

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