Ac
13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10,27-30
Chers
frères et sœurs,
En
écoutant les lectures des Actes des Apôtres, de l’Apocalypse puis de
l’Évangile, nous avons suivi un enseignement progressif sur l’objectif que le
Seigneur a pour notre humanité.
Dans
les Actes, nous voyons Paul et Barnabé se heurter à l’opposition d’une
partie des Juifs. Une partie seulement car « beaucoup de Juifs et de
convertis au Dieu unique » sont devenus chrétiens. Mais devant cette
opposition, et leur expulsion d’Antioche de Pisidie qui s’en est suivie, Paul
et Barnabé ont déclaré qu’ils se tourneraient dès lors vers les nations
païennes, pour leur annoncer l’Évangile.
Il
ne faut pas croire que Paul et Barnabé auraient décidé à ce moment qu’ils
n’annonceraient plus l’Évangile aux Juifs. En réalité, Paul a toujours commencé
par annoncer la Bonne Nouvelle dans les synagogues. Mais lorsqu’il y
rencontrait une opposition, alors seulement il se tournait ensuite vers les
païens. Il faut comprendre que l’Évangile doit être annoncé à tous les hommes,
à commencer par les Juifs, qui sont les premiers héritiers et destinataires des
promesses de Dieu.
Dans
le livre de l’Apocalypse, saint Jean a la vision d’« une foule
immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes tribus, peuples et
langues », qui se tient devant le trône de Dieu, notre Père, et devant
l’Agneau, c’est-à-dire Jésus. Cette foule est la part de l’Église qui est au
ciel. On la reconnaît au fait que ses membres portent le vêtement blanc des
baptisés. Ce vêtement est aussi celui des prêtres qui adorent le Seigneur, et
c’est bien la vocation de chaque chrétien. Plus encore ce vêtement a été lavé
et blanchi par le sang de l’Agneau, c’est-à-dire par l’Esprit Saint. La foule
est donc composée des baptisés qui sont remplis de l’Esprit-Saint, purifiés par
lui. Ce sont les saints.
Il
est bon d’observer que lorsque nous sommes réunis pour une messe, nous
reproduisons sur la terre et nous participons ainsi à la réalité que saint Jean
voit dans le Ciel. Nous sommes, nous les baptisés de la terre, la foule
immense, qui vient de plusieurs villes et villages, qui se tient devant l’autel
où se trouvera bientôt l’Agneau de Dieu, pour que nous puissions l’adorer et communier
à lui. En fait, la messe nous rappelle que lorsqu’on est chrétien, il n’y a pas
d’autre séparation entre la terre et le ciel que le voile de la mort, celui qui
a été déchiré par la résurrection de Jésus pour y laisser passer la vie.
Justement,
dans l’Évangile, nous entendons maintenant Jésus nous apprendre en quoi
consiste cette vie. Jésus rappelle d’abord quel est le chemin qui conduit à
lui : pour commencer, il faut écouter sa voix. C’est l’épreuve de la
première lecture : il faut d’abord accueillir l’Évangile annoncé par les
Apôtres et les disciples de Jésus. Alors, à ceux qui sont devenus croyants, Jésus
déclare qu’il les « connaît ». Voilà le baptême qui fait d’eux
des fils et des filles de Dieu, des frères et des sœurs de Jésus, membre d’une
même famille. Équipés du vêtement blanc, les baptisés peuvent ensuite, suivre
Jésus sur son chemin qui conduit au Ciel, et lui, leur donner la vie éternelle.
C’est la deuxième lecture, où on retrouve la foule immense des baptisés réunis
autour du Trône de Dieu pour y recevoir sa vie.
Mais
alors, maintenant, quelle est cette vie ? Jésus répond ainsi :
« Jamais mes brebis ne périront, et personne ne les arrachera de ma
main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et personne ne
peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes Un. »
Dans l’amour – c’est-à-dire dans l’Esprit Saint – Jésus et son Père ne font
qu’un. C’est la communion. Or ce que Dieu notre Père et son Fils Jésus
proposent aux baptisés – et au-delà à tous les hommes – c’est de vivre de cette
communion, en étant dans la main du Père et dans la main de Jésus. Être dans
leur mains, c’est-à-dire être habités par le même Esprit Saint qui les unit.
Écouter
la voix de Jésus, se faire baptiser, porter le vêtement blanc, tout cela
conduit – si nous acceptons de nous laisser guider par lui – jusqu’à à la
communion d’amour de Dieu, à cette unité totale entre le Père, le Fils et
l’Esprit Saint, qui est cette vie éternelle à laquelle participent tous les
saints.
Voilà
ce que depuis le commencement Dieu notre Père a toujours voulu – et veut
toujours – pour nous. C’est pour nous conduire à cette vie communion que Jésus
est venu. Et c’est pour nous y faire goûter dès maintenant que l’Esprit Saint a
été répandu dans le monde. C’est bien pour cela qu’à chaque messe, après avoir
écouté dans les lectures la voix du Seigneur, après avoir rejoint – avec un
cœur pur – l’assemblée des saints qui adorent Dieu, nous recevons de lui, à la
fin, sa communion d’amour et sa vie éternelle. À chaque messe tout est dit, et
tout est déjà donné.