lundi 27 décembre 2021

24 décembre 2021 - VELLEXON - Messe de la Nuit de la Nativité - Année C

 Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-20
 
Chers frères et sœurs,
 
L’évangile de la naissance de Jésus à Bethléem est une source inépuisable de joie et de méditation. Au fil des dernières années, dans les précédents sermons, j’ai déjà évoqué beaucoup de choses : que saint Luc nous transmet le récit d’événements historiques, scientifiquement vérifiables, dont il a appris le détail par la Vierge Marie elle-même ; que la lumière qui illuminait les bergers était la même que la toute première création de Dieu, dans la Genèse : « Que la lumière soit ! » ; lumière qui avait attiré Moïse près du buisson ardent au Mont Sinaï, illuminé le visage de Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration, et ébloui les gardes du tombeau de Jésus lors de sa résurrection. Nous avons vu aussi que les linges de la crèche étaient comme ceux du tombeau de Jésus, mais aussi comme ceux sur lesquels reposent son Corps et son Sang sur l’autel pendant la messe ; que les Bergers étaient semblables aux Apôtres, venus en hâte pour contempler le nouveau-né, le premier-né d’entre les morts ; et semblable à nous tous, venus en hâte pour la messe de Noël – ou celle de Pâques. Et que les Bergers sont repartis, chantant les louanges de Dieu et racontant cette histoire à qui voulait l’entendre ; comme les Apôtres et les évêques après eux, et les prêtres, et les moines, et tous les chrétiens, chantent les louanges de Dieu jours et nuits, et annoncent l’Évangile de Jésus Christ à toute la terre.
 
Alors, ayant déployé devant vous – si rapidement, trop rapidement – les trésors de Noël, que pourrais-je bien dire ce soir de plus et de nouveau ? Il m’est venu deux choses, à relire l’Évangile plus attentivement, que je vous partage, comme du bon pain et du bon vin.
 
Le bon pain, d’abord, est caché dans cette phrase : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Il s’y trouve un jeu de mot qui n’est compréhensible qu’en hébreu ou en araméen. Il se trouve que, dans les langues sémitiques, le mot « Sauveur » a la même racine que le prénom « Josué » ou « Jésus ». Dire « Sauveur » ou « Jésus », c’est pareil. Et même, le mot « Sauveur » est pour nous une traduction. Pour un araméen, il veut dire aussi – et peut-être plus exactement : « Vivificateur », celui qui donne la vie. Ainsi Jésus est celui qui est notre sauveur parce qu’il est en même temps celui qui nous donne la vie. Il est lui-même la source de la vie, celle qui vient de Dieu, créatrice et éternelle ; celle qui illumine les yeux et qui est la paix du cœur. Tout en un. « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né Jésus, qui est le Christ, le Seigneur. »
 
Le bon vin ensuite, part d’une observation générale de cet histoire de recensement à Bethléem. Ce ne sont évidemment ni Joseph, ni Marie, qui ont décidé de ce recensement, ni de la loi qui les oblige à se rendre à Bethléem, en caravane, alors que Marie est près d’accoucher. Au fond, on ne pouvait pas trouver pire moment, d’autant plus que les hôtels de Bethléem sont saturés. Or le fait qu’ils s’y trouvent pour la naissance de Jésus permet de réaliser les prophéties anciennes, qui annonçaient la naissance du Sauveur à Bethléem, pour affirmer avec force qu’il était lui-même Fils de David, pour accomplir toutes les prophéties faites à David de l’avènement d’un règne de paix qui ne passera jamais. Bref, les contraintes humaines rencontrées par Marie et Joseph ont été les outils de la Providence de Dieu pour réaliser son plan de salut pour tous les hommes.
De la même manière, je ne peux pas m’empêcher d’observer que dans la vie de beaucoup d’entre nous – si l’on y regarde bien, avec les yeux de la foi – on y retrouve la même puissance de la Providence de Dieu. Ce qui paraît contrainte, parfois échec, erreur ou éloignement, parfois même insignifiance, dans nos vies, peut tout à coup – parce que Dieu à un moment s’en est saisi – devenir son outil pour réaliser son œuvre pour les hommes. Dieu ne cesse jamais d’agir par sa Providence, qui n’est autre que son Esprit Saint. Et finalement qu’est-ce qu’un saint ou une sainte ? N’est-ce pas quelqu’un qui se donne entièrement – par toute sa vie – à la Providence de Dieu ? Et qui devient porte-parole, prophète, gérant, serviteur de Dieu au profit de tous les hommes, pour leur salut – ce qui veut dire, comme nous l’avons vu, pour leur vie.
 
Cher frères et sœurs, par notre baptême, nous avons été consacrés à la Providence de Dieu. Nous sommes les saints et les saintes de Dieu dans notre village, notre région, notre pays. Il n’y en a pas d’autres. C’est en même temps une vocation merveilleuse – car qui ne rêverait d’être à l’image de celui qui donne la vie ? – et une vocation exigeante, car il n’y a qu’un mauvais pas à faire, quand on est un ange, pour devenir un démon. Grandeur de la vocation et fragilité de l’homme : nous ne pouvons rien faire sans l’Esprit de Dieu. Justement, aujourd’hui, réjouissons-nous, car nous avons vu que dans son grand amour pour nous, le Seigneur, à travers notre histoire, nous guide jusqu’à la lumière de Jésus, notre Sauveur et notre Vie, hier, aujourd’hui, et pour toujours. Joyeux Noël !


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