lundi 5 octobre 2020

04 octobre 2020 - GY - 27ème dimanche TO - Année A

 
Is 5,1-7 ; Ps 79 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43
 
Chers frères et sœurs,
 
Lorsque Jésus raconte une parabole, il ne prend pas des images au hasard. Nous le voyons très bien ici : Jésus reprend la parabole du prophète Isaïe, que les Grands prêtres et les Anciens connaissent très bien. Ils savent que la vigne, c’est le peuple d’Israël, et que quand celui-ci ne donne pas de bons fruits, alors il encourt la malédiction du Seigneur. Ils savent aussi que cette malédiction a déjà eu lieu, autrefois, quand Jérusalem a été détruite et que le peuple a été exilé à Babylone.
 
Mais Jésus reprend cette parabole en montrant que si la vigne ne donne pas de fruit, ce n’est pas d’abord de sa faute à elle, mais bien plutôt celle des vignerons, qui en sont responsables. Ici Jésus vise directement les Grands prêtres et les anciens. Le Maître qui est absent, c’est Dieu bien sûr. Les serviteurs qui sont envoyés par lui auprès des vignerons, ce sont les prophètes. Ceux-ci – tout le monde le sait – ont été mal reçus : ils ont été frappés, tués ou lapidés. Alors, voici maintenant que le Seigneur Dieu envoie son fils. Il s’agit bien sûr de Jésus.
Dans la version araméenne de l’Évangile de Matthieu, la phrase « Ils respecteront mon fils » est traduite « Ils auront honte devant mon fils. » C’est dire que le Seigneur Dieu n’attend pas tellement des Grands prêtres et des anciens qu’ils se mettent au garde-à-vous devant Jésus, mais que leur cœur se convertisse, et qu’ils deviennent de bons Grands prêtres et de bons anciens. Jésus ne vient pas pour punir ; il vient en espérant que devant lui les cœurs et les esprits changeront.
Cependant Jésus ne se fait pas beaucoup d’illusion : il sait que le cœur des Grands prêtres et des anciens est fermé. Il sait qu’il sera conduit hors de la vigne pour être tué. Et de fait, Jésus a été crucifié hors des murs de Jérusalem. Mais la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est-à-dire que la résurrection de Jésus est en même temps le jugement des Grands prêtres et des anciens, et la nouvelle mission confiée aux Apôtres et à leurs successeurs les évêques.
 
Chers frères et sœurs, nous pourrions nous contenter de cette explication et nous dire que nous sommes du bon côté : soit que nous sommes la vigne, donc exonérés de toutes responsabilités, puisque ce sont les vignerons les responsables ; soit que nous ne sommes pas des Grands prêtres et des anciens et donc, que l’avertissement de Jésus ne nous concerne pas.
Mais voilà, chers frères et sœurs, quand on est baptisé, on devient un vigneron là où nous vivons. Il y a des petits vignerons, chaque baptisé – par exemple des parents qui cultivent la petite vigne familiale ; des moyens vignerons – le curé et les responsables paroissiaux, les catéchistes ; et des grands vignerons – le Pape, les évêques et les différents responsables diocésains. Nous avons tous, chacun selon notre vocation, une part de responsabilité dans la culture de la vigne. C’est donc que l’enseignement de Jésus aujourd’hui vaut pour tout le monde. La vigne est un talent qui nous est confié, à la mesure de nos capacités, qu’il nous revient de faire fructifier.
Mais comment ? Jésus l’a dit : c’est par le cœur qu’on est un bon ou un mauvais prêtre, un bon ou un mauvais ancien, un bon ou un mauvais chrétien. Et la règle d’or est bien connue : c’est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » Si nous faisons cela, si nous le vivons vraiment, si notre cœur ne se détourne pas de cette règle d’or, alors il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas de bons vignerons.
 
Il me reste un dernier mot à dire à propos de la parabole de Jésus. La différence entre les mauvais vignerons et les bons, c’est que les mauvais croient qu’ils sont immortels et qu’il n’y aura pas de jugement pour leurs mauvaises actions. Ils se trompent : la vraie vie est après la mort, et le temps présent n’est qu’un test, plus ou moins long, pour le cœur. Ici, nous cultivons la vigne, demain le Seigneur vendangera, en vue de produire du bon vin. Nous verrons qui sera autour de la table pour en profiter ! Mais puisque vous êtes là à la messe, réjouissez-vous : c’est que déjà maintenant vous êtes passés à table : le repas de fête, la Communion du Seigneur, sera bientôt servie.


Articles les plus consultés