Is 25,6-10a ; Ps
22 ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14
Chers
frères et sœurs,
Jésus
est dans le Temple de Jérusalem et il s’adresse aux Grands prêtres et aux
anciens. Jésus ne vient pas les condamner, mais il veut ouvrir leur cœur, leur
faire prendre conscience en même temps que de leur péché, de leur vocation, et
partant, de leur dignité. À travers eux, ce sont les apôtres, leurs successeurs
les évêques et les prêtres, et par extension tous les chrétiens qui sont visés.
Comment cela ?
Dans
sa grande joie d’offrir bientôt un banquet pour son Fils Jésus, Dieu notre Père
fait appeler les invités qui, de toute évidence, sont les membres du peuple
d’Israël. Israël est invité à la joie, dans la Maison de Dieu. C’est sa
vocation.
Dans
l’antiquité, on invitait les gens longtemps à l’avance puis, quand le jour
était venu, on les faisait appeler par des serviteurs. Ainsi Israël avait été
invité depuis longtemps : nous avons entendu cette invitation dans la
première lecture, proclamée par le prophète Isaïe.
Mais
ici, quand le jour fut venu, au dernier moment, les invités déclinent
l’invitation. Loin de se laisser abattre, le Seigneur Dieu renouvelle son appel,
alors que les plats sont prêts à être servis. L’attitude des invités est
double : les premiers s’en moquent et vont à leurs affaires, les autres se
sentent tellement dérangés qu’ils en viennent à maltraiter et à tuer les
serviteurs de Dieu. On peut penser ici aux prophètes, mais aussi à saint
Jean-Baptiste, voire à Jésus lui-même.
La
conséquence de cet état de fait, est que le Seigneur Dieu fait périr les
meurtriers de ses serviteurs, et détruire leur ville. Il s’agit évidemment de
la destruction de Jérusalem. Rien n’est dit ici de ceux qui avaient refusé
d’aller au banquet, mais qui n’avaient pas été jusqu’à frapper les serviteurs
de Dieu. Il reste qu’il n’y a maintenant plus de ville et que tout le monde est
dispersé.
C’est
pourquoi le Seigneur Dieu envoie de nouveaux serviteurs à la croisée des
chemins, en leur demandant de rassembler au banquet tous ceux qu’ils rencontreraient.
Ces serviteurs sont comme un grand filet qui s’étend au large pour ramener dans
la barque toutes sortes de poissons : des mauvais et des bons. Et on peut
penser que parmi les mauvais, il y a aussi une partie des invités de tout à
l’heure. Ce geste de rassemblement, c’est celui de l’annonce de l’Évangile,
celui du travail de l’Église.
Une
fois tous rassemblés, le Seigneur Dieu examine les convives. Notons bien qu’il
ne trouve qu’un seul homme à n’avoir pas le vêtement de noces. C’est-à-dire que
tous les autres, les bons et les mauvais, eux avaient manifestement mis leur
vêtement de noces. Le critère de jugement ici est d’avoir le vêtement de noces,
quel que soit son passé. Mais de quoi s’agit-il ? Quel est ce
vêtement ?
La
réponse vient de la parole de Dieu adressé à cet homme : « Mon
ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noces ? »
– « Mon ami… ». Or ce « Mon ami », nous l’avons déjà
entendu dans une précédente parabole, lorsque le bon maître a chassé le
vigneron de la première heure qui venait se plaindre de n’avoir eu qu’un
denier pour salaire : « Mon ami… prends ce qui te revient, et
va-t-en ! » « Va-t-en ! » l’ordre que Jésus
donne à Satan au désert pour qu’il s’éloigne de lui… Et nous entendrons une
nouvelle fois Jésus dire « mon ami » à Gethsémani, après que
Judas l’ait embrassé pour le livrer : « Mon ami, ce que tu es venu
faire, fais-le ! » Alors les gardes arrêtèrent Jésus.
« Mon
ami », qu’on devrait plutôt traduire ici par « mon
compagnon de route » ou « mon vieil adversaire », c’est le
Satan, l’antique serpent menteur qui se rebelle contre Dieu et cause la perte
des hommes qui l’adorent. Ainsi, bien sûr qu’il n’a pas de vêtement de noces, celui-ci,
car ce vêtement c’est celui de l’innocence, celui des cœurs purs, celui des
humbles, celui de ceux, qui malgré toutes leurs fautes et le poids de leurs
péchés, aiment Dieu, espèrent en lui, et finalement se réjouissent de pouvoir
être là, au banquet de joie offert pour son fils.
Par
conséquent, la leçon de la parabole de Jésus adressée aux Grands prêtres et aux
anciens, et aussi à nous, est que, étant tous appelés au banquet du bonheur
éternel, nous ne devons pas nous arrêter à nos péchés, mais nous devons saisir l’intention
de notre cœur : est-ce que tu aimes le Seigneur Dieu et son fils Jésus, oui
ou non ? Si non, alors mon ami, va-t-en ! Si oui, alors, réjouis-toi,
car tu es déjà sauvé.