mercredi 26 février 2020

26 février 2020 - VELLEXON - MALANS - Mercredi des cendres - Année A


Jl 2,12-18 ; Ps 50 ; 2Co 5,20-6,2 ; Mt 6,1-6.16-18

Chers frères et sœurs,

Il y a une question qui me travaille ces derniers jours. Pourquoi nous qui sommes chrétiens, qui essayons de vivre saintement avec honnêteté et droiture, parfois nous échouons et nous tombons, au risque de susciter des scandales ?
Je me disais : « qu’un homme qui ne croit pas en Dieu, mène une vie de bâton de chaise et, à un moment se casse la figure… après-tout, c’est dans l’ordre des choses. Un manque d’orientation et de profondeur dans sa vie, une trop grande légèreté et un manque de sagesse, voilà ce qui conduit assez naturellement à une chute. Mais pour des chrétiens, qui prient Dieu et qui essayent de faire du bien à leur entourage, comment expliquer que certains, parfois, s’égarent et se perdent jusqu’à commettre des horreurs ? L’Esprit du Seigneur n’était-il donc pas là pour eux ? Comment expliquer leur égarement et leur chute ? Deux réflexions me sont venues à l’esprit.

La première est relative à l’orgueil, profondément enraciné en nous, qui nous fait perdre facilement l’humilité et la vigilance qui va avec. Et rapidement, d’une réputation de sainteté, on tombe, et on se retrouve sali par le péché. Il est évident que, plus on monte haut, plus lourdement on chute, si on ne fait pas attention. Les moines connaissent bien l’image de l’échelle spirituelle, qui permet aux âmes chrétiennes de monter de la terre jusqu’au ciel. Dans la montée, certaines âmes sont accrochées par des diables, et si elles n’y prennent pas garde, elles finissent par chuter en enfer. Au bout du compte, peu arrivent jusqu’au ciel.
Cela me conduit à la seconde réflexion : là où se trouve la plus grande sainteté, là aussi se trouvent les plus grandes tentations et les plus grands combats spirituels. Saint Antoine le Grand, qui vivait dans le désert égyptien, s’y est livré à des luttes extraordinaires contre les démons. Saint Athanase d’Alexandrie a raconté toutes ces tentations dans un petit livre – la Vie de Saint Antoine – qui est devenu un best-seller. Plus près de nous, à Lourdes, se vivent d’extraordinaires rencontres, réconciliations et guérisons à l’occasion des pèlerinages. Lourdes est vraiment un lieu de grâce, sous le regard bienveillant de la Sainte Vierge Marie. Mais pour qui connait un peu le fonctionnement d’un tel sanctuaire, c’est aussi un lieu de conflits très forts, sur les questions économiques, sur le calendrier des pèlerinages, sur les choix liturgiques, et au final, pour l’exercice du pouvoir. Là où le Seigneur accorde des grâces aux hommes, là le démon s’invite très volontiers pour tenter de les faire chuter.

Ainsi donc, quand nous voyons une figure estimée tomber, ne nous étonnons pas. Regrettons-le et prions pour lui, ou pour elle, et s’il a fait du mal, prions aussi pour tous ceux qui en souffrent. Et nous-mêmes, soyons prudents. La vie chrétienne est en même temps une école d’humilité et de foi, et un combat qui se mène à chaque instant, dans la prière, la vérité, et la charité, en action de grâce pour les dons que nous avons reçus du Seigneur, et dans l’attente de sa venue, le jour où il voudra. Si nous tombons, soyons courageux et laissons le Seigneur venir nous aider à nous relever, pour que nous puissions reprendre notre marche avec lui, sur son chemin.

Justement, ces observations conviennent parfaitement au temps du carême, qui est un temps d’entraînement au combat spirituel et une occasion de nous réconcilier avec le Seigneur et avec nos frères, pour reprendre notre marche ou notre ascension avec eux, jusqu’au ciel.
Il y a deux semaines, nous avions entendu Jésus nous enseigner : « Lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »
Voilà exactement le temps du carême : il y a d’abord le temps de la réconciliation dans la vérité et la charité, qui permet de se préparer spirituellement au second temps, qui est celui de l’offrande à l’autel, c’est-à-dire celui de la célébration des jours de Pâques.

Chers frères et sœurs, nous avons donc quarante jours pour nous préparer à Pâques. Quarante jours, comme les quarante jours où Jésus lutta contre les tentations du diable au désert, pour triompher de lui finalement. Quarante jours qui sont aussi quarante ans, c’est-à-dire toute une vie d’homme ou de femme, avec ses hauts et ses bas. Quarante jours ou quarante ans, qui nous sont donnés pour nous préparer au grand jour de Pâques de notre vie, où par-delà la mort, nous entrerons et nous vivrons, par la grâce de Jésus, dans la joie, la paix et la lumière de Dieu, avec tous les saints.


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