Lv 19,1-2.17-18 ;
Ps 102 ; 1Co 3,16-23 ; Mt 5,38-48
Chers
frères et sœurs,
Nous
avons entendu, au livre des Lévites : « Soyez saints, car moi, le
Seigneur votre Dieu, je suis saint », et dans l’Évangile de saint
Matthieu : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père
céleste est parfait ». Mais nous voyons bien tous les jours que le
sommet de l’Everest de la sainteté nous est inaccessible par nos propres
forces.
Je
voudrais d’abord éclaircir ce qu’est la sainteté, pour que nous comprenions un peu
mieux de quoi il s’agit ; et ensuite, comment Dieu compte s’y prendre pour
qu’effectivement, un jour, nous puissions être saints.
D’abord,
celui qu’on appelle « le Saint », c’est Dieu lui-même. D’ailleurs,
son Nom est tellement saint, qu’il n’est pas permis de le prononcer. On dit
alors « le Seigneur » ou « le Saint ». C’est pourquoi,
quand Dieu apparaît au prophète Isaïe dans le Temple rempli de fumée, les anges
chantent : « Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu de l’univers,
le Ciel et la terre sont remplis de sa gloire, Hosanna au plus haut des
cieux ! ».
De
ce fait, la sainteté est une qualité qui n’appartient qu’à Dieu. Et c’est
pourquoi tout ce qu’il touche est sanctifié, est rendu saint. Dieu fait cela
par sa Parole – c’est-à-dire Jésus – et par son Esprit. Pierre dit à
Jésus : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de
la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint
de Dieu ». Et l’Esprit de Dieu, nous le savons bien, est l’Esprit
Saint.
Cependant,
cette sainteté de Dieu, si elle nous apparaît d’abord comme une lumière
éclatante de blancheur, elle peut aussi se diffracter comme les couleurs d’un
arc en ciel. La sainteté de Dieu, c’est aussi pour nous la vérité, la charité,
ou la beauté. C’est pourquoi les prophètes de l’Ancien Testament ont beaucoup
insisté sur le fait que la sanctification du peuple de Dieu ne pouvait pas
aller sans qu’il ne devienne aussi un peuple juste et miséricordieux. Ce serait
pervertir la sainteté de Dieu que de se comporter de manière mensongère ou
violente. Ce serait une trahison de sa sainteté.
Voilà
donc ce qui se cache derrière la notion de sainteté : Dieu lui-même, et
avec lui Jésus et le Saint Esprit ; mais aussi la possibilité d’être
sanctifiés nous-mêmes par eux, en tant que peuple et en tant que personnes
individuelles. Et cela se manifeste dans la vérité, la charité et la beauté de
nos communautés et de nos vies. C’est ainsi qu’on reconnaît justement l’Église
sainte, et des vies saintes, et que l’on peut dire qu’une telle ou untel est un
saint ou une sainte.
Mais
alors, maintenant, nous, que faisons-nous ? Si vous avez été attentifs,
vous aurez compris que la sainteté ne vient jamais de nous, mais qu’elle vient
uniquement de Dieu. Dieu notre Père nous sanctifie par son Fils et par son
Esprit.
C’est
ce qu’il se passe lorsque nous écoutons l’Évangile qui nous fait connaître et
aimer Jésus, et que nous nous laissons construire spirituellement, comme un
Temple nouveau, par les sacrements. Les sacrements nous rendent saints. Ainsi,
par exemple au baptême, nous avons été sanctifiés. Nous n’avons rien fait pour
cela : c’est le don de Dieu. Mais c’est en même temps un appel.
En
effet, quand on a goûté du bon pain ou du bon vin, on a envie d’y revenir. Et
c’est vrai aussi avec la sainteté. Ayant été touchés par la lumière de l’amour
de Dieu, nous ne pouvons plus vivre sans vouloir retrouver cette lumière. La
sainteté attire les cœurs vers elle ; Dieu nous attire à lui. C’est
pourquoi, nous sommes en même temps poussés par l’Esprit Saint et attirés par
lui à une sainteté plus grande, jusqu’à la sainteté parfaite.
Quand
Jésus dit : « Vous serez parfait comme votre Père céleste est
parfait », c’est n’est pas tant que nous devons essayer de monter au
ciel par nos propres forces – c’est impossible – mais nous pouvons nous y
préparer : premièrement, en nous souvenant que par la mort et la
résurrection de Jésus et le don de son Esprit, nous sommes déjà rendus saints ;
et deuxièmement, en attendant la venue prochaine de Jésus ressuscité et avec lui,
de nouveau, la grande grâce de la sainteté.
Et
entre-deux, c’est-à-dire aujourd’hui, toute notre vie peut être déjà un
rayonnement de beauté, de vérité et de charité, et un entrainement à être
toujours plus charitables, toujours plus vrais et toujours plus beaux.
Chers
frères et sœurs, nous sommes ici-bas les saints de Dieu, réunis par lui dans
l’assemblée des saints : la Sainte Église. En elle, comme dans une bonne
terre, nous faisons grandir le don de la sainteté que nous avons reçu au
baptême. Dès aujourd’hui, par la communion au Corps et au Sang de Jésus, nous
nous unissons à la communion des saints, dans l’amour de Dieu, pour la vie
éternelle.