Ac
13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10,27-30
Chers
frères et sœurs,
Quand on cherche à comprendre l’Évangile, il
faut toujours essayer de resituer la scène dans son contexte. Ici, Jésus se
trouve dans le Temple de Jérusalem, pendant la fête d’Hanoukka. C’est dit au
verset 22, qui a été coupé, malheureusement.
La fête d’Hanoukka dure huit jours, durant
lesquels chaque famille juive allume un chandelier à neuf branches à la fenêtre
de sa maison, en souvenir de la purification du Temple au temps des frères
Maccabées. C’est un geste de résistance et d’espérance.
Au IIème siècle avant Jésus-Christ en effet,
les frères Maccabées avaient résisté avec les armes pour maintenir la tradition
d’Israël contre une assimilation forcée à la pensée et aux mœurs grecques. Lors
de leur entrée dans le Temple, qui avait été profané, ils n’avaient trouvé
qu’une petite fiole d’huile sainte pour allumer le Chandelier à sept branches du
Sanctuaire. Or, par miracle, l’huile de cette petite fiole avait permis de
maintenir le Chandelier allumé pendant huit jours, le temps de fabriquer de
l’huile nouvelle.
La fête d’Hanoukka, c’est la mémoire de ce
miracle, qui signifie en même temps la fidélité et la bénédiction de Dieu. Dieu
n’a pas voulu que la foi d’Israël soit entièrement éteinte, et même il a montré
qu’un petit peu d’huile sainte pouvait suffire pour éclairer pendant huit jours,
c’est-à-dire pendant une éternité.
Revenons maintenant à l’Évangile.
Dans le Temple, pendant la fête d’Hanoukka, Jésus
déclare à ses interlocuteurs qu’il est comme un berger qui conduit ses brebis, auxquelles
il donne la vie éternelle. Jamais celles-ci ne périront, car c’est le Père qui
les lui a données et que tous deux ne font qu’un. Et nul ne peut arracher
quelque chose de la main du Père.
La leçon est donc la suivante : La petite
fiole qui contient l’huile sainte servant à allumer les branches du chandelier
pendant huit jours, c’est lui, Jésus, qui contient la vie éternelle, celle qui donne
vie à ses disciples pour l’éternité. Comme la lumière d’Hanoukka ne s’éteindra
pas, les brebis de Jésus le Bon Berger ne périront jamais. Comme Dieu a été
fidèle à son peuple au temps des Maccabées, le Père et lui-même Jésus, seront toujours
fidèles aux brebis, c’est-à-dire aux disciples et à nous. Nous ne manquerons
jamais de l’huile de l’Esprit Saint, de la vie éternelle, pour être illuminés
par lui. Nous avons reçu cette huile et cette lumière à notre baptême, quand
notre lumière a été allumée à celle du cierge Pascal.
Il est important maintenant de comprendre pourquoi
Jésus nous compare à des brebis.
En premier lieu, parce que nous savons bien
qu’il n’y a pas plus innocent que ces animaux, et que les chrétiens – comme il
est dit dans les Béatitudes – sont pauvres de cœur, c’est-à-dire humbles,
sensibles et doux. Mais aussi, en second lieu, en raison d’un jeu de mot qui n’a
pas été traduit en grec et en français : le mot « mouton » en
hébreu – pour faire référence au terme exact – s’apparente à celui de « témoignage »,
de « promesse solennelle ». Le mouton est un gage de promesse
solennelle. Ainsi donc, nous les chrétiens, nous sommes les cœurs sensibles,
humbles et doux qui portons dans le monde le témoignage de Jésus, et sa
promesse solennelle de vie éternelle.
Or, ces brebis, selon Jésus, écoutent sa voix,
sont connues par lui et le suivent. Ces trois verbes écouter, connaître et suivre sont très importants, car ils
forment l’essentiel de notre vie chrétienne. Nous écoutons la Parole de Dieu, c’est-à-dire Jésus, notamment dans ses
paroles et ses actes, rapportés par les Évangiles. Par la voie des sacrements –
surtout ceux du baptême et de l’eucharistie – Jésus se révèle à nous et nous
unit à lui : il nous connaît,
comme un homme « connaît » sa femme quand ils s’aiment. Enfin, quand
nous sommes unis à Jésus, connus par lui, nous pouvons le suivre où il va, c’est-à-dire vers son Père, dans son Royaume, pour
la vie éternelle.
Ainsi donc, chers frères et sœurs, aujourd’hui
Jésus nous a appris que nous étions comme des branches de chandelier, illuminés
et unis à lui pour l’éternité, par l’huile sainte de l’Esprit Saint, et que
humbles et pauvres comme des brebis, nous étions en même temps ses témoins dans
le monde et la promesse de sa fidélité, pour tous les hommes.