Ac
5,27b-32.40b-41 ; Ps 29 ; Ap 5,11-14 ; Jn 21,1-19
Chers
frères et sœurs,
Les lectures de ce jour nous rappellent quels
sont les fondations de notre vie chrétienne.
Dans l’Évangile, nous voyons Jésus inviter ses
disciples pour partager le repas qu’il a préparé pour eux. Un chrétien comprend
immédiatement qu’il les appelle à célébrer et à se nourrir de l’eucharistie.
La mention des poissons ne doit pas nous faire
oublier que l’aliment fondamental en Judée à cette époque, est le pain. Ainsi,
Jésus et ses disciples mangent du pain avec du poisson et non pas du poisson
avec du pain. Le poisson est là comme pour donner du goût au pain. Et c’est
bien ainsi, car nous sommes les poissons qui viennent donner leur goût
particulier au pain qui est Jésus, auquel nous communions.
D’ailleurs, Jésus demande si les apôtres ont du
poisson. La pêche a été difficile, mais sur son ordre, les pêcheurs finissent
par prendre dans leur filet – celui de l’Église – de nombreux poissons. 153 est
un nombre qui renvoie à la notion d’une grande multitude. Et le filet, malgré
ce volume, ne se déchire pas.
Ainsi donc nous avons ici de manière imagée
l’essentiel de la vie chrétienne et la vocation de l’Église : nous sommes
tous appelés par Jésus à communier à son Eucharistie – qui est lui-même – et le
rôle de l’Église est de nous rassembler pour participer à cette communion.
Comme nous le voyons ensuite, dans l’échange
qui a lieu entre Pierre et Jésus, cette mission de rassemblement est confiée
plus particulièrement à Pierre et à travers lui à ses successeurs, le Pape et
les évêques en communion avec lui. Or la clé de cette mission est l’amour de
Jésus. Un évêque qui n’aime pas Jésus ne peut pas accomplir sa mission :
au lieu de rassembler, il divise. Mais c’est aussi vrai pour chacun d’entre
nous.
La célébration de l’Eucharistie et le
rassemblement de l’Église qui lui est lié, par amour du Seigneur, n’est pas la
seule activité de notre vie chrétienne. Il y a aussi le témoignage de
l’Évangile à la face du monde. La première lecture nous en donne une bonne
illustration.
L’essentiel du message des Apôtres est le
suivant : Jésus est le Messie attendu, qui a été envoyé par Dieu, pour
accorder à Israël et à tous les hommes, la conversion et le pardon des péchés –
ce que le culte du Temple de Jérusalem n’arrivait pas à obtenir réellement
parce qu’il était seulement une image du culte véritable. Et la preuve en est que
les Apôtres sont les témoins que Jésus, qui avait été mis à mort, est vraiment
ressuscité. Et non seulement Jésus leur est apparu vivant réellement, mais le
don de l’Esprit Saint à la Pentecôte a confirmé qu’il a bien été reçu dans la
gloire de Dieu, qu’il est Dieu lui-même. C’est ce que Pierre veut dire
lorsqu’il explique que Jésus est « Prince
et Sauveur » : premier-né d’entre les morts et fils de Dieu,
Messie libérateur et source de vie éternelle.
Cet enseignement – nous l’avons vu – n’est pas
bien reçu par les membres du Conseil suprême. A l’interdiction qui leur est
faite d’enseigner l’Évangile, sous peine de châtiments corporels et
d’humiliations, les Apôtres répondent qu’il est de leur devoir d’obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes.
En conséquence, quelles que soient les époques
et les lieux, il est du devoir de l’Église – c’est à dire de tous les baptisés
– d’annoncer l’Évangile, même si cela perturbe l’ordre établi et leur attire
des ennuis. Être chrétien, c’est accepter et assumer d’être différent des
autres, dans le monde.
Finalement, si l’on récapitule, être chrétien,
c’est répondre à l’appel de Jésus à nous rassembler avec tous les autres
membres de l’Église pour communier avec lui, pour nous nourrir de lui. Et c’est
témoigner qu’il est Dieu et Sauveur, parce que par sa mort et sa résurrection,
par le don de son Esprit Saint, il nous accorde, avec la conversion, le pardon
de nos péchés et la réconciliation avec Dieu, c’est-à-dire la participation à sa
vie éternelle. Et cela toujours dans la joie. Car il ne faut jamais oublier
qu’un des signes donnés aux disciples est, que malgré toutes les difficultés, l’Esprit
de Jésus les rend profondément joyeux.