samedi 24 novembre 2018

04 novembre 2018 - BOURGUIGNON-lès-LA CHARITE - 31ème dimanche TO - Année B


Dt 6,2-6 ; Ps 17 ; Hb 7,23-28 ; Mc 12,28b-34

Chers frères et sœurs,

Le dialogue entre Jésus et le scribe est rempli d’enseignements pour nous. Voyons lesquels.

En premier lieu, le scribe s’approche de Jésus et lui fait réciter son catéchisme. Il lui demande quel est le premier commandement. Ce commandement est absolument fondamental pour un Juif. D’une part, parce qu’il a été donné par Dieu à Moïse sur la montagne du Sinaï, et d’autre part, parce qu’il est la charte de fondation du peuple d’Israël, du peuple de Dieu. Pour faire court : « si vous vivez selon ce commandement, vous serez un peuple béni, si vous y renoncez, vous disparaîtrez de la surface de la terre ». Connaître ce commandement et y obéir, pour un juif, c’est absolument vital. Mais c’est vrai pour nous aussi, comme nous allons le voir.

Jésus répond au scribe. Bien sûr, il est d’accord avec lui sur le premier commandement : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Mais Jésus a apporté une modification. Il a ajouté « de tout ton esprit ». D’ailleurs, quand le scribe va reformuler la réponse de Jésus, il va lui-même modifier la formulation initiale. Dans le commandement de départ on a : « corps, âme, force » ; pour Jésus on a « corps, âme, esprit, force » et pour le scribe à la fin on a « corps, intelligence et force ». Il ne faut pas trop tirer sur le sens des mots, car leur traduction est compliquée.
Retenons juste deux choses. La première : que Jésus qui est Dieu n’hésite pas à modifier la constitution fondamentale du Peuple d’Israël donné par Dieu au Sinaï. En soi, c’est déjà une révolution. La deuxième chose, est que Jésus ajoute une dimension à la définition de l’homme. Celui-ci n’est pas seulement corps, âme et force, il est aussi esprit. C’est aussi une révolution. Jésus révèle au scribe – et à nous – que nous avons la capacité d’être en communion avec Dieu par l’Esprit. C’est comme si tout à coup, nous n’étions plus des étrangers, mais des fils d’un même Père. Nous ne sommes plus bannis du ciel, mais le ciel est notre maison, dès maintenant, si nous écoutons la Loi du Seigneur.
Le scribe est perturbé. Dans sa réponse, il reprend la conception traditionnelle de l’homme en trois dimensions, mais il essaye de reformuler la deuxième pour y faire entrer la nouvelle dimension dont lui parle Jésus. Il a compris.

Ensuite, Jésus ajoute au premier commandement, un second qui lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Hé bien oui, c’est logique. Si par l’esprit nous sommes tous fils d’un même père, alors tout homme devient par conséquent mon frère. La réconciliation avec Dieu a pour conséquence, et critère de vérification, la réconciliation avec son prochain. Il n’y a pas de communion avec Dieu s’il n’y a pas non plus en même temps communion avec le prochain.

Pour nous qui sommes chrétiens, nous comprenons que la Loi nouvelle donnée aujourd’hui par Jésus n’efface pas la Loi donnée à Moïse, mais elle la dépasse en l’approfondissant. Cependant l’avertissement demeure le même. Le commandement donné à Israël est devenu le commandement des nations chrétiennes, avec les mêmes obligations et conséquences. Si les nations chrétiennes vivent du commandement du Seigneur elles seront bénies, si elles s’en affranchissent, elles disparaîtront.

Je termine par une dernière remarque. En faisant sa réponse le scribe ajoute qu’obéir au commandement de l’amour de Dieu et du prochain « vaut mieux que toute offrande d’holocauste et de sacrifices ». En effet, le scribe a parfaitement compris que – si nous sommes entrés en communion avec Dieu par l’Esprit, alors il n’est plus besoin des sacrifices du Temple. Et l’Épître aux Hébreux nous a expliqué pourquoi : parce que Jésus est devenu le seul grand prêtre qui intercède éternellement pour nous auprès du Père : c’est par lui, avec lui et en lui, par son Esprit, que nous sommes en communion avec le Père.
Alors, à qui servent l’évêque et les prêtres dans l’Église ? A la demande de Jésus de faire mémoire de lui, en refaisant ses gestes et en redisant ses paroles, l’évêque se donne tout entier – corps, âme, esprit, force – pour qu’à travers lui, Jésus soit présent pour nous. L’évêque n’est grand prêtre que parce qu’il représente Jésus pour nous aujourd’hui. Et les prêtres ne sont que des clones de l’évêque, des délégués, pour que Jésus se rende proche des fidèles dans les lieux éloignés.

Ainsi donc, tout se tient. La quatrième dimension humaine dévoilée par Jésus est celle de la possible communion avec Dieu par l’Esprit, qui nous fait tous frères et sœurs. Jésus lui-même rend cette communion possible par son office de grand prêtre éternel. Il n’est donc plus besoin de prêtre du temple pour intercéder à sa place mais seulement de prêtres qui font ce que fait Jésus pour le rendre présent en tous lieux et à tout âge.

Articles les plus consultés