lundi 3 octobre 2016

2 octobre 2016 - DAMPIERRE - 27ème dimanche TO - Année C

Ha 1,2-3 ; 2,2-4 ; Ps 94 ; 2Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Chers frères et sœurs,

Jésus est volontairement provoquant et il est dommage que les traducteurs de la Bible de la Liturgie aient voulu gommer sa provocation pour ne pas nous choquer. Du coup, on ne comprend plus ce que Jésus voulait dire à ses Apôtres.
Il faut entendre ce qu’a réellement dit Jésus : « Lequel d’entre vous, quand son esclave aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : « Viens vite, allonge-toi pour manger ! » ». Et à la fin, il fait dire à ses Apôtres : « Nous sommes des esclaves inutiles, nous n’avons fait que notre devoir ».
Voilà. Il y a deux expressions choquantes : Jésus assimile ses disciples à des « esclaves », et il parle de « s’allonger pour manger ». Or ces expressions donnent la clé de l’enseignement de Jésus.

Il y a une grosse différence entre un serviteur et un esclave : le premier a un contrat, l’autre n’en a pas. Le premier est payé, l’autre pas. Le serviteur a un temps de travail, l’autre est esclave jour et nuit. Ainsi donc, entre Jésus et ses disciples, il n’est pas question de contrat donnant-donnant, mais d’un lien total, qui ne connaît aucune limite, ni d’argent ni de temps. C’est pourquoi il est inutile de la part d’un disciple de Jésus d’attendre la moindre marque de gratitude particulière en retour des services rendus : « Nous sommes des esclaves : nous n’avons fait que notre devoir ». A cela Jésus ajoute le qualificatif d’« inutile ». En effet que pourrait apporter à Dieu – créateur de toutes choses et tout puissant – le travail d’un homme ? Mais rien…
Est-ce que Jésus veut que nous nous arrêtions à cette explication ? Non, certainement pas, mais il nous a volontairement provoqués pour que nous comprenions bien de quoi il s’agit quand nous nous représentons notre relation avec lui. Entre Jésus et nous, s’il y a un esclavage, c’est uniquement celui de l’amour.
Si deux personnes s’aiment, pas de contrat entre elles, pas de question d’argent ni de calcul de temps. Deux personnes qui s’aiment donnent tout et jusqu’à leur propre vie l’une pour l’autre. Leur amour mutuel vaut plus que toutes les choses utiles ou de valeur, qui sont secondaires. Nous le savons bien : le monde est inutile, nos pensées et nos actes n’ont plus de valeur, s’il nous manque l’amour de celui ou de celle qu’on aime. Voilà pourquoi Jésus prend l’image de l’esclave : c’est la plus forte qu’il puisse utiliser pour décrire le lien que nous avons avec lui : un lien d’amour total, sans limite.

Jésus parle aussi de « s’allonger pour manger », et le traducteur ne nous rend pas service en nous laissant imaginer que Jésus parle de prendre place « à table ». Jésus parle de « s’allonger » comme il dit aux gens de s’allonger sur l’herbe lors de la multiplication des pains, comme il est lui-même allongé pour manger avec ses disciples lors de la dernière Cène. En Israël, à l’époque de Jésus, personne n’est « assis à table » : cela n’existe pas ! C’est ainsi qu’il est possible à Marie-Madeleine de venir laver les pieds de Jésus de ses larmes et de les essuyer de ses cheveux, et qu’il est possible à Jésus, lors du dernier repas, de se ceindre d’un linge, et de laver les pieds de ses disciples.
Là, vous avez compris.
Jésus a dit dans sa parabole « Lequel d’entre vous, quand son esclave aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : « Viens vite, allonge-toi pour manger ! ». Hé bien, ce que l’homme ne ferait pas spontanément parce qu’il n’est pas enraciné dans l’amour, Dieu l’a fait et le fera pour lui. A leur retour des champs, Jésus fait passer à table ses disciples bien aimés, et il vient lui-même les servir. Il l’a déjà fait avec ses disciples lors de la dernière Cène, et il le fera encore avec nous lors de son retour.
C’est ce que Jésus lui-même a expliqué dans une autre parabole : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu'il viendra et frappera. Heureux ces esclaves que le maître en arrivant trouvera en train de veiller ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera allonger pour manger et, passant de l'un à l'autre, il les servira. Qu'il vienne à la deuxième ou à la troisième veille, s'il trouve les choses ainsi, heureux seront-ils ! ».


Voilà donc le secret de la parabole de Jésus. Si nous vivons de l’amour du Seigneur, entre nous et avec notre prochain, au jour de notre rencontre avec Jésus, c’est lui qui se mettra à genoux à nos pieds, pour les laver de leurs souillures, pour nous laver de nos nombreux péchés. Et après cela, il viendra lui-même nous donner à manger : son Corps et son Sang, pour la vie éternelle. Amen.

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