dimanche 2 novembre 2025

02 novembre 2025 - CHARCENNE - Commémoration des fidèles défunts - Année C

 Sg 3,1-9 ; Ps 26 ; 1Co 15,51-57 ; Jn 6,37-40
 
Chers frères et sœurs,
 
Lorsqu’un homme s’interroge devant la mort et l'au-delà, plusieurs options lui sont présentées.
 
Certains pensent qu’il n’y a strictement rien : l’homme s’est fait à partir d’atomes et il retournera à l’état d’atome. Pourquoi pas, mais ces gens-là ne nous disent pas d’où viennent les atomes, et encore moins la vie qui peut les animer.
D’autres pensent que l’homme provient d’une certaine vie dans l’univers et qu’il y retournera, noyé, dilué, dans le grand tout. Si le chrétien croit, lui, qu’il retrouvera aussi une vie nouvelle dans la gloire de Dieu, il sait en revanche que sa personnalité n’y disparaîtra pas, mais qu’elle y sera au contraire exaltée : car son nom est inscrit dans les cieux.
D’autres pensent qu’ils se réincarneront en quelqu’un d’autre ou dans un animal, et ils s’en félicitent déjà. Les asiatiques et les indiens qui ont importé chez nous cette idée, en revanche, eux sont consternés par la réincarnation : pour eux c’est un échec, qui renvoie l’âme à un nouveau cycle de souffrance et d’errance dans le monde. Pour eux, il faut absolument en sortir. Comme les grecs, il réduisent l’homme à son âme – qui peut ainsi passer d’un corps à l’autre, ou qui trouve une autre vie dans un autre corps ou sans corps. Telle n’est pas la foi des chrétiens, qui – comme les juifs – savent qu’ils ne font qu’un : âme et corps. Et donc la réincarnation, pour un chrétien ou un juif, est impossible ; la résurrection concerne autant son âme que son corps. Même si ce dernier est transformé, transfiguré, illuminé, revivifié, c’est toujours le même.
 
Au bout du compte, on s’aperçoit que, dans la diversité des opinions sur la mort et l’au-delà, les juifs et les chrétiens sont les plus optimistes : il ont foi en la promesse de Dieu que tout eux-mêmes, leur âme et leur corps, leur nom, ne seront pas perdus dans un univers matériel ou même spirituel anonyme ; ils ne seront pas condamnés à des cycles de souffrance infinis, mais qu’après avoir été purifiés dans le feu de l’amour de Dieu, par l’Esprit Saint, ils seront exaltés, glorifiés dans le bonheur extrême d’une communion d’amour, vie éternelle.
C’est ce que dit le Livre de la Sagesse : « Au temps de sa visite, ils resplendiront » ; le Psaume : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants » ; saint Paul : « les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés » ; et Jésus : « Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
 
Certains diront : quelles belles promesses ! Qui peut dire, qui peut certifier que ces publicités religieuses ne sont pas mensongères ? Qui peut prouver qu’elles correspondent à la réalité ? Et que notre foi, la foi des juifs, et la foi des chrétiens, n’est pas vaine ?
Hé bien, pour nous les chrétiens, c’est plus facile que pour les juifs : car nous nous croyons que Jésus qui était mort, est vraiment ressuscité, et qu’il est apparu à ses Apôtres à plusieurs reprises, avant de disparaître avec la promesse de revenir bientôt. Si Jésus n’était pas apparu vivant à ses Apôtres, le christianisme n’aurait jamais existé : ils en seraient restés à l’espérance juive. Mais comme Jésus leur est apparu vivant, les Apôtres ont témoigné jusqu’au sang de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
C’est pourquoi, nous aujourd’hui, les chrétiens, nous recevons leur témoignage : il nourrit notre espérance et notre vie, il constitue notre foi. Et nous le transmettons à d’autres pour qu’ils le transmettent à leur tour, car il est la promesse non seulement de la vie éternelle, mais aussi de notre résurrection en elle, avec notre âme et notre corps. Nous ne disparaîtrons pas : nous serons transfigurés, illuminés, comme Jésus ressuscité. Notre nom ne sera pas effacé : mais il est déjà inscrit, à notre baptême, dans le Livre de Vie. Et dans la bienheureuse communion de Dieu, avec tous les saints, le cœur purifié des scories inutiles, nous nous retrouverons.
 
C’est ainsi, chers frères et sœurs, que notre foi chrétienne ne repose pas sur des hypothèses plus ou moins scientifiques sur une vie future ou pas. Elle ne repose pas sur une philosophie, ni même une expérience ou une illusion spirituelle ; elle repose sur un fait historique : la résurrection et les apparitions de Jésus à ses disciples. On peut ne pas y croire, certes, mais pourquoi les Apôtres auraient-ils mentis ? Pourquoi les Apôtres sont-ils morts martyrs en défendant la vérité de leur témoignage, si celui-ci est une invention ? Tout simplement parce que la résurrection de Jésus et ses apparitions ne sont pas des inventions, et que cette nouvelle est tellement extraordinaire pour nous, les hommes, qu’il vaut le coup de donner sa vie pour la transmettre.

01 novembre 2025 - DAMPIERRE - Solennité de Tous les saints - Année C

 Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous aimons entendre l’enseignement des Béatitudes. À travers elles, Jésus nous dit qu’il y a une espérance : espérance de dépasser les bassesses et les obscurités de ce monde. Il nous dit qu’il y a une autre vie possible : la vie du ciel, la vie des saints.
Prenons donc au sérieux l’existence de cette vie du ciel, sa réalité. Si elle est telle que Jésus nous le dit, et parce qu’elle est éternelle, alors elle est la seule réalité solide et véritable que nous devons prendre en compte. En regard, la vie de ce monde est non seulement défaillante mais aussi transitoire. Nous le savons bien : autour de nous les hommes meurent, les civilisations meurent, les galaxies elles-mêmes disparaissent, à l’échelle de l’espace. Si la vie du ciel est dans la pleine lumière, la vie de ce monde est au mieux dans le brouillard, oscillant entre ténèbres et éclaircies.
 
La religion des Juifs et des chrétiens est fondée sur deux révélations fondamentales.
La première est que, par son Esprit Saint, le Dieu qui est a donné à des hommes la grâce de voir, de connaître, de comprendre la réalité de la vie du ciel. Ces hommes sont les Patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, et les prophètes : Moïse, Elie, Ézéchiel, Jérémie, Zacharie… et bien d’autres comme eux. Grâce à la vision qu’ils ont eue, ils ont appris non seulement que le ciel existait, mais surtout qu’il leur était promis – qu’il était promis au Peuple de Dieu, pourvu que celui-ci obéisse à ses commandements.
La seconde révélation est que, par l’Esprit Saint ayant couvert la Vierge Marie de son ombre, le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, s’est fait homme en Jésus-Christ, pour que par ses actes et ses enseignements, par son sacrifice sur la croix, sa résurrection et le don de son Esprit à la Pentecôte, le chemin qui mène de la vie du monde à la vie du ciel, soit praticable. Dans un sens et dans l’autre. Cette seconde révélation, non seulement dévoile davantage aux hommes la vie du ciel, mais les y fait également participer, réellement.
Comment cela ? Voir Jésus, c’est voir Dieu – nous en avons la description dans les évangiles. Connaître les apôtres et les disciples de Jésus, les saints et les saintes, qui sont habités et vivifiés par l’Esprit Saint, c’est aussi connaître à travers eux une part de la vie du ciel. Et recevoir les sacrements, les célébrer dans la liturgie, c’est participer mystérieusement, spirituellement mais aussi physiquement à cette vie. Les symboles et les rites si particuliers de la liturgie n’ont de sens que parce qu’il rendent présent ici et maintenant la vie du ciel. Le Corps et le Sang de Jésus dans l’eucharistie, parce qu’ils sont par excellence la vie éternelle, sont donc plus réels et véritables que n’importe quel autre objet périssable dans le monde.
Donc, pour faire bref, la religion des Juifs affirme qu’il existe la terre et le ciel, avec la promesse qu’un jour les portes du ciel seront ouvertes ; et la religion des chrétiens dit qu’en Jésus le Dieu du ciel est venu sur la terre, pour que depuis la terre toute l’humanité puisse être élevée jusqu’au ciel, puisse y entrer : par Jésus, les portes sont ouvertes. Et dans tous les cas, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint.
 
Chers frères et sœurs, l’Esprit Saint n’a jamais cessé et ne cesse jamais son ouvrage. Le simple fait que nous soyons ici réunis ce matin pour célébrer l’eucharistie est aussi son œuvre : parce qu’il nous a inspiré de venir dans cette église et parce que nous y célébrons la liturgie, apparition de la vie du ciel sur la terre, pour que nous puissions communier à cette vie réellement, maintenant.
Ainsi, nous sommes nous-mêmes les gens « vêtus de robes blanches » dont parle le livre de l’Apocalypse : il s’agit du vêtement blanc de notre baptême. L’autel est le trône de Dieu, l’Agneau est l’Hostie, présence réelle de Jésus vivant. De même, les bougies sont le Buisson ardent, lumière de la Gloire de Dieu, perceptible aussi bien au Mont Sinaï, dans le Temple de Jérusalem, à la Transfiguration que lors des apparitions de Jésus ressuscité. Cette même lumière que virent Moïse et Elie, Ézéchiel et tous les prophètes, Pierre, Jacques et Jean, et tous les Apôtres, jusqu’à sainte Marguerite-Marie lorsqu’elle vit le Sacré-Cœur de Jésus à Paray-le-Monial, et saint Séraphim de Sarov lorsqu’il fut lui-même rendu rayonnant. L’Esprit Saint ne cesse pas d’illuminer les saints et les saintes de Dieu. Et c’est pourquoi il nous est donné un cierge de lumière lors de notre baptême.
Doutons-nous de la puissance de l’Esprit Saint qui imprègne les fils et les filles de Dieu, comme il les a imprégnés par l’onction du Saint-Chrême, lors de leur baptême ici encore ? Si l’Esprit de Dieu cessait d’imprégner les hommes et la nature, de les vivifier, tout disparaîtrait immédiatement, comme on éteint une lampe électrique. On est tellement habitués à la présence de l’Esprit Saint qu’on ne le voit même plus – non pas en lui-même, il est invisible – mais dans ses œuvres. Or son œuvre la plus parfaite est de faire de nous des saints. L’Esprit agit particulièrement au baptême, puis ils nous configure à la ressemblance de Jésus : humbles et pauvres, pleurant pour le monde pécheur, doux comme des agneaux, affamés de la sainteté et de la paix de Dieu, généreux en pardon, cœurs purs, hommes et femmes de paix à l’égard de tout prochain.
 
Voilà pourquoi l’enseignement des Béatitudes nous touche si profondément au cœur : elles nous rappellent que nous avons été faits pour le ciel, que nous avons été baptisés pour en faire partie et en vivre déjà maintenant en ce monde, et que nous sommes appelés à y communier pour l’éternité, configurés à la ressemblance de Jésus, avec tous les saints, pour notre plus grand bonheur.

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