dimanche 16 novembre 2025

16 novembre 2025 - FEDRY - 33ème dimanche TO - Année C

Ml 3, 19-20a ; Ps 97 ; 2Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
 
Chers frères et sœurs,
 
Comme dimanche dernier, nous trouvons Jésus au Temple de Jérusalem. Dans les deux cas, il en annonce la destruction. Mais dans son esprit, il s’agit aussi et surtout d’une annonce de sa Passion imminente : car le Temple véritable – dont celui de Jérusalem est l’image – est son Corps. Et il ne s’agit pas seulement de son propre corps charnel, mais aussi de son corps spirituel qu’est l’Église – dont nous sommes membres par notre baptême.
C’est bien ce que nous lisons dans notre évangile : la discussion démarre sur la beauté transitoire du Temple de Jérusalem, puis elle se poursuit sur le mode de sa destruction et de la destruction du monde, au cours duquel Jésus annonce les persécutions et les martyres : « certains d’entre vous seront mis à mort » dit-il. Mais ce faisant il parle aussi et d’abord de lui-même puisqu’il décrit le déroulement de sa Passion : « on portera la main sur vous – au Jardin des Olivier – et l’on vous persécutera – on vous giflera ; on vous livrera aux synagogues – devant le Sanhédrin – et aux prisons – dans la maison du Grand-Prêtre, on vous fera comparaître devant des rois – le roi Hérode – et des gouverneurs – Ponce Pilate. Nous comprenons donc que la Passion de Jésus jusqu’à la croix, et les persécutions jusqu’au martyre, ne sont pour Jésus qu’une seule et même réalité, puisqu’il s’agit du même corps, de son corps.
C’est la raison pour laquelle les chrétiens ont toujours honoré les saints martyrs, car ayant imité le Christ Jésus au plus près par leur vie et par leur mort, nous croyons qu’ils se trouvent d’autant plus près de lui dans la vie éternelle.

Ceci dit, d’un point de vue purement humain, le programme annoncé par Jésus n’est pas très réjouissant : il annonce la Passion de l’Église et même sa mort sociale ou civile, d’une certaine manière. Cela est effectivement arrivé dans bien des endroits, dans le passé : en certains lieux l’Église, tellement persécutée, a disparu, ou n’est plus aujourd’hui qu’un mince petit troupeau. Pensons aux Églises d’Orient, ou à l’Église russe durant la période communiste, ou même ici, pendant la Révolution. Nous avons eu des vrais martyrs, même en Haute-Saône – on les a un peu oubliés, malheureusement.
Cependant, vous le comprenez bien, si nous sommes ici pour en parler, c’est que l’Église n’a pas totalement disparu : elle n’est pas morte. Car l’Église-Corps de Jésus a les promesses de la vie éternelle. Quand bien même elle s’éteindrait en certains lieux, elle demeure éternellement vivante au ciel dans les saints qui en sont originaires, et sur terre dans les chrétiens résidants dans les autres contrées du monde faisant mémoire de leurs frères, avec lesquels ils savent qu’ils sont en communion. Car Jésus est ressuscité ; Jésus est vivant, éternellement ; et son corps avec lui, inséparablement.
 
Ainsi, si persécutés nous sommes, nous avons la promesse de la sainteté puisque notre passion épouse celle de Jésus ; et nous sommes en communion dans son Corps avec les saints dans le ciel et nos frères et sœurs par toute la terre. Notre espérance doit donc être forte. Mais Jésus nous invite à adopter deux attitudes dans ces moments de souffrance.

La première est de nous garder des faux prophètes : ceux qui se proclament eux-mêmes Messies, ou bien ceux qui annoncent une fin du monde toute proche. C’est l’attrape-nigaud par la carotte et le bâton : promesses providentielles et gouvernement par la peur. Le chrétien doit se garder sur la réserve : le salut ne vient que de Dieu seul, et notre Dieu gouverne par l’amour.
Précisons ici que la « crainte de Dieu » dans les Écritures ne doit pas être traduite par la « peur de Dieu ». Ceux qui « craignent Dieu », les « craignant-Dieu », sont ceux qui ont été les bénéficiaires de la miséricorde de Dieu, d’une marque d’amour de Dieu : le don de cet amour est si grand pour eux, qu’ils en sont comme écrasés de confusion et de reconnaissance. Comme le lépreux samaritain guéri, qui revient vers Jésus et se prosterne devant lui : ce faisant, il « craint Dieu » ; mais il est en même temps rempli de joie et de reconnaissance. Telle doit être l’attitude constante du chrétien, après avoir reçu le don immense de la vie éternelle par son baptême et dans la sainte communion. Le « craignant Dieu » est immunisé contre les faux prophètes et leurs artifices.

La seconde attitude à laquelle nous appelle Jésus est celle de la « persévérance ». Comme souvent, le terme français ne correspond pas entièrement au terme grec ou araméen d’origine. Il faut entendre cette persévérance comme une « patience » ou une veille. Jésus nous invite à être patients. Cela veut dire trois choses : la première est qu’on se remet entièrement à Dieu, avec tous nos soucis : on les lui confie. La seconde est qu’on ne compte pas les jours : « un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour » aux yeux du Seigneur. Le Jour de Dieu peut arriver maintenant, ou demain, comme l’éclair, comme il peut arriver « on ne sait pas quand ». On remet donc tout à Dieu, et on lui laisse la direction de l’agenda. Mais, et c’est la troisième chose : on ne reste pas les bras ballants ; on prie et on travaille ; on vit paisiblement, on cherche à s’améliorer en sainteté, à se réconcilier avec Dieu et avec son prochain, on gère ses affaires et ses biens de manière responsable et juste. On attend la venue du Seigneur, dans la paix. Et en fait, par moments, on s’aperçoit qu’il est déjà là, avec nous.

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