dimanche 23 juin 2024

22-23 juin 2024 - BETONCOURT-LES-MENETRIERS - LE PONT DE PLANCHES - 12ème dimanche TO - Année B

Jb 38, 1.8-11 ; Ps 106 ; 2Co 5, 14-17 ; Mc 4, 35-41
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous sommes impressionnés par cet épisode de la tempête apaisée. Certainement que, lorsque cet événement est arrivé, sur le lac de Tibériade, les disciples ont vraiment eu peur, et ont été vraiment impressionnés. Mais, à l’époque, ils ne pouvaient pas comprendre que c’était une prophétie de la mort et de la résurrection de Jésus. En effet, si l’on comprend qu’il faut lire ces deux événements en parallèle, ou plutôt en les superposant, alors tout s’éclaire dans notre évangile de ce dimanche. Suivons le texte pas à pas.
 
« Ce jour, là, le soir venu », c’est le jeudi saint, où Jésus annonce à ses disciples que son Heure est venue : « Passons sur l’autre rive » - dans le texte araméen, il est écrit précisément : « Passons vers au-delà. »

Les disciples emmènent Jésus « comme il était », dans la barque. La mention « comme il était » est bien curieuse ; mais on la retrouve au second livre des Rois : « Au crépuscule, les Araméens s’étaient mis en route et avaient pris la fuite, abandonnant leurs tentes, leurs chevaux et leurs ânes, en un mot, le camp tel qu’il était ; ils s’étaient enfuis pour sauver leur vie. » Si saint Marc l’a bien fait exprès, il dit entre les lignes, de manière voilée, que ce n’est pas tant les disciples qui emmenèrent Jésus « tel qu’il était » mais plutôt qu’eux-mêmes l’abandonnèrent « tel qu’il était », entre les mains des soldats du Temple, pour sauver leur vie.

D’ailleurs, survint une « violente tempête ». Et comment ! Il s’agit du jugement, de la Passion et de la mort de Jésus sur la Croix. Et la barque des disciples se remplissait d’eau : la mer, pour les Hébreux, c’est la mort. La mort gagnait sur eux. Et nous savons combien ils avaient peur, terrorisés, enfermés au Cénacle après la mort de Jésus. C’est bien ce que saint Marc nous dit : « Jésus dormait » - il était mort ; reposant « sur le coussin », ou plutôt la couche, sur la pierre du tombeau.

Le cœur des disciples crie : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Souvenez-vous de cette interpellation, nous l’avons entendue ailleurs ; on croirait entendre Marthe : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Ces deux sœurs avaient interpellé Jésus avec la même parole : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » C’était à propos de la mort de Lazare. Jésus avait été bouleversé aux entrailles et il avait ressuscité Lazare.

Justement, dans la barque, Jésus est maintenant « réveillé » - en langage chrétien : il est ressuscité. Il interpelle le vent et la mer. Au premier il dit « silence ! » La traduction est ici la version la plus soft qu’on puisse trouver. Un exégète a noté que l’expression employée par Jésus est – je cite – « sans doute une locution énergique populaire »… à la seconde, il dit « tais-toi ! », c’est-à-dire qu’il la muselle, comme il a muselé les démons à d’autres occasions. Jésus est plus puissant que la mort et les enfers. C’est pourquoi « il se fait un grand calme ». Ici, saint Marc fait référence à la Genèse. En araméen, ce « calme » correspond au repos du Seigneur, au septième jour de la Création, repos du Shabbat, et le même que celui qui se fit à la fin du Déluge, quand l’arche de Noé se posa enfin sur le Mont Ararat. À travers ce « calme » saint Marc fait allusion à la présence nouvelle de Jésus ressuscité, premier-né d’entre les morts, nouvel Adam, nouveau Noé, dont l’Église est l’Arche.

Et ce sont bien les mêmes paroles que Jésus dit à ses disciples au moment de sa première apparition : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » ; « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! »

Voilà pourquoi, en présence de Jésus disant ces paroles les disciples – qui avaient peur – maintenant sont « saisis d’une grande crainte ». Il s’agit ici d’une terreur sacrée, que les hommes n’éprouvent qu’en présence de Dieu, en présence de l’Ange du Seigneur – ici Jésus ressuscité.

Et vient la question finale : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » La réponse est dans le psaume, que saint Marc a également utilisé en filigrane, et que nous avons lu : « Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues. » Celui qui réduit la tempête au silence et fait taire les vagues, c’est le Seigneur et c’est Jésus : c’est le même. La réponse à la question des disciples est : « Jésus est Dieu, qui était mort et est ressuscité, et qui a pouvoir sur la mort et sur les démons. »
 
On terminera en revenant sur la parole de Jésus : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Le contraire de la foi, ce n’est pas le doute, ni le scepticisme, c’est la peur… Lorsque nous sommes confrontés à l’adversité, à l’inconnu, nous sommes tentés par la peur. Mais Jésus nous dit : « N’ayez pas peur, c’est bien moi » ; « Je suis là. »

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