Ne
8,2-4a.5-6.8-10 ; Ps 18b ; 1Co 12,12-30 ; Lc 1,1-4 ;
4-14-21
Cher
frères et sœurs,
On
nous dit que nous sommes le « dimanche de la Parole de Dieu ».
Qu’est-ce que la « Parole de Dieu » ? Un enfant du catéchisme devrait
savoir cela. La Parole de Dieu n’est pas un livre ; la Parole de Dieu,
c’est Jésus-Christ lui-même. Il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui
s’est fait chair en ce monde. Cette Parole s’exprime pour nous par oral : des
enseignements, des paraboles, des discussions, des prières ; et par des
actes : des guérisons, des exorcismes, multiplier les pains, chasser les
marchands du Temple… On pourrait ajouter que la Parole de Dieu s’exprime aussi
par sa manière d’être : Jésus pleure, il tressaille, il a soif, il est
bouleversé… Tout compte. Car la Parole de Dieu, c’est Jésus. Ainsi donc, dire
que nous célébrons aujourd’hui le « dimanche de la Parole de Dieu »,
c’est ridicule, parce que c’est dire que nous célébrons le « dimanche de
Jésus ». Évidemment, nous célébrons Jésus chaque dimanche, et même à
chaque messe, à chaque office liturgique.
Le
problème est que beaucoup de gens réduisent Jésus au Nouveau Testament. Comme
si on pouvait réduire quelqu’un à sa biographie dans un livre. C’est impossible.
Pourquoi veulent-ils réduire Jésus à un livre ? Parce que c’est commode de
dire : les Juifs ont l’Ancien Testament, les Chrétiens ont le Nouveau
Testament et les musulmans ont le Coran ; et ce sont les « trois
religions du Livre ». Dire cela est complètement faux, et c’est même
dangereux.
S’il
y a un livre qui peut être appelé à bon droit « Parole de Dieu »,
c’est la Torah – les cinq livres contenant la Loi donnée par Dieu à Moïse sur
la Montagne. Le reste de l’Ancien Testament, ce sont les Psaumes et les
Prophètes. Tous cependant sont inspirés par l’Esprit du Seigneur, ce pourquoi
nous les appelons – comme Jésus l’a lui-même fait d’ailleurs – les « Écritures »,
avec un grand E. Jésus en effet – lui qui est la Parole de Dieu, qui par son
Esprit a inspiré les Écritures – a commenté ces Écritures et a enseigné que
celles-ci l’annonçaient et que lui-même les réalisait. Jésus est le modèle des
Écritures, et les Écritures sont marquées par son empreinte.
Après
l’Ascension, les premiers chrétiens ont rédigé des Évangiles pour conserver la
mémoire de Jésus, la mémoire de la Parole de Dieu, pour mieux se souvenir de
lui, de son enseignement, de ses actions, de ses émotions. Observez-bien que Jésus
lui-même n’a rien écrit. Ainsi donc, les livres des chrétiens sont comme des reportages
sur la Parole de Dieu, mais ces livres eux-mêmes ne sont pas la Parole de Dieu.
Quand, à la fin de l’évangile, je dis « Acclamons la Parole de
Dieu », je ne dis pas « Acclamons le livre », mais je dis
« Acclamons Jésus ». Et c’est bien pourquoi vous me répondez :
« Louange à toi, Seigneur Jésus ! »
Quant
au Coran, il faut savoir que c’est en partie un code de lois pour
l’organisation et la vie de la communauté islamique, et en partie un commentaire
d’extraits d’un lectionnaire chrétien hétérodoxe, mêlé à des éléments païens,
le tout traduit de l’araméen en arabe de manière assez sommaire. Bref, ce livre
n’a rien à voir, ni avec les Écritures inspirées par Dieu – l’Ancien Testament,
ni avec Jésus lui-même, véritable Parole de Dieu faite chair, ni avec les Évangiles
qui sont la mémoire de Jésus ; mémoire rédigée et transmise par les
Apôtres et les Évangélistes, pour illuminer notre âme aujourd’hui.
Ainsi
donc, le danger, lorsque l’on veut nous vendre le « dimanche de la Parole
de Dieu », c’est que nous réduisions Jésus aux évangiles. Et que nous
mettions les évangiles sur le même plan que le Coran, qui n’est en rien inspiré
par l’Esprit Saint. Mais c’est inspirés par l’Esprit Saint que Moïse, le
psalmiste, les prophètes, les apôtres et les évangélistes, ont voulu mettre par
écrit leur témoignage de la Parole de Dieu, de Jésus, qui leur a parlé de
différentes façons.
De
ce fait, lorsque nous lisons les évangiles, c’est bien évidemment pour nous
mettre à l’écoute de Jésus, c’est pour le connaître mieux, l’aimer mieux,
l’adorer mieux. Il faut donc, humblement, lire le texte et nous laisser
enseigner par lui, pour apprendre, pour découvrir quelque chose de Jésus. Mais
lorsque l’on prend un extrait du texte, qu’on saute trois versets ou trois
chapitres, et qu’on l’on raccroche un autre extrait, on ne se met plus à
l’école de l’Évangile : on l’exploite, on l’utilise, on lui fait dire des
choses qu’il ne dit pas. On lui fait dire des choses que nous voulons qu’il
dise. Mais alors, un tel patchwork ne parle plus de Jésus, il parle bien plutôt
de celui qui fait les découpages... Et c’est bien ce que nous avons
aujourd’hui, malheureusement, et parfois régulièrement dans le lectionnaire qui
nous est donné.
Allons,
ne soyez pas consternés ni accablés : je ne suis pas un révolutionnaire !
Il faut se réjouir du lectionnaire qui nous propose chaque dimanche, et même
chaque jour, des extraits des Écritures, des Évangiles, et des lettres de Paul
ou d’autres. Il nous appelle à retrouver à travers ces extraits la Parole de
Dieu, Jésus. Et si vous voulez vous en rapprocher davantage, je vous invite
sérieusement à ouvrir votre Bible et à la lire ; lire ce qui est écrit
avant et après chacun des extraits que le lectionnaire nous donne. Vous verrez :
vous apprendrez beaucoup. En marchant avec Jésus, celui-ci devient de plus en
plus l’indispensable compagnon de route, pour un voyage merveilleux avec lui,
jusqu’au ciel !