mercredi 13 octobre 2021

09-10 octobre 2O21 - BUCEY-lès-GY - DAMPIERRE - 28ème dimanche TO - Année B

Sg 7,7-11 ; Ps 89 ; Hb 4,12-13 ; Mc 10,17-30
 
Chers frères et sœurs,
 
Le jeune homme riche était absolument parfait dans sa vie quotidienne. En plus, il demandait à Jésus de lui ouvrir le chemin de la vie éternelle. Il était tellement extraordinaire, que Jésus lui aussi a été émerveillé. Mais voilà, Jésus lui demande maintenant de tout quitter, de tout donner aux pauvres, puis de le suivre… Alors le jeune homme s’en va, parce qu’il possédait beaucoup de choses, et qu’il n’était pas prêt à les abandonner.
Que s’est-il passé ? C’est ce que dit la Lettre aux Hébreux : « La parole de Dieu est plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » C’est-à-dire que, dans le plus profond de son cœur, le jeune homme riche, qui voulait passer pour un saint, en réalité n’était pas vraiment libre dans son cœur ; il était surtout l’esclave de lui-même et de ses richesses : car il les a préférées plutôt que de suivre Jésus. En réalité, il voulait que Jésus lui donne le moyen d’entrer dans la vie éternelle avec toutes ses richesses, et son orgueil. Mais ce n’est pas possible.
C’est pour cela que Jésus raconte ensuite l’histoire du chameau qui ne peut pas passer par le trou d’une aiguille. Il s’agit en réalité d’une expression populaire qui peut se comprendre de deux manières : soit il s’agit d’une grosse corde réalisée en poil de chameau, qui ne peut évidemment pas passer par le chas d’une petite aiguille, soit d’un chameau avec son chargement qui ne peut pas passer par la porte dite « de l’Aiguille » à Jérusalem. Cette porte, très étroite, empêchait justement les chameaux d’entrer avec leur chargement : c’était une sorte de péage. Mais dans les deux cas, nous avons bien compris le message de Jésus : il est impossible, quand on est esclave de ses richesses et de soi-même, d’entrer dans la vie éternelle.
 
Évidemment, les Apôtres qui marchent à la suite de Jésus, prennent peur. Et nous aussi avec eux : « Mais, alors, si personne ne peut passer par la porte de l’aiguille, qui donc pourra entrer dans la vie éternelle ? A quoi cela sert-il donc de marcher à la suite de Jésus ? » Car nous sommes tous attachés à des richesses, grandes et petites, et surtout nous sommes très attachés à nous-mêmes, à l’image que nous voulons donner de nous-mêmes devant les autres. Alors ?
Jésus répond : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Il y a une seule fois où l’Évangile explique comment Dieu rend possible ce qui est impossible. C’est quand l’Ange Gabriel dit à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que dans sa vieillesse, Élisabeth ta parente a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » C’est donc par l’Esprit Saint que Dieu peut rendre possibles les choses qui sont impossibles dans le monde des hommes.
Évidemment, pour pouvoir être rempli de l’Esprit Saint, il faut être vides ou libres de tout ce qui nous occupe : être libres de nos richesses, et vides de notre orgueil. C’est pour cela que Marie va chanter ensuite, dans son Magnificat : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. » Pour pouvoir passer de l’impossible au possible, pour passer de notre monde présent à la vie éternelle, il faut se préparer à recevoir l’Esprit Saint, en vivant humbles parmi les hommes et affamés de l’amour de Dieu. Alors seulement le Seigneur pourra combler notre cœur et notre vie, par son Esprit.
 
Pour finir, je reviens un instant sur la première lecture. Salomon, qui cherchait la Sagesse, c’est-à-dire justement l’Esprit Saint, disait qu’elle était plus précieuse que les trônes, les pouvoirs, la richesse, tout l’or et tout l’argent du monde – qu’il compare à du sable et à de la boue. La Sagesse est plus précieuse que la santé et même la beauté. Elle est même plus précieuse que la lumière. Nous avons là toutes les tentations de la richesse qui nous empêchent de recevoir l’Esprit Saint.
Or, pour Salomon, la richesse la plus élevée, la plus fascinante, qui paraît la plus indispensable à la vie même, c’est la lumière. Mais qu’est-ce que la lumière ? La lumière est une création de Dieu, comme la nuit. Si elle est habitée par l’Esprit Saint, elle est bonne, sinon elle est mauvaise. Il en va de même pour les anges, qui sont lumineux : quand ils adorent Dieu ils sont saints, sinon ils deviennent des démons abominables. Il en va de même pour le jeune homme riche : il paraît être saint extérieurement, mais il ne l’est pas intérieurement, parce qu’il aime plus ses richesses que Jésus et qu’il lui manque l’Esprit Saint.
La Sagesse de Dieu, l’Esprit de Dieu, qui fait entrer dans la vie éternelle, est donc bien supérieure à la lumière, bien supérieure aux anges et à tous ceux qui se présentent parfois extérieurement comme de bons serviteurs de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur nous appelle tous à recevoir sa Sagesse, son Esprit, pour devenir réellement bons et saints comme lui dans le monde. C’est exactement ce que nous lui demandons quand, pauvres et affamés, nous le prions : « Donne-nous notre pain de ce jour. »

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