Ex 24,3-8 ; Ps
115 ; Hb 9,11-15 ; Mc 12-16.22-26
Chers
frères et sœurs,
Dans
certains westerns, ou certains Lucky-Luke, le cow-boy ou le « tunique-bleue »
devient parfois « frère de sang » avec son ami indien. Ils
s’entaillent alors leurs avant-bras et les mettent en contact, comme pour
échanger leur sang. Nous voyons très bien la signification : ils échangent
leur vie, ils partagent une même vie : ils sont frères, ils font alliance
« à la vie, à la mort ».
Au
fond, c’est la même chose que fait Moïse entre Dieu et le Peuple d’Israël. Le
Peuple confirme sa volonté d’observer la Loi du Seigneur et d’être son peuple
et, pour sceller cette alliance, Moïse accomplit un sacrifice de taureaux. Il
asperge de sang l’autel du Seigneur, puis, après que le Peuple a confirmé sa
volonté, il l’asperge du même sang. Par ce sang, Dieu et son Peuple sont donc
déclarés « frères de sang » : ils partagent une même vie, ils
font alliance « à la vie, à la mort ».
Cependant,
comme il est vraiment difficile pour les Hébreux d’être fidèles à l’alliance,
en observant la Loi du Seigneur, le Seigneur a instauré des sacrifices pour le
pardon. En fait, il s’agit de renouveler une fois par an le sacrifice de
l’alliance, en prenant cette fois-ci non pas un taureau mais un agneau sans
tâche. C’est le Sacrifice du Grand Pardon. Le Grand Prêtre entre dans le
Saint-des-Saints du Temple où se trouve l’Arche d’Alliance, sur laquelle repose
la Présence du Seigneur, et il l’asperge du sang de l’agneau. Puis, il ressort
du Temple et asperge tout le Peuple, en signe de pardon. L’alliance est alors
restaurée. Le Seigneur est toujours « frère de sang » de son Peuple,
malgré ses péchés.
Avec
Jésus, ce sacrifice annuel de réconciliation, est réalisé totalement et une
fois pour toutes. Jésus n’entre pas dans le Saint-des-Saints du Temple pour
offrir du sang d’agneau, il entre dans le sanctuaire du ciel, où se trouve la
Présence de son Père, pour offrir son propre sang à lui. C’est lui Jésus, l’Agneau
innocent, qui a offert sa vie en sacrifice pour le pardon des péchés. Ainsi
donc, par sa croix et son Ascension Jésus se présente devant son Père et lui
offre sa vie. Et à la Pentecôte, les Apôtres et les premiers disciples, sont aspergés
de cette vie par le don de l’Esprit Saint. Ce n’est pas pour rien que la
couleur liturgique est le rouge, le jour de la Pentecôte. Lorsque les Apôtres
reçoivent l’Esprit de vie, ils savent que l’offrande de Jésus a été agréée par
son Père et qu’ils sont devenus « frères de sang » avec lui. Les
Apôtres sont sanctifiés, divinisés, ils communient à la vie de Dieu, et cette nouvelle
Alliance est totale et éternelle.
Maintenant
revenons à Jésus, qui célèbre la Sainte Cène avec ses Apôtres. Il prend du
pain, le rompt et leur donne en disant : « Prenez, ceci est mon
corps ». Puis, il prend la coupe. Ayant rendu grâce, il la leur donna
en disant : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour
la multitude. » Voyez-vous chers frères et sœurs, à chaque fois que
nous célébrons la messe et que nous communions, nous entrons dans le sacrifice
de Jésus et nous recevons son Corps et son Sang qui font de nous des
« frères de sang » avec lui et avec son Père. Nous sommes comme les
Apôtres à la Pentecôte : en communion avec Dieu, réconciliés avec lui,
divinisés, sanctifiés.
Jésus
aurait pu se contenter de nous asperger extérieurement, mais non, il va plus
loin : Il veut que nous mangions son Corps et buvions son Sang :
« Si vous ne mangez pas mon Corps et ne buvez pas mon Sang, vous
n’aurez pas la vie en vous », avait-il dit à Capharnaüm. Jésus ne se
contente pas d’une alliance extérieure, d’un simple revêtement, il veut une
Alliance intérieure qui se répand dans tout notre être, toute notre vie. Il
veut une Alliance totale entre lui et nous : la communion, c’est déjà
maintenant l’Alliance de la sainteté et de la vie éternelle, avec lui, dans son
Royaume.
Telle
est donc réellement la communion que nous recevons à chaque messe. Le don de
Dieu est si grand qu’on devrait en perdre la voix !