mardi 15 juin 2021

12-13 juin 2021 - FRASNE-LE-CHÂTEAU - VEZET - 11ème dimanche TO - Année B

Ez 17,22-24 ; Ps 91 ; 2Co 5,6-10 ; Mc 4,26-34
 
Chers frères et sœurs,
 
Par son enseignement, Jésus nous apprend beaucoup de choses concernant le Règne de Dieu, déjà à l’œuvre dans notre monde.
 
La première parabole, celle des épis de blé, nous révèle premièrement qu’il nous est impossible de comprendre comment se réalise la croissance du Règne de Dieu. Elle est l’œuvre invisible de l’Esprit Saint. Nous pouvons en observer les effets, mais nous sommes incapables de les provoquer. Ainsi en va-t-il de la vie de l’Église dans le monde : nous voyons bien des développements – ou des régressions parfois – mais les raisons profondes de ces mouvements nous échappent : ils appartiennent à Dieu. Cela ne veut pas dire que le paysan doit se contenter de regarder pousser son champ : il doit bien en prendre soin, mais la croissance est un don de Dieu.
Deuxièmement, cette parabole nous montre que la croissance du Règne de Dieu ne se fait pas en un instant, ni de manière désordonnée : d’abord les semailles, puis l’herbe, puis l’épi et enfin le blé mûr dans l’épi. Le Seigneur, quand il agit, prend son temps et il sait ce qu’il fait : il le fait avec ordre. C’est étonnant, n’est-ce pas ? Car Dieu est éternel et tout-puissant : il pourrait transformer le monde en une seconde. Mais il ne le fait pas, car nous ne le supporterions pas. Nous serions écrasés. Nous autres qui sommes terrestres, nous avons besoin de temps et d’une progressivité bien ordonnée pour nous accoutumer à la gloire de Dieu. C’est aussi une question de liberté. Inversement, nous pouvons comprendre, que la puissance du Règne de Dieu se déploie pour nous dans le temps : l’histoire sainte, par les événements successifs qui la composent, sont des révélations ordonnées du grand mystère de Dieu, rendu ainsi accessibles à notre intelligence.
 
La seconde parabole est très polémique, notamment à l’égard des autorités en Israël, à l’époque de Jésus. Pour comprendre cela, il faut voir que Jésus, en disant à propos de la grand plante potagère que « les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre », fait référence à la prophétie d’Ézéchiel dont nous avons entendu la fin dans la première lecture. Or cette prophétie est une terrible leçon pour les chefs d’Israël. Il faut la lire dans son entier :
Nous sommes après le règne de Nabuchodonosor. Le peuple d’Israël a été vaincu et ses élites ont été déportées à Babylone. Il ne reste sur place que les paysans et les artisans, pour exploiter les terres et les forêts, et un petit prince issu de la lignée royale, installé sur le trône de Jérusalem par Nabuchodonosor pour gouverner le reste du peuple. Évidemment, le petit prince est complètement dans la main du Grand Roi, mais le Seigneur considérait que c’était une alliance bonne, car la royauté d’Israël était ainsi, malgré tout, perpétuée.
Cependant, après la mort de Nabuchodonosor, le petit prince a cru malin de trahir la fidélité promise au roi de Babylone – et de trahir l’alliance bénie par Dieu – pour se tourner vers le Pharaon d’Égypte afin de gagner en autonomie et accroitre son pouvoir. Par la bouche du prophète Ézéchiel, le Seigneur lui annonce donc qu’en raison de sa trahison, il se fera écraser par le successeur de Nabuchodonosor, et qu’à cause de son orgueil et de sa bêtise, il n’y aura plus à Jérusalem ni de roi ni de prince issus de la lignée de David pour gouverner Israël. C’est fini. La situation est réellement dramatique.
Mais le Seigneur ajoute – et c’est la première lecture que nous avons entendue – qu’il prendra lui-même une toute jeune tige sur le grand cèdre – c’est-à-dire Israël – pour la planter sur une montagne très élevée. Cette jeune tige, ce surgeon, ce sera Jésus, lointain descendant de David, par lequel la royauté sur Israël sera restaurée : le cèdre sera magnifique et les oiseaux viendront habiter dans ses branches. Par la bouche d’Ézéchiel, Dieu annonce déjà l’avènement de son Règne.
 
Pour revenir à Jésus, sa parabole indique donc qu’il est lui-même cette jeune tige à partir de laquelle le grand cèdre du Règne de Dieu va se développer. Or n’importe quel habitant de Judée sait très bien que Jésus est descendant de David. Même l’aveugle Bartimée l’appelle « Fils de David ». Par conséquent, cette petite parabole est une menace terrible pour le pouvoir des chefs d’Israël et l’autorité romaine. Et en même temps, elle est l’annonce de l’avènement du Règne de Dieu tant attendu, tant espéré depuis l’exil d’Israël à Babylone. C’est l’annonce de la réalisation de cette grande espérance entretenue par le peuple, dans sa mémoire, depuis des siècles.

Chers frères et sœurs, nous aussi nous attendons le couronnement de nos profondes espérances : l’avènement définitif de Jésus et de son Règne, l’ultime transformation du monde, la communion des saints, où nous serons tous rassemblés dans l’amour de Dieu. Pensons à cette parabole : Jésus nous annonce qu’il est venu la réaliser. Et cette transformation, depuis le jour de la Pentecôte, est déjà commencée.

Articles les plus consultés