mercredi 21 août 2019

17-18 août 2019 - GY - BETONCOURT LES MENETRIERS - 20ème dimanche TO - Année C


Jr 38,4-6.8-10 ; Ps 39 ; Hb 12,1-4 ; Lc 12,49-53

Chers frères et sœurs,

La tonalité des lectures que nous avons entendues a quelque chose d’inquiétant. Nous avons vu Jérémie être jeté dans une citerne sur fond de siège de Jérusalem ; l’auteur de la Lettre aux Hébreux évoque la croix de Jésus ; et Jésus lui-même dit qu’il est angoissé en attendant que son baptême – c’est-à-dire sa Passion – soit accompli.

En fait, Jérémie, qui est un prêtre de Jérusalem au temps du roi Sédécias, accomplit fidèlement sa vocation de prophète : dire tout haut ce que l’Esprit du Seigneur lui dit tout bas, à temps et à contre-temps, même au péril de sa vie. Et justement, de la part du Seigneur, il annonce la ruine de Jérusalem. Mais, si le roi se rend à son ennemi Nabuchodonosor, avec tout le peuple, alors leur vie sera sauve. Évidemment, les autres conseillers du roi et les soldats crient à la trahison ! Mais, qui est le vrai prophète ?... Jérémie a donc été jeté dans une citerne. Et même si le roi Sédécias l’en a fait sortir pour se donner bonne conscience, sur la politique générale, il va suivre ses autres conseillers. Et comme Jérémie l’avait annoncé, cela se terminera par une cuisante et honteuse défaite : tout est perdu, Jérusalem est rasée, le temple détruit, les fils du roi et des nobles exterminés, et le peuple déporté. Ce fut l’exil à Babylone. Mais dans ce désastre le nom-même de Jérémie scintille comme une étoile dans la nuit. Il veut dire : « Dieu élèvera ».

Le drame de Jérusalem va se rejouer avec Jésus. Justement celui-ci est en train d’y monter depuis Jéricho. Il sait que le Règne de Dieu qu’il était venu annoncer a été rejeté, qu’il va être jugé et condamné. Lui-même va pleurer sur Jérusalem et sur son Temple, qui seront bientôt détruits de nouveau. Mais Jésus est tendu entre l’attente impatiente du feu qui doit être répandu sur la terre, et l’angoisse de sa Passion, qui doit avoir lieu avant.
Bien sûr, humainement, il est angoissé par sa Passion à venir. L’annonce de celle-ci avait déjà provoqué l’incompréhension des Apôtres, l’opposition ouverte de saint Pierre. Comme pendant les quarante jours au désert, il avait dû s’opposer à toutes les tentations de renoncer à sa mission pour gagner la tranquillité sur la terre, tranquillité promise le Tentateur. C’est pourquoi, il monte à Jérusalem avec détermination, pour réaliser la volonté de son Père et accomplir sa mission.
Mais ce n’est pas sa Passion, bien sûr, qui motive la détermination de Jésus. C’est ce qui doit arriver après : la descente du feu sur la terre. Car Jésus est comme Jérémie : il ne s’arrête pas à l’apparence des choses : il voit au-delà. Il sait qu’après sa mort et sa résurrection, un feu sera envoyé sur la terre, le feu de l’Esprit Saint, celui de la Pentecôte. Et c’est pourquoi il voudrait qu’il soit déjà allumé.
Et pourtant, de la même manière que l’annonce de l’Évangile a divisé Israël, Jésus sait que ce feu va diviser les familles : ceux qui vont avoir foi en lui, et ceux qui vont s’y opposer. C’est une division qui va s’étendre de la Pentecôte à aujourd’hui et demain encore. Car la foi est une grâce qui vient du ciel, quelque chose qui est étranger à notre monde. Parce qu’elle est l’avènement du Règne de Dieu, d’une création nouvelle qui vient de Dieu. Et nous ne pouvons pas, ni la fabriquer, ni la transmettre. La grâce de Dieu, qui fait les baptisés, qui fait les prêtres, qui fait l’Église ne vient que de Dieu et ne peut venir que de lui. Et c’est pour cela qu’elle suscite de l’incompréhension, et des fois même, de la crainte. Mais ce feu, dont les disciples d’Emmaüs disaient déjà : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin », c’est le feu de l’amour de Dieu, qui est en même temps vérité et vie. C’est le même feu qui brûlait au buisson ardent, et sur la montagne du Sinaï.

La Lettre aux Hébreux parle de nous, maintenant, quand nous sommes confrontés à l’incompréhension des autres parce que nous sommes chrétiens, et que nous sommes tentés par le découragement. L’auteur de la lettre nous rappelle à sa manière que nous sommes des prophètes, habités par le feu de l’Esprit Saint. Nos yeux peuvent voir au-delà du voile qui couvre les apparences de la terre, pour voir la réalité du Règne de Dieu qui vient, qui est celui de l’amour.
Cependant, nous ne sommes pas très forts ; nous sommes même plutôt faibles. N’oublions pas que saint Pierre lui-même a renié Jésus par trois fois, et qu’aucun apôtre n’était au pied de la croix de Jésus, mais seulement sa mère et saint Jean. Ce que nous pouvons faire, comme nous le recommande l’auteur de la Lettre aux Hébreux, c’est de fixer notre regard sur Jésus. C’est-à-dire inscrire notre foi en lui, au plus profond de notre être, et de tout lui donner, en le priant de nous remplir de son feu, qui nous réchauffera, nous guérira et nous fortifiera, et nous donnera pour l’éternité sa paix et sa joie.

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